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Double lecture, double écriture : les ’Principes de politique des souverains’ de Diderot

Catherine Volpilhac-Auger

Catherine Volpilhac-Auger. Double lecture, double écriture : les Principes de politique des souverains de Diderot, Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 1994, n° 1, p. 69-81.

Extrait de l’article

Méfiez-vous d’un souverain qui sait par cœur Aristote, Tacite, Machiavel et Montesquieu.

Les Principes de politique des souverains continuent d’intriguer. Malgré l’importance des questions posées par l’existence de plusieurs copies manuscrites, nous ne reviendrons pas ici sur la genèse de ce texte, déjà étudiée dans cette revue même ; nous n’insisterons pas davantage sur le lexique ou les réseaux métaphoriques, qui ont fait l’objet d’un traitement particulier. Nous laissons prudemment aux éditeurs de ce texte le soin de résoudre d’épineux problèmes de ponctuation, susceptibles de transformer radicalement l’interprétation de plusieurs maximes. Ne disposant pas des manuscrits nécessaires au travail d’édition, nous ne nous risquerons pas à prendre position en ce domaine. Nous voudrions nous situer ailleurs — en deçà ou au-delà ?

Certes notre position peut paraître désinvolte : comment tenir un discours sur un texte dont on n’est pas assuré ? Comment prétendre interpréter ce que l’on n’est pas certain de déchiffrer correctement ? En effet ces maximes, selon les variantes de ponctuation, mais surtout selon le personnage à qui on les attribue, sont susceptibles de recevoir des interprétations variées. Le premier principe de déchiffrement réside dans la distinction, réputée essentielle, entre le discours du despote (Frédéric II) et celui de son commentateur, assimilé à Diderot ; c’est sur lui que portent surtout les efforts des critiques, c’est lui que la typographie choisie par les éditeurs doit essayer de révéler — essayer seulement tant il est difficile parfois d’attribuer tel ou tel aphorisme au despote ou à son censeur.

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