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Le Règne de l’équivoque. À propos du régime satirico-parodique dans le conte merveilleux au XVIIIe siècle

Jean-François Perrin

Jean-François Perrin, « Le Règne de l’équivoque », Féeries, n° 5, 2008.

Extrait de l’article

Les contes du XVIIIe siècle relevant du régime satirico-parodique ont pour l’essentiel été rejetés du Cabinet des fées par Charles-Joseph Mayer, qui les jugeait mal faits et immoraux : « des écrivains très médiocres s’en mêlèrent […] gâtèrent tout : les contes n’eurent plus que le titre de fées ». Assez paradoxalement pourtant, il publia les trois contes les plus connus d’Hamilton, utilisant même le prologue en vers des Quatre Facardins (pourtant particulièrement critique) comme introduction à l’esprit du genre tel qu’il le comprenait. Depuis cette époque, la critique a fait du chemin et l’on s’est habitué à envisager cette période comme celle d’une « mode dans la mode » que caractériseraient sa manière (parodique) et sa matière (satirique et libertine) à l’égard tout à la fois des deux vagues antérieures du genre (le conte de fées et le conte oriental), et des mœurs ou de la politique contemporaines. Cette définition n’est pas sans poser quelques problèmes d’ordre théorique et stylistique, mais aussi idéologique, comme on s’en avise lorsqu’on examine la littérature critique concernant ce corpus publiée depuis une trentaine d’années. Jacques Barchilon fut le premier à l’inventorier à l’époque moderne, Raymonde Robert reprit le problème dans sa thèse en proposant une première élaboration des catégories du « parodique » et du « licencieux », et Jean-Paul Sermain y est revenu à partir d’une problématique traitant la poétique du conte à partir de la place singulière de ce genre dégagé de la mimesis, dans les transformations de la prose fictionnelle, du XVIIe siècle au XVIIIe siècle. Dans les pages qui vont suivre, il s’agira de réfléchir à ces définitions des contes de la période 1730-1760, en tentant une contextualisation par l’esprit du persiflage et en interrogeant ce que leur libertinage engage du politique. On commencera par un essai de mise au point sur certains enjeux de la notion de parodie et quelques aspects généraux de la pratique des conteurs en la matière ; on poursuivra par un examen des relations critiques entre le genre et son contexte linguistique, littéraire et éthico-politique dans la période considérée.

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