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Droit de cuissage et devoir de l’historien

Geneviève Fraisse

Geneviève Fraisse, "Droit de cuissage et devoir de l’historien", dans Clio, année 1996, numéro 3, Métiers. Corporations. Syndicalisme.

Extrait de l’article

Je cherche à ne pas dire « droit de cuissage », je peux écrire « cuissage », « fait de cuissage ». « Droit de cuissage », cependant, est plus parlant. Mais pour parler de quoi ? Il est un fait avéré, celui d’un être doté d’un peu de pouvoir social, être masculin le plus souvent, et qui profite de son pouvoir pour obtenir quelque chose du sexe de l’autre, en général une femme. Ce fait avéré prête à des représentations, des fantasmes, des idées qu’un sexe fabrique avec ou à partir de l’autre sexe. Toute l’histoire des femmes, l’histoire des sexes, pourrait partir de là. Mais que ce fait soit perçu ou exprimé comme un « droit » mérite évidemment discussion, est un enjeu historique et épistémologique important.

Deux livres ont récemment eu pour titre « le droit de cuissage », celui de Marie-Victoire Louis, et celui d’Alain Boureau. L’un cherche à montrer le réel d’un fait historique, l’autre veut démonter la fabrication d’un mythe. L’un superpose le fait et le droit, le terme « droit » étant alors d’usage métaphorique ; l’autre dissocie le fait du droit au point de se désintéresser du réel. De cette opposition dans la pratique de l’écriture de l’histoire, je déduis quelques questions, à mes yeux essentielles à l’histoire des sexes.

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