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L’inoculation contre la variole : un révélateur des liens sociaux

Catriona Seth

Seth, Catriona, « L’inoculation contre la variole : un révélateur des liens sociaux », Dix-huitième siècle 1/2009 (n° 41), p. 137-153.

Extrait de l’article

La variole est le pire des fléaux au XVIIIe siècle. On n’arrive guère à traiter la maladie une fois contractée. L’annonce d’une cure possible retient donc l’attention des médecins comme des malades potentiels. L’agitation autour de l’inoculation constitue un miroir des tensions de l’époque. La méthode arrive en Europe depuis la Porte grâce à une ambassadrice britannique, Lady Mary Wortley Montagu. Ayant eu à souffrir la perte de son frère, et celle de sa propre beauté, lors d’une épidémie, elle fut immédiatement sensible à l’importance de la variolisation préventive pratiquée de manière empirique en Turquie. Elle fit inoculer son jeune enfant à Constantinople en 1718. Après son retour à Londres, elle demanda à celui qui, médecin de l’ambassade, l’avait pratiquée sur son fils, d’inoculer sa fille. Les débats suscités par la technique furent nombreux et violents, en Grande-Bretagne, mais aussi en France. Ils engagent une série de questions qui gardent leur actualité de nos jours : quel droit avons-nous sur notre propre corps, ou sur celui d’un autre, un mineur par exemple ? est-il légitime de risquer de faire mourir quelqu’un pour le protéger d’une maladie qu’il pourrait ne jamais attraper ? en inoculant la variole, ne risque-t-on pas de donner d’autres maux à un sujet sain ?

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