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6 sept. 2019, Nantes : Le métier de diplomate ou la représentation au quotidien du XVIe siècle à nos jours

Cet appel est la poursuite d’une première journée d’étude qui s’est tenue à Nantes en mars 2019. Celle-ci était consacrée à la représentation comme fonction première de la diplomatie et s’intéressait au protocole et au cérémonial diplomatiques accompagnant la ritualisation de la société internationale. Pour cette seconde manifestation nous souhaitons renouveler nos questionnements sur la représentation diplomatique en étudiant ses enjeux matériels et quotidiens, à la frontière entre la sphère publique et privée, voire intime. Le diplomate cesse-t-il d’être en représentation lorsqu’il quitte le cadre de la négociation ou de l’audience formelle avec ses interlocuteurs politiques et administratifs ? La représentation diplomatique constitue-t-elle un théâtre permanent, dans lequel le diplomate et son entourage se doivent de toujours, même dans l’intimité du logis, tenir leurs rôles ?

La journée d’étude jeunes chercheuses et chercheurs aura lieu le 6 février 2020 à Nantes.

Argumentaire

L’usage et les pratiques diplomatiques, bien qu’anciens, connaissent une évolution significative avec l’émergence de nouvelles formes de relations et d’échanges entre les Etats qui se constituent à l’époque moderne. Dès le XVIe siècle s’opère en effet une mutation des relations internationales à travers l’intensification de la politique européenne, ce qui renforce le rôle des représentants au détriment des rencontres directes entre souverains. Des missions permanentes remplacent les ambassades temporaires. Un corps d’acteurs diplomatiques se constitue et est chargé de représenter un souverain, un État ou une nation hors de ses frontières. La représentation du pouvoir du prince, d’un État, est alors indissociable de la figure de l’ambassadeur. Cette notion de représentation se retrouve dans les dictionnaires du XVIIe siècle où le terme figure sous trois entrées : l’entrée théâtrale (“jouer quelque pièce de théâtre [...]”), et deux autres acceptions qui ont été discutées par Carlo Ginzburg : “d’un côté la représentation donne à voir une absence ce qui suppose une distinction nette entre ce qui représente et ce qui est représenté ; de l’autre la représentation est l’exhibition d’une présence, la présentation publique d’une chose ou d’une personne”[1].

Cette représentation d’un souverain, d’un Etat ou d’une nation assurée par le diplomate s’accompagne d’une mise en scène riche et multiforme, relevant souvent du registre de l’implicite. Le décor diplomatique se retrouve sur les immeubles et résidences d’ambassades, dans les suites des diplomates, au travers de leurs habits et livrées, sur leurs tables, etc. Le prestige d’un souverain ou d’une nation doit aussi se refléter dans le comportement et la sociabilité de ses représentants. Aussi, la comparaison entre l’ambassadeur et le comédien est un thème récurrent. L’esthétique des mises en scène est travaillée et l’expression de la représentation diplomatique perdure largement dans les arts visuels et dans la littérature. Les évolutions du système international avec l’émergence de nouveaux cadres (organisations internationales) et de nouveaux acteurs diplomatiques (parlementaires, experts, etc.) questionnent la pérennité de ces codes, leur assimilation, leur réappropriation ou leur mise en concurrence.

Depuis une quinzaine d’années s’opère dans le champ de l’histoire de la diplomatie un mouvement historiographique qui tend à faire émerger une « diplomatie par le bas », mettant en avant le caractère quotidien et ordinaire de son activité. L’intérêt des historiens s’est notamment porté sur les acteurs de la diplomatie en étudiant la figure, le parcours, l’identité du diplomate et sa professionnalisation[2]. Par ailleurs, depuis quelques années se développent des perspectives liant diplomatie et histoire matérielle ou histoire des mentalités[3]. L’étude des pratiques diplomatiques, des rituels et des codes partagés par ses acteurs présente alors un champ de recherche fécond dans lequel nous souhaitons nous inscrire.

Cet appel est la poursuite d’une première journée d’étude qui s’est tenue à Nantes en mars 2019[4]. Celle-ci était consacrée à la représentation comme fonction première de la diplomatie et s’intéressait au protocole et au cérémonial diplomatiques accompagnant la ritualisation de la société internationale.

Pour cette seconde manifestation nous souhaitons renouveler nos questionnements sur la représentation diplomatique en étudiant ses enjeux matériels et quotidiens, à la frontière entre la sphère publique et privée, voire intime. Le diplomate cesse-t-il d’être en représentation lorsqu’il quitte le cadre de la négociation ou de l’audience formelle avec ses interlocuteurs politiques et administratifs ? La représentation diplomatique constitue-t-elle un théâtre permanent, dans lequel le diplomate et son entourage se doivent de toujours, même dans l’intimité du logis, tenir leurs rôles ?

De toute évidence, l’établissement de représentations permanentes à l’époque moderne tend à faire de la représentation une fonction totale se matérialisant par le privilège d’immunité régissant la vie du diplomate, ses pratiques quotidiennes, mais aussi celles de son entourage (famille, suite, personnel, etc.). A ce titre, plusieurs axes sont envisagés pour cette journée d’étude :

  • Sociabilité et représentation : La mondanité et la sociabilité diplomatique constituent un espace intermédiaire de représentation entre les scènes publique et privée. Ainsi, les réceptions (dîners, banquets, cocktails) constituent, au même titre que les activités sportives (chasse, golf), culturelles (théâtres, opéras), de loisir, une diplomatie semi-officielle donnant à voir des enjeux de pouvoirs et de concurrence entre diplomates. Les relations personnelles et privées qui se tissent à cette occasion ont-elles des répercussions sur la gestion des affaires publiques et diplomatiques ?
  • Matérialité de la représentation : Le lieu de résidence des ambassades, le décor des immeubles et leurs mobiliers participent également à l’affichage diplomatique. Le logis de l’ambassadeur, à la fois bureau, logement de fonction et demeure d’accueil des invités de marque, est un lieu permanent de démonstration de la puissance étatique. L’étude du patrimoine architectural diplomatique permet d’examiner les rapports entre l’art et la diplomatie. Ces aspects matériels de la représentation diplomatique nous incitent en outre à nous interroger sur l’existence d’une économie de la diplomatie en s’intéressant aux frais de représentations, aux consommations, aux artistes et aux artisans mobilisés par ces structures.
  • Acteurs de la représentation : Au-delà de la seule personne du diplomate, la représentation diplomatique engage aussi son entourage plus ou moins direct. Ainsi, il nous paraît opportun d’examiner la manière dont elle est prise en charge par certains groupes tels que la famille du diplomate, ses domestiques, les agents subalternes de l’ambassade (courriers, traducteurs, agents chargés de la sécurité etc), mais aussi des artistes et intellectuels admis dans cette société. Par ailleurs, les recours fréquents à des recrutements locaux posent la question de la participation de ces employés à la représentation diplomatique d’un autre Etat.
  • “Représentations sur la représentation” : Cette journée sera enfin l’occasion de s’interroger sur ce que la mise en scène du quotidien des ambassades dans l’art, la littérature (récit autobiographique, traités savoir-être) et les médias peut nous apprendre sur la représentation diplomatique, ses enjeux et ses perceptions.

Lors de cette journée, nous nous intéresserons aussi bien aux aspects matériels et symboliques de la représentation, qu’à ses normes et à ses pratiques, aux continuités et aux héritages aussi bien qu’aux mutations, de l’époque moderne à nos jours. Les communications mettant en évidence l’action des femmes dans le domaine de la représentation et les expériences de l’altérité résultant des interactions diplomatiques quotidiennes seront également étudiées avec attention.

[1] GINZBURG Carlo, “Représentation : le mot, l’idée, la chose”, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 46e année, n° 6, 1991. p. 1219-1220.

[2] Par exemple, Colloque “Je ne voudrais point un négociateur de métier...” L’identité du diplomate : métier ou noble loisir?”, Institut historique allemand - Université Paris-Diderot, 14-17 juin 2017.

[3] Par exemple, Colloque international “Table et diplomatie à l’échelle du monde”, Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA) - Villandry, Paris, La Courneuve, 2-5 novembre 2016.

[4] Journée d’étude “Le diplomate en représentation du XVIe siècle à nos jours”, Centre des archives diplomatiques de Nantes, 28 mars 2019.

Modalités de soumission

Les propositions de communication individuelles (300-500 mots), accompagnées d’une brève présentation biographique, sont à envoyer à l’adresse suivante : diplomate.representation chez gmail.com jusqu’au vendredi 6 septembre 2019. Les communicantes et communicants recevront une notification d’acceptation à partir du 15 octobre 2019.

Pour toute demande d’informations, contacter : diplomate.representation chez gmail.com

Comité d’organisation

Amélie Balayre (CREHS – Université d’Artois)
Claire Le Bras (CRHIA – Université de Nantes)
Marie-Cécile Pineau (CRHIA – Université de Nantes)
Nathan Rousselot (CRHIA – Université de Nantes)

Comité scientifique

Michel Catala (CRHIA - Université de Nantes)
Charles Giry-Deloison (CREHS - Université d’Artois)
Stanislas Jeannesson (CRHIA - Université de Nantes)
Yann Lignereux (CRHIA - Université de Nantes)
Eric Schnakenbourg (CRHIA - Université de Nantes)