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16-18 mai 2019, Guyancourt, Versailles : Artistes et collections royales et princières en France (XVIe-XVIIIe siècles)

Colloque international organisé par le laboratoire DYPAC de l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines/Paris-Saclay avec le soutien du Centre de recherche du château de Versailles, de la Fondation des Sciences du Patrimoine, de la Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines et de l’université Inter-Âges de Versailles.

L’histoire et la sociologie récentes des objets et des acteurs du monde de l’art nous invitent à explorer la position de l’artiste employé par les souverains et les princes dans la construction des collections – d’abord royales ou privées, plus tard dans l’optique du projet de museum royal des arts – et les conséquences de ces commandes sur le statut de l’artiste, qu’il soit artiste de cour ou extérieur à celle-ci, avant le temps des académies, durant l’âge d’or de celles-ci et au siècle des Lumières. L’histoire de l’art, dans la tradition vasarienne puis grâce au renouveau français impulsé par André Chastel, la sociologie de l’art ensuite qui fait la part belle aux études sur le statut de l’artiste, les historiens ensuite, dans la lignée de l’étude fondatrice de Martin Warnke se sont emparés du personnage de l’artiste, de son affirmation, dont la Renaissance est l’acteur et le témoin jusqu’au siècle des Lumières qui voit le bouleversement de la condition artistique grâce, notamment, à l’émergence des publics. En peinture, en sculpture, en orfèvrerie, tapisserie ou numismatique, dans le domaine de l’architecture où les artistes sont invités à concevoir ou rénover les espaces accueillant les collections, la plupart des domaines artistiques sont concernés par cette création ou cette recréation : il ne faut en effet pas oublier la réalisation de copies et de moulages, d’antiques ou de modernes, visant généralement à combler les manques des collections royales, sans oublier le phénomène de la restauration. Le rôle des artistes dans l’élaboration d’un discours académique et esthétique encadrant, dans une certaine mesure, la commande royale et le processus de constitution des collections pourra également être abordé (Th. Kirchner, 2008 ; Ch. Michel, 2012).
La condition d’artiste courtisan est associée, dès le XVe siècle en Italie, puis au siècle suivant en France, à des fonctions spécifiques qui se concrétisent par l’attribution de charges et de titres officiels, de plus en plus permanents, certains préfigurant l’institutionnalisation du monde des arts : « Peintre de la Sérénissime » à Venise et « Commissaire aux Antiquités » à Rome, « Surintendant des Bâtiments » en France, jusqu’à la répartition des attributions entre fonctionnaires et artistes dans la France du XVIIe siècle. Mais ces derniers occupent toujours une place centrale dans le système des arts de la monarchie absolue (on pense au cas Charles Le Brun, récemment réévalué par Bénédicte Gady et Wolf Burchard, ou à Jules Hardouin-Mansart) et gardent la main, au XVIIIe siècle, sur l’Académie de France à Rome et les collections de tableaux et de dessins du roi. Ajoutons à ces fonctions officielles les interventions des artistes dans les acquisitions d’œuvres à l’international – depuis les voyages du Primatice à Rome pour François Ier, jusqu’au rôle de Poussin pour Richelieu, ou les missions de prospection et les reproductions confiées aux académiciens romains par Colbert – et la réalisation de copies, ainsi que, naturellement, le mécénat et les commandes royales passées aux artistes français ou étrangers.
Il s’agit également d’ouvrir une réflexion sur les artistes « intermédiaires » (Pomian et Chastel, 1987) et plus largement les réseaux au service des princes collectionneurs. À côté des diplomates, des cardinaux, des marchands, des amateurs et antiquaires, multiples acteurs des sociétés anciennes, dont la proximité avec le pouvoir souverain est à géographie variable et qui jouissent chacun d’un réseau consubstantiel à leurs fonctions, les artistes sont amenés à participer à l’enrichissement, l’organisation voire la vente des collections artistiques des souverains. Les souverains du début de l’époque moderne s’en remettent largement aux artistes, aux diplomates et aux cardinaux – en un mot : ceux qui circulent dans l’Europe des premières fouilles archéologiques et des collections italiennes – et écoutent les recommandations des humanistes et antiquaires qui, depuis le XVe siècle, compilent eux-mêmes des témoignages de l’Antiquité gréco-romaine. À l’instar de Rubens, les intermédiaires culturels à qui Marie de Médicis ou les rois d’Espagne font appel reflètent la société politique de leur époque. Si au XVIIe siècle la multiplication des ventes et des dispersions de collections a entraîné la spécialisation des intermédiaires (on songe au marchand flamand Daniel Nys qui orchestra la vente des Gonzague entre 1626 et 1628, ou à l’agent anglais Balthazar Gerbier au service des ducs de Buckingham puis de Charles Ier), au siècle des Lumières le panorama des intermédiaires se modifie sensiblement en se diversifiant, comme en témoigne l’importance prise par l’histoire du connoisseurship ces dernières années (Guichard, 2008, Glorieux, 2002). Les écrivains intéressés par l’art, à l’instar de Diderot pour Catherine II, ou les premiers professionnels de l’histoire de l’art comme Winckelmann, occupent une place de choix pour le conseil des souverains. Dans l’histoire des collections royales, quelle est la place alors laissée aux artistes dans ou en marge d’un système académique de plus en plus décrié ?

Si la liste des artistes qui se mettent au service des souverains, ainsi que les œuvres qu’ils ont réalisées sont bien connues, si le contenu des collections royales françaises a été très largement répertorié grâce à des travaux encore indépassés (A. Schnapper, J. Cox-Rearick), en revanche la place de l’artiste dans les processus complexes qui régissent l’élaboration et l’organisation des collections royales mérite un questionnement interdisciplinaire réunissant historiens, historiens de l’art, sociologues de l’art, conservateurs. À l’occasion de ce colloque, de multiples questions seront posées afin de contribuer à une histoire socio-culturelle, matérielle voire politique du collectionnisme qui s’intéresserait aussi aux producteurs (d’originaux ou de copies), aux artistes intermédiaires, aux « gardes » des cabinets de peinture, d’antiques ou d’objets précieux, ancêtres des professionnels de la conservation.

PROGRAMME

Jeudi 16 mai, auditorium de la bibliothèque universitaire de l’UVSQ (Guyancourt)
13h45. Accueil des participants
14h-14h15. Delphine CARRANGEOT (UVSQ-DYPAC) : Introduction

Session 1 : l’artiste créateur ou re-créateur.
Présidence : Laure Fagnart
14h15. Manon CASTELLE (DYPAC-C2RMF) : Matériaux et savoir-faire d’un renouveau artistique : Primatice et les productions des fonderies royales éphémères de Fontainebleau
14h45. Alexandra ZVEREVA (Centre Roland Mousnier) : « Speciallement en la paincture où l’expérience l’a rendu des premiers » : Etienne Dumonstier au service de Catherine de Médicis, de Charles IX et de Henri III
15h15-16h. Discussion et pause
16h. Sarah GRANDIN (Harvard University) : Jean Goyton imprimeur du Cabinet du Roi
16h30. Isabelle GENSOLLEN (École du Louvre-Université de Poitiers) : L’enrichissement des collections par la commande royale : la surveillance des artistes sous la direction du marquis de Marigny
17h. Noémi DUPERRON (Université de Genève) : Libertas artibus restituta : le choix des sujets d’histoire sous la direction du Comte d’Angiviller
17h30-18h. Discussion

Vendredi 17 mai, auditorium du Château de Versailles
Session 2 : l’artiste administrateur, l’artiste intermédiaire.
Présidence : Guillaume Faroult
9h30. Laura DE FUCCIA (INHA) : De Pierre Brébiette à Jean-Baptiste Forest : le rôle des artistes comme intermédiaires dans la construction des collections françaises entre Paris et Venise au 17e s.
10.h Benjamin RINGOT (CRCV) : Administrer les collections royales : le cas des dessins de sculpture comme outil de gestion
10h30-11h. Discussion et pause
11h. Stéphane CASTELLUCCIO (CNRS) : L’artiste garde du cabinet des tableaux à Versailles
11h30. Nicolas LESUR : Jean-Baptiste Marie Pierre et les acquisitions du Museum royal des arts
12h-12h30. Discussion

Vendredi 17 mai, auditorium du Château de Versailles
Session 3 : l’artiste et l’espace des collections.
Présidence : Alexandre Maral
14h30. Delphine TREBOSC (UPPA-ITEM) : Le rôle des architectes dans l’exposition de la statuaire antique, de François Ier à Henri III
15h. Maxime BLIN (Sorbonne Université – Centre Roland Mousnier) : Rome à Versailles : les bustes des façades du château de Versailles
15h30-16h. Discussion et pause
16h. Robert WELLINGTON (The University of Sydney) : Les artistes du cabinet des médailles de Louis XIV
16h30. Guillaume FAROULT (Musée du Louvre) : Les peintures de JF. de Troy et N. Lancret pour la salle à manger des Petits appartements de Louis XV à Versailles
16h30-17h. Discussion

Samedi 18 mai, auditorium de l’Université Inter-Âges de Versailles
Session 4 : le Prince, l’artiste et les collections.
Présidence : Delphine Carrangeot
10h. Laure FAGNART (F.R.S-FNRS/Université de Liège) : Au service de Louise de Savoie et de son fils, François
10h30. Pierre GATULLE (Paris-Nanterre) : Les artistes au service des collections de Gaston d’Orléans
11h-11h30. Discussion et pause
11h30. Mathieu DELDICQUE (Musée Condé) : Les princes de Condé collectionneurs
12h. Aurore CHERY (LAHRHA) : La collection de Louis XVI : repenser le rapport du roi aux
artistes
12h30-13h. Discussion et conclusions

DIRECTION SCIENTIFIQUE ET ORGANISATION

Delphine Carrangeot, maître de conférences à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines/Paris-Saclay
Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Centre de recherche du château de Versailles

Contact : delphine[point]carrangeot[@]uvsq[point]fr

INFORMATIONS PRATIQUES

Entrée libre sur inscription dans la limite des places disponibles par mail jusqu’au 12 mai 2019.
Il est nécessaire de préciser les sessions souhaitées au moment de l’inscription, les différents lieux ne pouvant accueillir un nombre égal d’auditeurs (session 1 : 60 places ; sessions 2 et 3 : 138 places ; session 4 : 150 places).

Lieux du colloque :
Jeudi 16 mai, auditorium de la bibliothèque universitaire de l’UVSQ (site de Guyancourt. 45 bd Vauban, 78280 Guyancourt)
Vendredi 17 mai, auditorium du château de Versailles (plan d’accès)
Samedi 18 mai, auditorium de l’université Inter-Âges de Versailles (6 impasse des Gendarmes 78000 Versailles)

Lien vers l’appel à communication