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L’équivoque d’une célébration : les fêtes du mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche à Bordeaux (1615)

Marie-Claude Canova-Green

Marie-Claude Canova-Green, "L’équivoque d’une célébration : les fêtes du mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche à Bordeaux (1615)", dans Dix-septième siècle, année 2004, volume 1, numéro 222, p. 3-24.

Extrait de l’article

Le 18 octobre 1615, après des années de négociations rendues plus difficiles encore par l’opposition huguenote au mariage en France, Louis XIII épousait l’Infante d’Espagne, tandis que sa sœur Élisabeth était unie à l’Infant Don Philippe, futur roi d’Espagne. Cet événement était censé mettre fin définitivement à la longue rivalité politique et territoriale entre les deux puissances. Aussi bon nombre de publications célébrèrent-elles le double mariage princier en des termes dithyrambiques et se firent-elles l’écho des fêtes somptueuses organisées pendant près de deux mois des deux côtés de la frontière. Bordeaux, notamment, fière de sa longue tradition d’accueil offrit, le 29 novembre, une entrée magnifique au couple royal avec arcs de triomphe, ballet, pastorale et autres tournois. Une riche iconographie ornait les architectures éphémères, de nombreuses comparaisons et métaphores érudites émaillaient les discours officiels, dont le but évident était de célébrer le mariage et la consolidation des relations pacifiques entre la France et l’Espagne. Mais ces images étaient essentiellement ambivalentes, ambiguës même. En effet elles servaient moins à construire des représentations paradigmatiques du mariage et de l’union qu’à forger un ensemble de fictions destinées à affermir politiquement un royaume en pleine période de reconstruction. Comme telles elles articulaient les mêmes questions de pouvoir souverain et d’impérialisme que les autres rituels monarchiques du règne, d’une manière qui ne pouvait que remettre en question les présupposés politiques du double mariage. C’est précisément cette tension entre le dit et le non dit de la célébration que nous nous proposons d’étudier ici.

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