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Une histoire culturelle comme histoire politique (note critique)

Jean-Frédéric Schaub

Schaub Jean-Frédéric. Une histoire culturelle comme histoire politique (note critique). In : Annales. Histoire, Sciences Sociales, 56e année, N. 4-5, 2001. p. 981-997.

Extrait de l’article

Depuis plus d’une vingtaine d’années, nombre d’historiens intègrent à leur travail la dimension discursive du monde social, dérivée à la fois du caractère discursif des moyens d’accès à celui-ci et de l’emprise des schemes cognitifs et expressifs du récit sur l’écriture de l’histoire. Aussitôt s’est posée la question de savoir si cette reconnaissance laisserait les historiens sans armes face aux offensives de tous les révisionnismes, et si elle les conduirait à une capitulation sceptique. Le « tournant critique », dont le diagnostic fut naguère proposé, se présentait comme une anticipation sur les effets relativistes d’un « tournant linguistique » dont le succès semblait manifeste. La prise de position sur le tournant critique invitait les chercheurs à fabriquer des instruments de vérification adaptés à la prise en compte du primat de la discursivité sur les phénomènes révélés par elle, sans laisser libre cours à l’arbitraire.

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Des ateliers de propagande qui n’ont rien à envier à ceux des cercles de légistes des rois de France, une ritualisation de la vie de cour destinée à mettre en scène la majesté, une culture des cérémonies monarchiques, puis un investissement massif dans la commande de programmes iconographiques, la précoce et abondante diffusion de représentations dramatiques prenant la royauté pour objet : autant d’éléments essentiels de l’histoire politique de l’institution royale dans le monde ibérique. Quant à la mobilisation politique de la spiritualité et de l’eschatologie chrétiennes, elle a pu s’opérer sans difficulté en dépit de l’absence de sacre et de rites magiques, dans la mesure où les rois castillans, aragonais et portugais, depuis le Moyen Âge, tiraient leur éminente légitimité de leur engagement — croisé — contre l’Islam, en péninsule puis en Méditerranée et dans l’Atlantique.

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