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Enjeux politiques et sociaux de la culture chevaleresque au XVIe siècle : les prologues de chansons de geste imprimées

Benjamin Deruelle

Deruelle, Benjamin, « Enjeux politiques et sociaux de la culture chevaleresque au XVIe siècle : les prologues de chansons de geste imprimées », Revue historique, 3/2010 (n° 655), p. 551-576.

Extrait de l’article

La fin du Moyen Âge et la première modernité représentent une période charnière dans l’histoire de la chevalerie. Traditionnellement, les historiens y constatent le déclin puis la disparition de la culture et de l’idéal chevaleresque. Pourtant, jamais la littérature courtoise n’a été autant diffusée qu’à partir de la fin du XVe siècle. Il est néanmoins difficile de saisir les conditions de sa réception dans la société, et notamment dans la noblesse. Les prologues peuvent toutefois apporter de précieuses indications. Longtemps ignorés des historiens qui les ont considérés comme une forme littéraire stérile et figée, ils ont récemment été replacés au cœur des problématiques de l’histoire culturelle et sociale. Nous savons aujourd’hui qu’ils sont une forme d’expression à part entière et qu’ils étaient lus avec attention par les médiévaux et les modernes qui les recopiaient ou s’en inspiraient. Le prologue cristallise les aspirations culturelles, politiques et sociales de l’auteur. Il y recherche la bienveillance de son lecteur, affirme la légitimité de la lecture et détermine la finalité de son travail. Le prologue est le moment où se noue entre l’auteur et son lecteur un contrat tacite de lecture qui conditionne les modalités de la réception de l’œuvre. Ainsi, l’étude des prologues de romans de chevalerie permet de saisir les enjeux, les tensions politiques et sociales portées par la culture chevaleresque dans cette période de transition entre Moyen Âge et Modernité. Cette étude est d’autant plus nécessaire que bien souvent l’auteur du prologue reste anonyme. Il faut alors s’attacher aux pratiques d’écriture et aux fonctions que les auteurs attribuent à leurs œuvres afin de comprendre en quoi la littérature chevaleresque participe à l’édification d’un système de représentations et de croyances sur lequel la noblesse s’appuie pour légitimer sa position de domination.

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