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Saint-Simon et les Pays-Bas

Johanna Stouten

Stouten, Johanna, "Saint-Simon et les Pays-Bas", Cahiers Saint-Simon, n° 20, 1992. Les Mémoires hors de France, p. 29-32.

Extrait de l’article

Il n’existe dans mon pays pas de traduction intégrale de, ni une familiarité générale avec les textes de Saint-Simon. Les historiens le connaissent, le grand public ne le connaît pas.

Les raisons de cette ignorance semblent évidentes : une grande distance a toujours séparé les Néerlandais de la cour de Louis XIV, pas uniquement parce que celui-ci était « notre ennemi » mais surtout à cause du fait que les Néerlandais n’avaient pas de roi ni de cour (Guillaume III n’étant que stadhouder). Le mode de vie de la République protestante différait profondément de la vie à Versailles. Ce milieu français fut considéré de loin avec un mélange d’admiration et de méfiance à l’égard de la frivolité, du luxe et du catholicisme. Il n’y avait donc, pour ainsi dire, pas un climat pour recevoir Saint-Simon.

Inutile de vous dire que le Duc n’a pas d’homologue néerlandais. Le genre des mémoires existe, bien sûr, mais le mot a un tout autre sens : les mémoires sont principalement des textes de Piétistes, qui, se concentrant sur leur vie personnelle, se posent des questions de conscience. Ils écrivent leur propre vie intérieure.

Le portrait littéraire, n’est pas un genre florissant aux Pays-Bas ; le XVIIe siècle n’en connaît que quelques-uns : La vie d’Henri IV (Henrïk de Grote, zijn leven en bedrijf, Amsterdam, 1626). Ce sont les peintres qui fournissent les portraits les plus impressionnants.

En ce qui concerne Saint-Simon, la situation actuelle est la suivante : les grandes encyclopédies se contredisent sur les années où le Duc aurait commencé les Mémoires (et ceci varie de 1723 à 1740), mais elles sont unies pour le jugement : il y a peu de notion historique, souvent il est partial et étroit, mais sa haine le rend clairvoyant. On le loue pour ses qualités de style et on parle d’un chef d’œuvre littéraire.

Dans les années — cinquante on a vu paraître un recueil de textes en traduction sous le titre Bavardages à Versailles (Roddel in Versailles) ; je n’ai pas pu obtenir un exemplaire de ce livre, mais le titre ne promet rien de bon. En 1987 un éditeur à Utrecht a consacré son cadeau de nouvel an à une petite brochure où sont traduits les passages des Mémoires qui racontent la confrontation de Louis XIV et de Guillaume III. Quelques années après on a ajouté les portraits de Helvétius et de Portland. Actuellement est en préparation un volume plus large qui paraîtra début 1993 dans une série de traductions des grands classiques français. Ce volume contiendra des portraits divers (Rancé, le Duc du Maine, Le Czar, Fénelon) ; la limitation à la Hollande a donc été abandonnée.

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