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L’hôtel des seigneurs de Harcourt à Paris. Une résidence aristocratique de la fin du XIIIe siècle

Pierre Garrigou Grandchamp

Garrigou Grandchamp, Pierre, "L’hôtel des seigneurs de Harcourt à Paris. Une résidence aristocratique de la fin du XIIIe siècle", Bulletin Monumental, tome 167, n° 2, année 2009, p. 127-158.

Extrait de l’article

En 1852, lors des grands travaux qui remodelèrent le quartier du Palais des Thermes (actuel hôtel de Cluny), bientôt suivis par le percement de la rue des Écoles (1852-1855), on dégagea à l’angle de la rue des Mathurins et des rues des Maçons et Coupe-Gueule, ce qu’il restait des bâtiments d’une grande demeure gothique, notamment les deux pignons est et ouest. Ces vestiges furent très rapidement détruits. Pourtant, les archéologues et les historiens qui suivaient les transformations de Paris, après les avoir avec beaucoup de justesse datés de la fin du XIIIe siècle, les avaient immédiatement identifiés comme des parties de l’hôtel d’Harcourt, dont le souvenir était resté attaché à ces lieux. Sauval notait dès le XVIIIe siècle que « Les comtes d’Harcourt ont eu près de deux cents ans à la rue des Mathurins, au coin de celle des Maçons, un grand et vieux logis, accompagné d’un jardin assez spacieux, qu’on appelait l’Hôtel d’Harcourt ».

Cette destruction fut d’autant plus regrettable que les parties retrouvées étaient d’une ampleur considérable et que leur état de conservation était très remarquable. Pour autant, on ne se soucia pas alors du caractère spécial de l’édifice, unique représentant connu, datant de la fin du XIIIe siècle, des résidences aristocratiques parisiennes, un type de programme très important depuis que l’affermissement de la monarchie capétienne avait assis le rôle de Paris comme capitale. Sans être à proprement parlé négligé, le monument ne retint pas vraiment l’attention : il fut certes cité par Albert Lenoir dans un « Rapport… sur les découvertes produites par les récents travaux de construction et les percements de rues nouvelles… » , présenté devant le Comité de la langue, de l’histoire et des arts de la France en 1852, mais parmi de nombreux autres bâtiments ; en revanche, il ne fut pas publié dans la Statistique monumentale de Paris, bien que Lenoir y eût songé. Une génération plus tard, Fédor Hoffbauer lui consacra quelques lignes et un dessin, sans oublier de le repérer sur un de ses plans de restitution. Les historiens de la Topographie Historique du Vieux Paris, quant à eux, ne manquèrent pas de signaler son emplacement en esquissant un court historique et en risquant une définition de son emprise. Aucun auteur, donc, ne se détermina à présenter les bâtiments découverts et à les situer dans le panorama de la demeure aristocratique parisienne du Moyen Âge.

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