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Les mémorialistes dans les Mémoires de Saint-Simon

Jean Garapon

Garapon, Jean. Les mémorialistes dans les Mémoires de Saint-Simon, Cahiers Saint-Simon, n° 35, 2007. Les Belles-lettres à la Cour, p. 16-27.

Extrait de l’article

Esquisser une galerie des mémorialistes personnellement connus par Saint-Simon, et apparaissant dans le texte de ses Mémoires , tel va être ici mon objet, sur la proposition de notre Président Philippe Hourcade. Il convient en effet de réfléchir sur ce phénomène de société, rarement rencontré avec cette fréquence dans un milieu de cour : la multiplicité des personnages évoqués par Saint-Simon qui sont en même temps, en secret ou au grand jour, des mémorialistes. L’humanité ressuscitée dans les Mémoires est comme saturée de la présence de ces écrivains amateurs que sont les mémorialistes, de même que l’œuvre est nourrie de cette pratique caractéristique d’un milieu, qui traduit chez beaucoup de ses membres un rapport personnel et passionné à l’histoire, à la vérité, à leur propre existence ; de ce sentiment collectif, traduit en écriture privée, de vivre une période d’exception dans un lieu d’exception. De ce point de vue, les mémorialistes, dans leur rapport au temps, dans leur conception d’une écriture non seulement étroitement confidentielle, mais à communication différée, tranchent avec les épistoliers. Ils se rapprocheraient des auteurs de journaux ; et nous savons par ailleurs que Saint-Simon ne distingue pas entre mémoires et journaux. Cette constatation faite, je ne sous-estime pas les difficultés de mon sujet ; d’abord, celle de la pléthore des mémorialistes rencontrés dans les Mémoires , que je ne connais pas tous, je l’avoue, et qui obligent à des choix ; ensuite, celle, beaucoup plus délicate parfois, de la connaissance effective que Saint-Simon avait des mémoires écrits par chacun d’eux, connaissance parfois tout à fait avouée ou plus que plausible (Gourville, Villars, La Fare...), d’autres fois difficile à établir avec certitude, voire improbable.

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