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Du palais aux tentes de guerre. Les textiles dans le cadre de vie

Françoise Piponnier

Françoise Piponnier, "Du palais aux tentes de guerre. Les textiles dans le cadre de vie", dans Mélanges de l’école française de Rome, année 1999, volume 111, numéro 111-1, p. 281-288.

Extrait de l’article

Relativement fragiles, amovibles, réutilisables à des fins moins nobles que celles qui ont présidé à leur fabrication, les tentures nous sont parvenues en nombre beaucoup plus limité que les autres éléments peints ou sculptés du décor intérieur des siècles passés. Il est donc difficile de se représenter avec exactitude la place qu’elles ont tenu dans le cadre quotidien médiéval, particulièrement aux époques les plus éloignées. Même les prestigieuses tapisseries des XIVe et XVe siècles ne se sont pas vu reconnaître d’emblée leur juste place dans l’histoire de l’art et moins encore dans l’histoire générale des derniers siècles du Moyen Âge. Si la production et surtout le commerce des étoffes de qualité ont souvent retenu l’attention d’historiens sensibilisés, sans doute, par le rôle de premier plan qu’a joué le textile dans la révolution industrielle du XIXe siècle, la recherche ne s’est intéressée que tardivement à l’étude des conditions et modalités techniques de l’élaboration des fibres ou à la gamme des étoffes, à leurs utilisations, à leur diffusion ou à leur signification sociale.

Souvent réutilisés jusqu’à usure complète, les textiles médiévaux conservés représentent une part infime de ce qui a été produit et utilisé au Moyen Âge. Parmi eux, les tentures sont pour l’essentiel des tapisseries, puisque les simples étoffes de laine, de soie ou de lin, plus fragiles encore, ne subsistent qu’en très petit nombre. Et malgré le mépris pour le style « gothique » professé aux XVIIe et XVIIIe siècles par les tenants du classicisme, qui fut fatal à nombre de tapisseries, transformées en tapis de sol ou en couvertures de chevaux (tandis que d’autres, plus riches, furent victimes à toutes époques de l’avidité des chercheurs de métaux précieux qui les brûlèrent pour y récupérer les fils d’or et d’argent), il n’est pas étonnant que l’essentiel des recherches et des publications consacrées aux tentures porte sur la tapisserie.

Tant en Europe qu’aux États-Unis où, en particulier, le Musée des cloîtres à New York abrite une admirable collection, les expositions spécialisées ou encore la section « tapisseries » dans les expositions d’art médiéval ont fait connaître la richesse et la diversité de ces tentures. L’établissement des catalogues et les discussions entre spécialistes ont été l’occasion de mises au point récentes, fondées sur l’analyse des pièces et la critique approfondie des documents d’archives, nombreux pour la période où la tapisserie prit son essor.

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