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Le cheminement spirituel de Madame de Maintenon

Elfrida Dubois

Dubois, Elfrida, Le cheminement spirituel de Madame de Maintenon, Albineana, Cahiers d’Aubigné, 10-11, 1999. Autour de Françoise d’Aubigné, Marquise de Maintenon. Tome II. Actes des Journées de Niort 23-25 mai 1996, sous la direction de Alain Niderst ; p. 383-391

Extrait de l’article

« Les huguenots et les catholiques se disputent son âme d’enfant. »

On connaît les circonstances de la vie de la jeune Françoise d’Aubigné. Née près de la prison plutôt qu’à l’intérieur, elle fut baptisée en l’église Notre-Dame de Niort, donc catholique, grâce à sa mère, Jeanne de Cardilhac. Son père avait changé de religion plusieurs fois. Il transporta sa famille aux Antilles et mourut à la Martinique en 1647. De retour en France, elle fut élevée par sa tante de Villette, huguenote convaincue, comme son père Agrippa d’Aubigné. Elle resta attachée à sa tante, pour sa gentillesse et sa générosité. La branche catholique de la famille, en la personne de Madame de Neuillan, prit la jeune fille chez elle, par acquit de conscience, et l’envoya chez les Ursulines, alors rue Crémault à Niort. Les Ursulines avaient reçu plus d’une jeune huguenote pour les conduire à l’Eglise catholique, parfois avec succès. Françoise ne se plaisait pas au couvent, refusa de changer de religion, mais elle s’attacha à une religieuse, Mère Céleste, dans un élan d’amour d’enfant, et lui garda un souvenir fidèle. Françoise réussit bien dans ses études, mais elle ne put rester dans l’établissement, car Madame de Neuillan, mesquine, refusa de payer la pension, et Madame de Villette aussi, pour ses convictions religieuses. Ensuite elle fut envoyée chez les Ursulines de la rue Saint-Jacques à Paris en 1649. Elle y fut malheureuse pour commencer et écrivit à sa tante de Villette, le 12 octobre :

Le ressouvenir des grâces singulières qu’il vous a plu faire tomber sur de pauvres petits abandonnés, me fait tendre les mains devers vous et vous supplier d’employer votre crédit et vos soins à me tirer de céans, la vie m’y étant pire que la mort. Ah ! madame et tante, vous n’imaginez pas l’enfer que m’est cette maison soi-disant de Dieu, et les rudoiements, duretés et façons cruelles de celles qu’on a fait gardiennes de mon corps et de mon âme... Vous supplie derechef, madame et tante, de prendre en pitié la fille de votre frère.

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