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20 déc. 2015, Périgueux : Jeunesses et châteaux

Appel à communication pour les Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord qui auront lieu à Périgueux du 23 au 25 septembre 2016 sur le thème "Jeunesses et châteaux".
Le thème retenu pour les XXIVe Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord peut, au premier abord, embarrasser historiens et archéologues tant le terme "jeunesse" semble anachronique sur la longue durée. À partir de sources et de documents de différentes natures, il est donc indispensable, d’amorcer la réflexion depuis les termes, différents selon les époques, employés pour désigner les jeunes occupants des châteaux mais aussi de chercher à cerner les caractéristiques de ces groupes avec un maximum de précision. Il y va par exemple des critères démographiques mais aussi de la distinction fondamentale entre filles et garçons dont, à toutes les époques, le statut, les fonctions, les activités, les rôles, les destins sont, à de rares exceptions près qui mériteraient d’être mieux mises en valeur, parfaitement dissemblables.

Le statut et les fonctions
Ceux-ci sont conférés par la naissance, le sexe, la hiérarchie des noblesses et des bourgeoisies vivant plus ou moins régulièrement au château. Ils conditionnent des inégalités et des traitements différenciés au sein des demeures châtelaines ainsi que des lieux de vie distincts. Ici prend place l’étude des logements, appartements et pièces spécialisées où évoluent ces jeunes et qui forment leur cadre de vie, tout ou partie de l’année. Ces espaces, différents selon l’âge, prennent en compte l’entrée précoce, voire très précoce à certaines époques, des jeunes dans le monde des adultes par la participation à la guerre, s’agissant des garçons, et par le mariage, s’agissant des filles. Ce premier axe invite à mener des comparaisons entre des aires géographiques différentes mais aussi à repérer continuités et ruptures sur la longue durée.

Les rôles au château
Un des axes de recherche de ce colloque se propose de situer ces catégories de jeunes dans leurs rôles auprès des adultes et d’analyser à partir d’exemples précis, pris dans l’Europe toute entière, leurs relations respectives avec leurs parents et leurs fratries en privilégiant les liens entre pères et fils, mères et filles. Au-delà, ce sont les rapports entre ces jeunes et les autres adultes vivant au château, en particulier le personnel domestique et les éducateurs qui demandent à être revisités. Enfin, les relations entre jeunes, entre filles, entre garçons, mais aussi entre les deux sexes, au sein de la famille ou de la maisonnée, constituent un autre angle d’approche : sociabilité et solidarité de jeunesses par delà les clivages sociaux existent au sein de ces microsociétés châtelaines, comme le prouvent les liens durables entre frères et sœurs de lait.

Les activités
Le château comme lieu d’éducation – au sens large du mot – des filles et des garçons constitue une des approches essentielles de ces Rencontres. Elle englobe des aspects essentiels comme l’apprentissage des armes et ses lieux appropriés, tels les écuries et les manèges dévolus à l’équitation. Autant d’espaces dédiés à la préparation des garçons à la vie militaire qui commence dès la première jeunesse. Les lieux et formes d’éducation masculine et féminine doivent être pris en compte avec leur personnel spécialisé sans oublier les livres, outils et méthodes pédagogiques propres, ou non, à un enseignement individualisé. L’étude des jeux, jouets et distractions collectives doit pouvoir être enrichie, pour les périodes anciennes, des apports de l’archéologie. Aux XIXe et XXe siècles, la dimension éducative du château ne se limite plus aux enfants de la famille au sens plus ou moins large vivant au château. En effet, pour d’autres jeunesses, le château - revisité - a pu être un lieu d’enfermement en vue d’une formation, d’une rééducation, comme le château de Jommelières en Nontronnais devenu après 1860 une colonie pénitentiaire qui n’est pas sans évoquer le Mettray de Jean Genet. D’autres châteaux accueillent des colonies de vacances destinées, par exemple, aux pupilles de la Nation après 1918. Le château a pu aussi devenir aussi un lieu d’apprentissage politique, ainsi les jeunes gaullistes, sont-ils, au début des années 1950, conviés chaque été dans un château du Limousin.

Les destins
Comment se fait l’entrée dans le monde des adultes et quel type d’existence attend ces jeunes au sortir d’une adolescence, réduite au minimum, passée au château ? On pourra tour à tour, selon les époques, évoquer les évasions temporaires hors du cadre du château familial suivies de retours saisonniers ou des éloignements lointains en raison d’impératifs familiaux ou militaires. Quant aux départs définitifs, ils résultent de séparations liées aux mariages, à l’entrée au couvent, au départ à la guerre ou encore à des revers de fortunes familiales. Enfin, pourront être mises en valeur des solitudes précoces engendrées par la disparition des parents et la mise sous tutelle de jeunes et très jeunes enfants avec toutes leurs conséquences sur les destins individuels.

L’empreinte sur les mémoires
Les traces d’une jeunesse au château figurent chez les mémorialistes, hommes et femmes, dès le Moyen-âge mais surtout à partir du XVIIe siècle. Il serait tout à fait indiqué d’utiliser ces mémoires sous un angle littéraire pour tenter de saisir les tentations d’embellissement ou de noirceur liées aux déformations des souvenirs d’enfance au château. C’est un des thèmes où les contemporanéistes pourront trouver et développer de nombreux exemples, au moins pour le XIXe siècle, chez les princes des familles royales comme chez des écrivains, des artistes ou des hommes et femmes politiques. Sans doute, s’agira-t-il plus souvent de « l’enfance » que de la jeunesse, mais on ne saurait exclure l’enfance de la jeunesse ! Se retrouve ici le problème de la définition de la jeunesse posée en préambule…

Les propositions de communications (environ 1500 signes), accompagnées d’une brève biobibliographie de l’auteur doivent être adressées au plus tard le 20 décembre 2015, par voie électronique, en format word à Dominique Picco, secrétaire des Rencontres. : dominique.picco chez u-bordeaux-montaigne.fr, et Juliette Glikman, secrétaire adjointe, juliette.glikman chez orange.fr Par voie postale : Dominique Picco, Université Bordeaux-Montaigne, UFR humanités, Département histoire, Campus universitaire, 33607 Pessac cedex

Comité scientifique : Anne Marie Cocula, Roger Baury, Frédéric Boutoulle, Claude-Isabelle Brelot, Patrick Clarke de Dromentin, Joelle Chevé, Michel Combet, Jean-Marie Constant, Annie Dom, Juliette Glickman, Robert Herin, Bernard Lachaise, Philippe Loupès, Christine Mazzoli-Guintard, Dominique Picco, Josette Pontet.