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La courtoisie de François d’Assise. Influence de la littérature épique et courtoise sur la première génération franciscaine

Lise Battais

Lise Battais, "La courtoisie de François d’Assise. Influence de la littérature épique et courtoise sur la première génération franciscaine", dans Mélanges de l’école française de Rome, 1997, n° 1, p. 131-160.

Extrait de l’article

L’affirmation selon laquelle François d’Assise a été marqué par la littérature courtoise est devenue courante, comme en témoigne la bibliographie récente sur le saint. On trouve ainsi dans la Vita di un uomo : Francesco d’Assisi, de Chiara Frugoni, publié à Turin en 1995, maintes références à des aspects courtois de la culture de François. Dans une bibliographie plus ancienne, on se souvient des remarques intéressantes de Franco Cardini qui souligne la ressemblance entre « lo spirito di liberté e di gioia che informa di se Tintera testimonianza francescana e il tono in un certo senso analogo di molta letteratura cavalleresca, di molta poesia trovadorica ». Si Franco Cardini développe sa pensée et s’intéresse de près au langage et aux épisodes chevaleresques dans les sources franciscaines, les écrits dans lesquels apparaît ce type de remarque se contentent cependant bien souvent d’évoquer le sujet de manière assez superficielle.

Le rapport entre François et la littérature courtoise est pourtant complexe. Les aspects courtois se sont mêlés au sentiment religieux du saint après sa conversion pour devenir une force expressive de l’amour de Dieu sans précédent. Giovanni Miccoli, pour qui l’attachement des historiens contemporains aux aspects courtois de la culture franciscaine est excessif, apporte en ce sens un élément de réflexion majeur à la question souvent survolée de la courtoisie franciscaine lorsqu’il dit que les aspects courtois de la culture de François « attestano piuttosto, e sta qui la loro importanza, la sua capacità di manifestarsi ed esprimersi nel linguaggio corrente, per immagini e riferimenti noti a tutti, al di fuori dei canali e délie mediazioni tradizionali délia letteratura religiosa ed edificante ».

C’est cette réflexion de G. Miccoli qui nous pousse aujourd’hui à nous interroger sur la fusion opérée par François et ses premiers compagnons entre culture et religion. Nous espérons parvenir à aller au-delà des références aux marques de courtoisie chez François, qui sont cependant le passage obligé pour comprendre en quoi cette « courtoisie franciscaine » est intéressante et novatrice dans le monde religieux du XIIIe siècle. Il nous a semblé utile de rappeler ce que nous savons de la diffusion de la littérature épique et courtoise en Italie à l’époque de saint François avant de nous intéresser à la courtoisie dans les écrits franciscains et à sa signification pour les premiers Frères mineurs.

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