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Alleux et alleutiers. Propriété foncière, seigneurie et féodalité (France, Catalogne, Italie, Xe-XIIe siècle)

Nicolas Carrier

Carrier Nicolas (éd.), Alleux et alleutiers. Propriété foncière, seigneurie et féodalité (France, Catalogne, Italie, Xe-XIIe siècle), Paris, De Boccard, 2021, ISBN : 978-2-9568426-3-7.

« Alleu » est l’un des termes les plus employés pour désigner la propriété foncière au Moyen Âge central. Quant à l’« alleutier », petit ou grand propriétaire libre, il est une figure traditionnelle de l’historiographie, classiquement opposée au vassal, au tenancier et au serf. Les alleux sont le plus souvent documentés au moment où ils sont absorbés par une seigneurie ; les alleutiers semblent donc chroniquement menacés de tomber sous la coupe de plus puissants qu’eux. Ils continuent pourtant d’apparaître dans les sources, ce qui est généralement interprété en termes de résistance. Les auteurs de ce livre réévaluent les rapports de l’alleu avec la seigneurie et la féodalité dans la France, l’Italie et la Catalogne des Xe-XIIe siècles, c’est-à-dire avant la redécouverte du droit romain et la formation de la doctrine dite du « domaine divisé » qui a défini les droits respectifs des seigneurs et des tenanciers. À la lumière des recherches récentes sur les évolutions socio-juridiques propres à cette période – dont l’interprétation a été profondément renouvelée depuis vingt ans — il apparaît que l’alleu n’est pas une butte-témoin de la propriété romaine, un îlot de liberté qui résisterait au féodalisme avec plus ou moins de succès. Il se distingue de la tenure ou du fief, mais imparfaitement, inégalement selon les régions considérées. Il désigne une terre librement conservable, transmissible et aliénable et, en ce sens, il est bien une propriété foncière. Mais la propriété de ce temps — comme déjà, à certains égards, celle de Rome – doit être comprise comme relative, dépendante de la condition personnelle du propriétaire et de sa situation par rapport aux pouvoirs supérieurs. C’est ainsi que peuvent être résolues les apparentes contradictions que présente la documentation et notamment celle-ci : que l’alleu soit par excellence la terre du noble mais qu’il puisse pourtant appartenir à un serf.

Contributeurs : avec les contributions de Dominique Barthélemy, Olivier Bruand, Nicolas Carrier, François Demotz, Sébastien Fray, Emmanuel Huertas, Cédric Jeanneau, Philippe Lefeuvre, Christophe Maneuvrier, Didier Panfili, Flocel Sabaté.