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Amour courtois, société masculine et figures du pouvoir

Christiane Marchello-Nizia

Christiane Marchello-Nizia, "Amour courtois, société masculine et figures du pouvoir", dans Annales, année 1981, volume 36, numéro 6, p. 969 - 982.

Extrait de l’article

Mon projet est ici de reprendre l’analyse de l’une des configurations de cette relation amoureuse que les critiques modernes ont coutume, depuis Gaston Paris, de nommer amour courtois, et que les auteurs médiévaux appelaient fin’amor. La configuration qui sera étudiée ici, c’est celle qui dans le nord de la France a connu sa parfaite représentation à travers les couples de Lancelot et Guenièvre d’une part, de Tristan et Yseut d’autre part. Par rapport aux autres types possibles de l’amour courtois, celui-ci se caractérise par le fait qu’il unit un jeune homme célibataire et une femme mariée qui est d’un rang social supérieur : c’est la relation amoureuse spécifique de la littérature des troubadours.

Or, dès son apparition dans la littérature du nord de la France, vers 1170-1180, cette relation courtoise présente des caractères tout à fait singuliers, que je rappellerai tout d’abord. Par la suite, un demi-siècle plus tard environ, l’histoire des deux « couples fondateurs » est réécrite, mais en prose ; c’est en effet de 1220-1240 que l’on date le Roman de Tristan en prose d’une part, dont Renée Curtis est en train de donner la première édition, et le Lancelot en prose d’autre part, dont Alexandre Micha achève la réédition.

Dans ces versions tardives, dont on ignore les auteurs, les deux figures originelles subissent des transformations que je me propose d’étudier dans un deuxième temps. Et la mise à jour de ces transformations permettra de revenir sur la relation originelle pour finalement en proposer une interprétation quelque peu inhabituelle, mais qui, je crois, n’est pas seulement fantasmatique.

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