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Du Dialogo de la bella creanza de le donne (1539) d’Alessandro Piccolomini à l’Instruction pour les jeunes dames (1572) de Marie de Romieu ou quand le paradoxe fait l’opinion

Claude La Charité

La Charité, Claude, Du Dialogo de la bella creanza de le donne (1539) d’Alessandro Piccolomini à l’Instruction pour les jeunes dames (1572) de Marie de Romieu ou quand le paradoxe fait l’opinion, résumée de thèse, dans Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 2001, Volume 53, p. 103-112.

Extrait du texte

Lorsqu’à la toute fin des années 1530, Alessandro Piccolomini donne lecture de son Dialogo de la bella creanza de le donne, à l’occasion d’une soirée carnavalesque de l’Académie des Intronati de Sienne, l’auteur se propose de dénoncer la rhétorique retorse et captieuse des maquerelles et, ce faisant, de conforter, à la manière des jeux facétieux sur la matière de bréviaire, la théorie néoplatonicienne de l’amour, à laquelle tous les Académiciens et leur auditoire féminin adhèrent sans réserve. Mais en 1572, lorsque Marie de Romieu fait paraître son Instruction pour les jeunes dames, elle n’offre pas au public une simple traduction ou une simple adaptation du texte italien. En effet, alors qu’aux yeux de la critique moderne le Dialogo de Piccolomini constitue le modèle achevé du dialogue comique, Marie de Romieu congédie la maquerelle de la source, en chargeant une femme respectable et d’expérience de proposer à sa jeune amie, nouvelle mariée, malheureuse de son mariage, un modèle d’éducation tout à fait anticonformiste, cette fois complètement assumé et revendiqué. Le maître mot de l’Instruction pour les jeunes dames pourrait sans doute être « en faire le semblant ». La parfaite « damoiselle » doit faire semblant de se conformer aux modèles traditionnels. Et plutôt que de savoir vivre, la parfaite « damoiselle » doit savoir paraître. Le contexte a rendu possible une telle apologie dans les années 1570. Le contexte politique en particulier a favorisé la diffusion de Machiavel en France qui est constamment sollicité par les Huguenots comme par les Catholiques pour dénoncer le cynisme prétendu de l’adversaire, appris dans les maximes du « méchant Florentin ».

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