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Expérience sociale et imagination romanesque dans les romans de Mme de Tencin

Henri Coulet

Henri Coulet, "Expérience sociale et imagination romanesque dans les romans de Mme de Tencin", dans Cahiers de l’AIEF, année 1994, volume 46, numéro 1, p. 31 - 51.

Extrait de l’article

Avant le XIXe siècle, un auteur de romans ne se propose pas de rivaliser avec l’état civil, ni de représenter dans toutes ses relations et dans tout son environnement concret un moment de l’histoire ou un état de société. Nous ne chercherons pas dans les romans de Mme de Tencin ce qu’offrent les romans de Balzac, de Flaubert, de Zola ou de Jules Romains. Ni le réalisme social, ni le réalisme matériel ne peuvent être l’objet d’un romancier dans la première moitié du XVIIIe siècle, mais bien la psychologie, qui analyse ou « anatomise » le cœur humain, et la morale, au double sens que ce mot avait alors, de peinture des caractères et des comportements et de réflexion sur la vie et la condition humaine.

Entre l’expérience vécue, directement ou indirectement, par le romancier et la fiction qu’il raconte le rapport n’est jamais d’un objet à son reflet, d’une réalité à sa simple transcription, mais il n’est jamais inexistant ; il est seulement plus ou moins étroit, plus ou moins déterminé par des intermédiaires culturels. Or aucune femme écrivain n’a peut-être plus que Mme de Tencin pris part activement et intensément à la vie publique de son temps, et aucune ne semble avoir moins fait passer de cette réalité dans ses œuvres. C’est ce paradoxe que nous essaierons d’interpréter.

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