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Mazarin, marieur de l’Europe

Géraud Poumarède

Poumarède, Géraud, "Mazarin, marieur de l’Europe", Dix-septième siècle, 2/2009 (n° 243), p. 201-218.

Extrait de l’article

Les mariages princiers cristallisent dans l’Europe moderne des attentes à la fois cruciales et variées. Ils sont d’abord des affaires familiales et dynastiques, destinées à assurer une descendance aux Maisons souveraines. Ils recoupent aussi des enjeux de prestige et de rang, à travers la recherche de parentés illustres. Ils comportent des aspects financiers qui sont parfois très lourds. Ils ont enfin des implications politiques, car ils sont un moyen de trouver des appuis, de conclure des alliances, et permettent, sur plusieurs générations, de préparer des successions favorables. Dans l’Italie du premier XVIIe siècle, ces objectifs sont d’une actualité toute particulière, non seulement pour les princes laïques qui se mesurent les uns aux autres dans une constante rivalité, mais aussi pour les princes d’Églises et les familles pontificales qui cherchent à s’enraciner et s’efforcent de durer. Les uns comme les autres doivent en outre composer avec l’ingérence des grandes monarchies du temps pour lesquelles la Péninsule redevient un terrain d’affrontement. Si l’emprise de l’Espagne reste prépondérante, les princes d’Italie sont aussi tentés par d’autres allégeances pour en secouer la tutelle au moins partiellement. Ils ravivent d’anciennes obédiences ou en tissent de nouvelles en direction de l’Empire ou de la papauté. Ils regardent aussi du côté de la France qui s’oppose à la monarchie ibérique jusque sur le théâtre italien. Alors que dans ces années de guerre, les Espagnols ne cessent pas de mettre en avant leur ancrage péninsulaire pour mieux désigner les Français comme étrangers et envahisseurs, les mariages apparaissent comme un levier puissant pour tenter de restaurer la présence française dans la Péninsule. Ils deviennent entre les mains du cardinal Mazarin un moyen d’action international, dans un entremêlement étroit des intérêts du roi et de ceux de sa famille qui dessine finalement une véritable géopolitique matrimoniale dans l’Europe de ce premier XVIIe siècle.

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