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19 mars 2018, Paris : Aménagement intérieur et cohabitation des styles aux époques moderne et contemporaine

Cette journée d’étude propose d’interroger la manière usuelle et pragmatique d’adapter dans un espace domestique des objets qui n’étaient originellement pas destinés à se rencontrer, en jouant malgré ou avec leur dissemblance.

Si l’histoire de l’art nous met souvent en présence d’intérieurs où l’harmonie décorative est conçue selon l’idéal d’une « œuvre d’art totale », c’est ici un versant opposé qui sera exéminé. Il s’agit en effet d’offrir plusieurs réflexions issues de rapprochements inattendus et parfois surprenants que peuvent susciter des assortiments hétérogènes d’objets de natures et d’époques diverses. Ce sujet rejoint l’histoire du goût et des collections : il place au cœur du débat la nécessité pratique pour un collectionneur, marchand ou particulier, de composer un intérieur à partir d’éléments disparates par leur âge, leur forme ou leur usage.

Les cas convoqués montrent l’étendue des possibilités, certains ayant choisi d’associer leur mobilier ancien à des œuvres d’art moderne, d’autres un mobilier moderne à des œuvres anciennes, ou encore de mêler plus largement différentes typologies de collections dans un même espace, tout en laissant présager un souci de l’effet d’ensemble. Foisonnants et éclectiques, ces intérieurs prônent pour ainsi dire le désordre organisé. De même, leurs composantes, œuvres et objets d’art, tantôt perçues comme des sources de délectation, tantôt envisagées avec une finalité plus triviale, se présentent en constante mutation. Ils deviennent dès lors problématiques pour l’historien chargé de les interpréter de façon cohérente, souvent tenté de les catégoriser et d’en fixer un sens unique dans le temps et l’espace.

Cette journée s’adresse ainsi aux chercheurs qui étudient le cadre de réception des objets et son impact sur leur perception, leur usage et leur histoire, ainsi qu’aux personnes intéressées par l’aménagement de l’espace lui-même. Ce panorama international et infranational des époques moderne et contemporaine s’organise selon quatre cadrages : l’objet, comme partie d’intérieurs hétéroclites, ou sujet lui-même à des influences diverses ; la pièce, à travers le cas emblématique de la bibliothèque ; la demeure dans son ensemble ; enfin l’image et son rôle dans la diffusion publique de ces aménagements.

Programme
Lundi 19 mars 2018
9h30-17h - Entrée libre
9h30 : Accueil des participants

9h45 : Introduction Claire Hendren, Barbara Jouves et Hadrien Viraben.

10h: Session 1

Lilit Sadoyan, « Transformed and Reinterpreted: Boulle Revisited, 1775-1850 »
The transformability of furniture speaks to the mutability or convertibility of various furniture forms. Typically, in the eighteenth century, one thinks of furniture objects that fulfill distinctly separate sets of functions. Yet, this idea of transformability also speaks to the alteration and conversion of former objects and styles. During the second half of the eighteenth century, marquetry created by André-Charles Boulle, premier ébéniste du Roi under Louis XIV, were incorporated, reused, and imitated with increasing popularity. What did it mean for works from nearly a century earlier to be repurposed? This paper seeks to complicate the recontextualization of Boulle furniture.

Gilliane Berardini, « Les influences françaises du XVIIIe siècle dans l’œuvre de l’architecte-décorateur écossais Robert Lorimer (1864-1929) »
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l’architecte-décorateur écossais Robert Lorimer (1864-1929) est un des artistes de la génération Arts and Crafts les plus reconnus dans son pays. Sa passion pour les objets anciens et les grandes collections d’art auxquelles il a accès lui font découvrir le mobilier français du XVIIIe siècle, dont il s’inspire et intègre des éléments dans ses propres créations. Son style concilie ainsi des formes traditionnelles écossaises et des formes françaises, tout en étant en accord avec les principes qui régissent le mouvement Arts and Crafts.

11h : Pause

11h15 : Session 2

Elodie Goëssant, « La bibliothèque de George Watson-Taylor (1771-1841) à Erlestoke Park »
Mêlant des objets et œuvres d’art anciens et modernes aux origines variées, la bibliothèque de George Watson Taylor (1771-1841) à Erlestoke Park (Wiltshire) est un élément intéressant de l’aménagement intérieur de cette demeure, à la fois historiciste et éclectique. Elle se caractérise par l’éminente idiosyncrasie de la politique d’acquisition de son propriétaire et permet de montrer un déplacement de la notion d’harmonisation, passant d’une recherche de cohérence stylistique entre les objets à la recherche d’un discours commun plus conceptuel.

Teresa Neto, « Francis Cook’s Library in Monserrate Palace: Intersections of Contemporary Design with Precious Antiquities »
Sir Francis Cook (1817-1901) was one of the most notable art collectors in the second half of the 19th century. Much of the Cook Collection, including hundreds of Old Masters of European Painting and rare antiquities, were exhibited at his main residence, Doughty House in Richmond. In Portugal he had rehabilitated a country house in the picturesque and romantic village of Sintra, known internationally through the poetic work of Lord Byron. The exuberant architecture of this new residence was complemented by a decorative extravagance with pieces of great interest and quality, constituting a decorative design with museological characteristics, according to the Victorian taste of that time.

12h15 : Discussions avec la salle

12h30 Pause déjeuner

14h00 : Session 3

Stéphane Rioland, « La maison-musée d’un architecte-illustrateur »
Né en 1845 à Rouen, Jules Adeline, architecte-illustrateur, est reconnu à la fin du XIXe siècle, pour ses multiples collections d’arts graphiques et japonaises mais aussi pour sa demeure. En janvier 1874 dans Paris à l’eau-forte, Richard Lesclide décrit l’architecte comme « un exilé, qui vit en Normandie dans un atelier sculpté comme un bahut de la Renaissance. » Inspirés par la découverte de l’habitat des Flandres, les Adeline vont transformer leur maison lors de tentatives muséographiques et affirment alors celle-ci comme maison musée en écho à l’ouvrage publié en 1881 par Edmond de Goncourt : La Maison d’un artiste.

Morgane Weinling, « Une collection sémiophorique : Étude du caractère autobiographique des ensembles éclectiques à travers les cas des collections Alfred Chauchard et Albert Louis Eugène de Dietrich »
Alfred Chauchard (1821-1909), fondateur des Grands Magasins du Louvre, et Albert de Dietrich (1861-1956), descendant dilettante d’une famille d’industriels alsaciens, n’ont a priori rien en commun. Pourtant, l’étude de leurs collections révèle que leur éclectisme apparent cache en vérité une unité de discours, conscient ou non, autour de la personne du collectionneur, à la manière d’une autobiographie. La collection-trésor d’Alfred Chauchard matérialise son désir ardent d’ascension sociale tandis que la collection-étendard du baron de Dietrich est imprégnée de ses idées politiques pro-françaises. Tous deux tendent à privilégier, dans leur logique de collection, l’effet à l’authenticité de l’œuvre.

Isabelle Mangeot, « Édouard Salin en sa demeure (1921-1970), un archéologue esthète : l’aménagement intérieur du château de Montaigu : entre art, patrimoine et comparatisme archéologique »
Nous allons discuter les choix de compositions adoptés par Édouard Salin dans sa « maison française » par l’éclairage de dialogues choisis entre les quelques 2 300 pièces des arts décoratifs, de l’histoire de l’art et de l’archéologie. Le programme décoratif a été conçu consciencieusement au gré des salles, afin de refléter l’art de vivre idéal de la bourgeoisie du début du XXe siècle au cœur de compositions originales, éclectiques et anhistoriques. L’ingénieur des Mines, passionné d’archéologie, s’est employé très tôt à effectuer ses achats auprès d’antiquaires, d’artisans spécialisés, au sein de prestigieuses salles des ventes, tout en scénarisant les artefacts issus de ses fouilles.

15h30 : Pause

15h45 : Session 4

Édouard Rolland, « L’appartement de Charles de Beistegui (1931-1938), ou la rencontre du kitsch et du purisme corbuséen »
En 1928, Charles de Beistegui, dandy mondain et décorateur excentrique, commande aux architectes modernistes Le Corbusier et Pierre Jeanneret, un spectaculaire penthouse afin d’y organiser de somptueuses fêtes dans la pure tradition des années folles. Entre dialogues et oppositions, nous étudierons cette atypique rencontre entre des architectes dits puristes (rigueur géométrique, non-ornementation) et leur client, vouant inversement un culte à une décoration à la fois kitsch, pompeuse et fastueuse.

Béatrice Grondin, « La revue de décoration intérieure, La Maison française »
Pendant les Trente Glorieuses, la revue spécialisée en décoration intérieure,La Maison Française,a joué un rôle majeur dans la circulation des modèles d’espace domestique. Vers 1958, elle promeut davantage l’alliance décorative du "moderne et de l’ancien". Aussi, nous proposons d’analyser la diffusion des formes de cet éclectisme au regard du positionnement éditorial jusqu’en 1969.

16h45 : Discussions avec la salle

17h : Clôture de la journée

Organisation
Journée d’étude organisée par Claire Hendren, Barbara Jouves et Hadrien Viraben

Partenariat entre
HiCSA (Histoire Culturelle et Sociale de l’Art), université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
HAR (Histoire des Arts et des Représentations), université Paris-Nanterre

LIEU
Galerie Colbert, Salle Vasari
2 rue Vivienne 75002 Paris
Métro Bourse (ligne 3) ou Palais-Royal (lignes 1, 7)