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Le manuscrit dit « Le Pontifical de Poitiers »

Jenny Stratford, Catherine Reynolds

Jenny Stratford et Catherine Reynolds, "Le manuscrit dit « Le Pontifical de Poitiers » ", dans Revue de l’Art, année 1989, volume 84, numéro 84, p. 61-80.

Extrait de l’article

Lors de la Commune, en mai 1871, l’un des manuscrits enluminés les plus célèbres de la fin du Moyen Age — souvent désigné comme le « Pontifical de Poitiers » — disparut dans l’incendie qui ravagea l’Hôtel de Ville de Paris. Comme l’écrivait Paulin Paris en 1878 : « Le chef-d’œuvre de l’art du XVe siècle est devenu la proie des flammes qui, dans une journée à jamais néfaste, dévorèrent l’Hôtel de Ville et la Bibliothèque du Louvre ».

Ce manuscrit liturgique de très grand luxe fut commencé pour Jean, duc de Bedford, régent de France au nom de Henri VI, à l’époque de son premier mariage, avec Anne de Bourgogne (1423-32). De dimen­sions exceptionnelles (environ 500 x 340 mm), il était décoré d’un ensemble d’enluminures dont le programme était particulièrement ambitieux. Il avait été commandé, ainsi que les deux autres grands manuscrits liturgiques adaptés ou exécutés pour Bedford (les Heures de Bedford conservées à la British Library et le Bréviaire de Salisbury de la Bibliothèque nationale) à l’ate­lier parisien généralement connu sous le nom d’« atelier du duc de Bedford ». De même que le Bré­viaire de Salisbury, il était cependant inachevé à la mort du duc, en 1435. Sa décoration fut reprise pour Jac­ques Jouvenel des Ursins — fils de Jean Jouvenel, frère de Jean et de Guillaume, président de la Chambre des Comptes, mais aussi archevêque de Reims et évêque de Poitiers, mort en 1457. Comme l’étude des enlu­minures le montrera, son programme décoratif semble encore avoir été non seulement modifié, mais enrichi, pour Raoul du Fou, évêque d’Evreux (1479-1511).

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