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Homosexualité et esprit fort dans la première moitié du XVIIe siècle : indices poétiques d’une "invisible affinité"

Michèle Rosellini

Michèle Rosellini, "Homosexualité et esprit fort dans la première moitié du XVIIe siècle : indices poétiques d’une "invisible affinité"", Les Dossiers du Grihl [En ligne], 2010-01

Résumé de l’article

Nombre d’auteurs du xviie siècle représentatifs du libertinage ont été accusés de sodomie, au premier chef Théophile de Viau qui a été condamné au bûcher à la fois pour ce motif associé à l’athéisme. Aussi certains historiens de l’homosexualité les considèrent comme des victimes emblématiques de l’homophobie. Mais l’examen de leurs œuvres ne permet pas de conclure qu’ils expriment l’homosexualité au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Un certain type de poésie représente, pour en faire l’apologie, des actes sodomitiques pratiqués indifféremment avec des partenaires masculins ou féminins. Leur but est la provocation morale et religieuse. Bénéficiant sans doute de la position sociale de leurs auteurs et de dispositifs de publication restreinte, ils incarnent l’esprit fort dans sa dimension transgressive. Dans un tout autre registre et dans un cadre élargi de publication, la poésie et la fiction peuvent valoriser les relations entre hommes comme un idéal de beauté et d’amour, en recourant à l’alibi de la philosophie de Platon et de la mythologie d’Ovide pour atténuer les représentations clairement sexuelles. Leurs auteurs parviennent néanmoins, par des moyens proprement poétiques et fictionnels, à donner expression au désir homosexuel. Celui-ci renforce alors la masculinité de l’esprit fort en l’associant à une fécondité intellectuelle et artistique capable de composer avec les normes de l’espace public.

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