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8 juin 2016, Paris : Servir le roi en temps de guerres de Religion

Journée d’étude organisée par Matthieu Gellard, Jérémie Foa et Bertrand Haan le mercredi 8 juin à la Bibliothèque de la Sorbonne.

Le service incarne et modèle au XVIe siècle les liens unissant l’ensemble des sujets au souverain, à titre collectif comme individuel. Invoqué en toute circonstance, il n’est pas qu’un élément de discours mais touche au cœur des rapports politiques. Recours ultime, le souverain est entre autres le dispensateur de la justice et des grâces, le père symbolique et le chef d’une l’Église et celui qui doit conduire la destinée providentielle de la monarchie française.

Magistrats, capitaines de gendarmerie, secrétaires d’État, ambassadeurs, gouverneurs de place ou de province, commissaires ou officiers de finances, en premier lieu, ont tous en commun d’être avant tout des serviteurs du roi et de se définir comme tels plus que par leur fonction précise, au-delà des différentes charges qu’ils peuvent occuper, avec une grande fluidité, tout au long de leur vie. Ces hommes sont la chair et le sang de l’État monarchique, qu’ils font fonctionner au quotidien, qu’ils incarnent auprès des sujets ou des princes européens et perpétuent.

Le service n’est pourtant pas seulement le propre des nobles et des officiers. Il caractérise tout autant les clercs, les communautés d’habitants, les municipalités, les partis politico-religieux, que les particuliers qui invoquent aussi leur attachement indéfectible au prince.Retour ligne automatique
Il convient par conséquent d’insister sur la communauté de ce lien, insuffisamment soulignée par l’historiographie.

S’il implique une hiérarchie, le service se fonde sur une réciprocité. Il revient au sujet de satisfaire et d’assister le souverain, qui en contrepartie doit reconnaître et accréditer le service rendu et accorder une juste récompense. S’il s’accompagne d’un discours mettant en exergue le dévouement, voire le sacrifice, et la défense du bien commun, il demande à être confirmé en acte. Ainsi est-il un fondement de la fidélité au roi mais doit être profitable à chacun. L’utilité et le bénéfice mutuels sont volontiers invoqués. Le lien de dépendance s’assimile donc plus à une interaction, comportant pour tous des obligations, qu’à une sujétion, et ouvre la porte à la négociation.

Avec le surgissement des divisions confessionnelles au début des années 1560, la dimension contractuelle du service du roi a été mise à l’épreuve.Retour ligne automatique
L’autorité royale est remise en question dans les provinces et certains des hommes censés en être les porte-parole font défection. Souvent parce que leurs croyances ou leurs alliances les placent en porte-à-faux avec la Couronne. Parfois aussi, parce qu’ils peinent à suivre la monarchie dans ses volte-face, sans perdre eux-mêmes toute crédibilité locale. Pour l’ensemble des sujets, le lien est donc tout à naturel entre service et fidélité s’est distendu voire rompu, parce que la légitimité du roi est discutée et parce que sa politique va à l’encontre des convictions religieuses de nombre de catholiques et de protestants.

Cette journée d’études souhaiterait donc interroger les différentes configurations du service royal dans le contexte particulier des guerres de Religion françaises – sans s’enfermer dans des bornes chronologiques trop strictes, l’analyse gagnant à être ouverte sur les périodes antérieures et postérieures de façon à prendre en compte l’héritage des règnes de François Ier et de Henri II comme la continuité d’une situation propre à un temps de guerre civiles au début du XVIIe siècle. Elle a aussi pour ambition d’embrasser tout le spectre social, dans une perspective comparative permettant de rendre compte des différentes facettes du service du roi, et d’envisager autant les groupes sociaux que les trajectoires individuelles.Retour ligne automatique

PROGRAMME

9h-9h30 - Accueil des participants et du public.

9h30-10h - Jérémie Foa (Aix-Marseille Université - TELEMME), Matthieu Gellard (Université Paris-Sorbonne - Centre Roland Mousnier), Bertrand Haan (Université Paris-Sorbonne - Centre Roland Mousnier) Introduction

Matinée sous la présidence de Nicolas Le Roux (Université Paris 13 -
Pléiade)

10h-10h30 - Olivier Poncet (École nationale des Chartes - Centre Jean
Mabillon)
Servir le roi, incarner l’État : le dilemme du chancelier de France au XVIe siècle

10h30-10h45 - Discussions

10h45-11h15 - Pause

11h15-11h45 - Fabrice Micaleff (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - IHMC) Les bâtards royaux et l’idéal du serviteur parfait sous les derniers Valois. L’exemple d’Henri d’Angoulême (1551-1586)

11h45-12h15 - Mark Greengrass (professeur émérite, Université de Sheffield / Université Paris-Sorbonne - Centre Roland Mousnier) Un serviteur du roi confronté aux critiques. Les débuts difficiles du lieutenant du roi en Dauphiné, Bertrand Simiane de Gordes (1565-6).

12h15-12h30 - Discussions

12h30-14h - Pause déjeuner

Après-midi sous la présidence de Denis Crouzet (Université Paris-Sorbonne - Centre Roland Mousnier)

14h-14h30
Michel Nassiet (Université d’Angers - CERHIO) Le service armé de la noblesse pendant les guerres de Religion (titre provisoire).

14h30-15h
Pierre-Jean Souriac (Université Jean Moulin Lyon 3 - LARHRA) Intérêts royaux et intérêts du parti : les protestants français dans la décennie 1620.

15h-15h30
Philippe Hamon (Université Rennes 2 - CERHIO) Les mobilisations armées des communautés rurales pendant les guerres de Religion : une forme de service du roi ?

15h30-16h - Discussions

Discutants de la journée : Nadine Kuperty-Tsur (Tel-Aviv University - IMéRA), Séverin Duc (Université Paris-Sorbonne - Centre Roland Mousnier), Jérémie Ferrer-Bartomeu (École nationale des Chartes - Centre Jean Mabillon)

Organisation : Jérémie Foa, Bertrand Haan, Matthieu Gellard