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La duplicité d’un roman par lettres : Le Portefeuille de Mme de Villedieu

Aurora Wolfgang

Wolfgang, Aurora, "La duplicité d’un roman par lettres : Le Portefeuille de Mme de Villedieu", dans Cahiers du XVIIe siècle, 1992, vol. VI, 2.

Extrait de l’article

En son temps, la popularité des écrits de Marie-Catherine Desjardins de Villedieu était telle qu’elle éclipsait jusqu’à celle des œuvres de Mme de Lafayette. Cependant, la célébrité dont elle jouit de son vivant puis au cours du siècle suivant n’empêcha pas ses romans, pièces et poèmes de tomber dans les oubliettes de la littérature, comme ce fut le cas pour les œuvres de bon nombre de femmes écrivains. La critique féministe récente a néanmoins commencé à rendre aux nombreuses innovations littéraires de Mme de Villedieu leur juste place dans le développement des œuvres de fiction en prose de la fin du dix-septième siècle. A l’heure actuelle, c’est essentiellement pour ses romans historiques, notamment Les Désordres de l’amour (1675), et ses mémoires imaginaires, les premiers du genre, tels Mémoires de la vie de Henriette-Sylvie de Molière (1675), que Mme de Villedieu est le plus connue. Le Portefeuille (1674), très curieux roman épistolaire, a jusqu’ici reçu très peu d’attention critique. Publié tout juste cinq ans après les célèbres Lettres portugaises, Le Portefeuille fut plutôt mal accueilli par le public, en dépit de la réputation tant d’écrivain que de « femme à scandales » de Mme de Villedieu. Peut-être les lecteurs, et les chercheurs depuis, eurent-ils des difficultés à accepter une intrigue qui inversait la formule traditionnelle de la femme souffrant par amour. Car dans la nouvelle de Villedieu, un narrateur masculin, le marquis de Naumanoir, écrit à son ami le comte une série de lettres dans lesquelles il se lamente de l’inconstance des femmes qu’il aime. Il ne s’agit pourtant pas seulement d’une banale histoire d’infidélités mais, comme je le montrerai, d’une réflexion sur les errances ainsi que la duplicité des lettres comme des amants, réalité dont l’auteur était particulièrement familière.

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