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Base de données "Le monde médical à la cour de France"

Vernage, Michel Louis (1697-1773)
Naissance05/05/1697
- LieuParis, rue Saint-Martin, paroisse Saint-Laurent.
Décès20/04/1773
- LieuParis, rue de Ménard, paroisse Saint-Roch.
Famille
PèreVernage, François (1665- Paris 24/01/1720), inhumé à Paris, paroisse Saint-Nicolas des Champs.
MèreHazon, Marie Anne (1625- avant 1720), fille de Michel Hazon, marchand bourgeois de Paris et d’Anne Angran.
Mariage(s)Quinemont, Marie Charlotte de (1746- 19/01/1817), née au Ranay près de Vendôme, inhumée dans la chapelle de l’église Saint-Martin-des-Bois. Fille de Jean- Jacques Ours, premier marquis de Quinemont (28/02/1715- ?), chevalier seigneur de Varennes, Baugé et de La Guénerie, reçu Page de la Petite Écurie du Roi le 12/09/1729, puis cornette dans le régiment de Stanislas Cavalerie, en 1733, et de Marie Jeanne Odart, dame de Paviers, Mougon et La Fuye, fille de Charles Odart chevalier de Paviers, Vauguerins et autres lieux, ancien capitaine au régiment des carabiniers.
Mariage le 10/08/1761, à Loches.
EnfantsSans postérité.
ObservationsFamille originaire du Berry.
Michel Louis Vernage naquit rue Saint-Martin, paroisse Saint-Laurent, et y mourut.

Frères et sœurs:

- Vernage, François (08/1701- 1775), bourgeois de Paris, à la fois exécuteur testamentaire de Michel Louis Vernage et son seul et unique héritier (il lui lègue 100 000 livres de rente annuelle viagère)
- Hilaire, Polycarpe (1702- ?), mort en bas-âge
- Vernage, Marie Anne
- Vernage, Françoise (10/1694- ?), morte en bas-âge
- Vernage, Thérèse (1700-1756), restée célibataire. Le médecin fréquente sa société.

Michel Louis Vernage est le cousin, en ligne maternelle, de Jacques-Albert Hazon (22/06/1708-17/04/1780, Paris, paroisse Saint-Nicolas des Champs), docteur régent de la Faculté de médecine de Paris.
Vie et oeuvre
SpécialisationMédecin
FormationCursus à la Faculté de médecine de Paris. En 1716, il soutient une thèse sous la présidence de Philippe Douté, An fluentium in corpore magna potentia, réponse affirmative.
En 1717, il soutient une thèse sous la présidence de Jean Baptiste Enguehard, An victus pro tempestatum anni discrimine mutandus ?, réponse affirmative.
En 1718, il soutient une thèse sous la présidence de Michel Péaget, An arthritici, morbis acutis minus obnoxii ?, réponse affirmative.
Le 13/10/1718, il soutient son acte de vespérie : An nutritio : secretionis species ? Triturae effectus ? , et le 20/10/1718, il accède au titre de docteur en soutenant, lors de l’acte de doctorie, la thèse suivante Possunt ne : in secunda valetidine adversae praesidia confuni ? Morbi eadem qua oppugnantur arte praecaveri ? .
Le 15/02/1719, il subit l’acte pastillaire, An Chylys : Per unicum canalem sanguini illabatur ? Proximum fit partium alimentum ? , et accède au grade de docteur régent après avoir présidé la thèse du bachelier en médecine Louis Simon Emmerez, An corporis functionnes sanguine ? (réponse affirmative) en 1719.
Biographie abrégéeAprès de brillantes études au collège Mazarin, Michel Louis Vernage, sur les conseils paternels, choisit la voie médicale. Orphelin de père à 23 ans, Vernage prend en charge ses frères et sœurs cadets. La succession est réglée de façon à ce qu’il hérite de tout ce qui est nécessaire à l’exercice de la profession médicale à savoir la bibliothèque professionnelle de son père et la maison meublée de la rue du Maine. Les 3500 livres déjà engagées pour le paiement de ses études médicales lui sont abandonnées.
Jeune docteur régent, il est envoyé auprès de M. le Cardinal François de Mailly (1658- 09/1721), archevêque de Reims, attaqué d’une violente apoplexie. En 1726, sur ordre de Louis XV, il part soigner Stanislas Leczinski à Chambord.
En souvenir de l’amitié qu’il entretenait avec François Vernage, Jean-Claude-Adrien Helvétius, médecin ordinaire du roi en 1720 puis médecin consultant du roi en 1721, recommande Michel Louis Vernage à ses malades. Parmi les clients de Vernage, se trouvent M. de La Porte (père de l’intendant de Lorraine), Mme de Chevreuse, M. de Saint-Aulaire, Mme du Deffand, Mme de Châteauroux (qu’il saigna quatre fois durant sa dernière maladie), le comte d’Egmont, l’évêque de Senlis, M. de Laugarais, Mme Desmartrais, le ministre de la guerre Voyer d’Argenson (auquel il propose, en 1764, un traitement pour des fièvres lentes, qui n’est pas suivi).
Vernage ne possède pas moins de trois carrosses d’une valeur de 21 000 livres, lui permettant de répondre rapidement aux sollicitations de ses patients. À partir de 1733, en tant que médecin consultant du Roi, il touche 9000 livres d’appointements. Proche de sa clientèle, Vernage en adopte le mode de vie. Idéal-type du médecin mondain, il fréquente les salons de la bonne société parisienne et parvient rapidement à se constituer une solide fortune. Dès janvier 1739, il achète à Alexandre Savary, la terre de Ranay-Lavardin (paroisse de Saint-Martin-des-Bois en Bas-Vendômois) estimée 120000 livres (dont 98200 livres pour le château de Ranay et ses terres, et 9000 livres pour les terres du fiefs du Tertre dépendant de la seigneurie de Fargot), investissement dont il se dit très fier dans son testament rédigé en décembre 1764, car il « n’est point patrimonial mais le fruit unique de [son] travail ». Sa bibliothèque, (d’au moins 2013 ouvrages estimés à un peu plus de 3000 livres) ne comprend aucun ouvrage de philosophie mais laisse une large part à l’histoire, aux belles-lettres et à la médecine. Vernage est un des rares docteurs régents à posséder La Recherche sur l’art du dentiste, un in-12°, broché.
En tant que censeur royal pour l’histoire naturelle, la médecine et la chimie, Vernage donne son approbation au livre de Quesnay, Essai sur l’économie animale publié en 1748.
Du 04/08/1752 au 17/08/1752, il soigne la petite vérole du Dauphin, à Versailles, en compagnie des docteurs Fr. Pousse, Helvétius, Falconnet, de La Vigne, Lieutaud, Dumoulin et des chirurgiens Quesnay et La Matinière. Vernage a été mandé par le premier médecin Sénac. Le 23/08/1752, il reçoit, outre la pension de 500 livres, une gratification de 500 livres. Le 17/09/1752, Vernage demande des lettres de noblesses qu’il obtient en octobre 1752.
Habitué à fréquenter la demeure de M. Voyer d’Argenson, aux Ormes, Vernage y rencontre Mlle de Quinemont. La jeune femme a déjà été recherchée par le président Hénault mais sa préférence va au médecin malgré une importante différence d’âge. Si le contrat de mariage ne comporte pas de douaire, Michel Louis Vernage avantage son épouse puisqu’il lui fait donation de 240 000 livres sous forme de 12 000 livres de rente. À la richesse du docteur régent répond le lustre de la famille de la future, une famille militaire noble. À son décès, l’usufruit de la terre de Ranay revient à sa veuve, qui y demeure jusqu’en 1817. Elle dépense 300 000 francs pour réparer et embellir le château. Mme Vernage touche une pension de 2500 livres de la Maison du roi « en considération des services de feu son mari, docteur en médecine de Paris, dans toutes les occasions où il a été appelé auprès de la famille royale ». À son décès, la nue-propriété de Ranay passe à son frère Jean-Charles Ours marquis de Quinemont, seigneur de Mougon, chevalier de Saint-Louis, lieutenant colonel de cavalerie, major du régiment des cuirassiers du Roi, marié le 30/10/1770, à Albertine Charlotte Sixtine Marion de La Sauldraye.
Sa carrière médicale suivit une pente ascendante : médecin de la Cour de Parlement de Paris (1722 à 1734), il est médecin par quartier du Roi (quartier d’avril) en 1726 (remplacé en 1727 par J.-B. Boyer), en 1728 avec Jean Herment, puis en 1729 avec Claude de la Vigne de Frécheville. Entre 1733 et 1750, Vernage est médecin consultant du roi (Jean Sénac, médecin de Montpellier, lui succède en 1751). En octobre 1728, Vernage est nommé membre de la Commission d’examen des remèdes secrets, et devient, en 1741, Censeur royal pour l’histoire naturelle, la médecine et la chimie. En octobre 1752, Vernage reçoit des lettres de noblesses suite aux soins donnés au dauphin pendant sa petite vérole. De Juillet 1753 à 1754, sur les prières de son ami le Lieutenant général de Police Berryer, Vernage accepte la charge de médecin de la Bastille et de Vincennes, en remplacement de Jean Herment. Dès 1754, il demande sa mise à la retraite. En 1770, il devient le doyen d’âge de la faculté.
La confiance dont le roi l’honore permet à Vernage de se gagner une plus large clientèle. La charge de médecin du roi par quartier ne le contraint à être présent à la Cour que durant un temps déterminé ce qui lui laisse tout loisir pour s’adonner à la pratique libérale. Bien que favorable à l’inoculation, Vernage souligne qu’en pratiquant cette opération, on ne peut éviter la propagation de la maladie. Il propose de fonder des établissements particuliers pour recevoir les malades, s’inspirant du modèle londonien. Vernage s’oppose à l’idée de toute récidive de la petite vérole chez un sujet inoculé. En 1758, il établit, avec les docteurs Fournier et Petit père et fils, un diagnostic montrant que le jeune de La Tour, pensionnaire à Picpus chez M. Renouard, inoculé par le docteur Tronchin en 1756, fut atteint en novembre 1758, d’une « vérole volante » et non d’une véritable petite vérole. Leur rapport est confirmé par les docteurs régents Bouvart et Bourdelin.
Partisan de la saignée, Vernage prend indirectement part au débat qui agite la Faculté de médecine en 1756 opposant les hématophobes aux défenseurs de la saignée. Il fait soutenir le 25/10/1756 au licencié Pierre Joseph Morisot-Deslandes, le sujet suivant : An bilis : Sit Anthelmenticum naturale ? Intra sanguinem reflua et ad Pectus delata Symptomata Peripneuminica quandoque produca ?
Une fortune confortable lui permet d’aider de jeunes médecins comme son cousin Jacques-Albert Hazon auquel il délivre le bonnet doctoral le 11/11/1734. Cette même année, il se démet de sa place de médecin du parlement en faveur du docteur régent Jean Baptiste Boyer, lui aussi son protégé.
Dans les années 1760, le docteur régent Pierre Louis Marie Maloet loge chez Vernage. Par voie testamentaire, Vernage lui lègue 300 livres à prendre sous la forme d’ouvrages qu’il pourra choisir dans sa bibliothèque. Entre les deux hommes se tissent des relations intellectuelles mais aussi des liens quasi filiaux. Sans enfant, Vernage fait de Maloet son fils spirituel et oriente sa carrière. À son image, Maloet s’adonne à la pratique curiale. Il est premier médecin de Madame Victoire en 1773, puis médecin de Mesdames en 1775.
Offices et dignitésMédecin de la Cour de Parlement de Paris, Médecin par quartier du Roi, Médecin consultant, membre de la Commission d’examen des remèdes secrets, Censeur royal pour l’histoire naturelle, la médecine et la chimie, Médecin de la Bastille et de Vincennes.
Maisons intégréesLouis XV.
Œuvres- Vernage, M.L., Observations sur la petite vérole naturelle et artificielle , Paris, Didot le Jeune, 1763 [Vernage parle du traitement et insiste sur la nécessité de préparer les futurs inoculés].
ObservationsArmes de la famille Vernage : « D’or à une aune (vergne) de sinople sur une terrasse de même au chef d’azur chargé de trois glands d’or ».

Si Vernage a peu écrit, préférant se livrer à la pratique de son art, il est mentionné dans quelques ouvrages de littérature :

- dans un vers de Voltaire, dans le Deuxième Discours en vers sur l’Homme, De la liberté , in Œuvres complètes de Voltaire avec des notes et une notice sur la vie de Voltaire, tome 2, Paris, Firmin Didot frères, 1843, p. 482 [« Un ami, dont le ciel, est le vrai bien du sage ; / Voilà l’Helvétius, le Silva, le Vernage, /Que le Dieu des humains, prompt à les secourir, /Daigne leur envoyer sur le point de périr »].

- dans le poème d’A.-A.-H. Poinsinet, L’inoculation, poème à Mgr le duc d’Orléans , Paris, 1756, p. 33 [« Consulte Kirkpatrick, Hosty, Tronchin, Maty, /Vernage, Astruc ou ceux que leurs mains nous élèvent./Suis leurs conseils alors pour l’objet de tes vœux,/ Ton cœur ne craindra plus un avenir affreux »].
Bibliographie et sources
Sélection bibliographique- « Lettre de M. Petit, premier médecin de S.A.S son altesse d’Orléans à M. Lavirotte l’un des auteurs du Journal des Savants, sur une maladie qui avait été prise mal à propos pour la petite vérole », in Journal des savants, Paris, février 1759, Michel Lambert, p.108-110 ;

- Collé, Charles, Journal et mémoires de Charles Collé : sur les hommes de lettres, les ouvrages dramatiques et les événements les plus mémorables du règne de Louis XV, 1748-1772 , tome 1, Paris, Firmin-Didot frères et fils et Cie, 1868, p.112-113 ;

- Coquillard, I., « De l’Hôtel des Invalides à la Cour impériale. Itinéraires des Maloet père et fils, docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris au XVIIIe siècle » in Histoire des Sciences Médicales, Tome 72, janvier-février-mars 2008, Paris, p.39-48 ;

- Delaunay, P., Le monde médical parisien au dix-huitième siècle Paris, J. Rousset, 1906, note 2, p. 132 ;

- Hazon, J.-A., Notice des hommes les plus célèbres de la faculté de médecine de l’université de Paris depuis 1110 jusqu’en 1750 (inclusivement), Paris, B. Morin, 1778, p. 237-241 ;

- Luynes, Ch. Ph. d’Albert duc de, Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758) , Paris, Firmin Didot Frères, 1863, Tome 12, p.83-98 ;

- Maloet, P.L.M., Éloge de M. Vernage, Paris, P. Fr. Didot le jeune, 1776 ;
Maindreville Fr. D. P. de, « Généalogie de la famille Hazon », in Héraldique et généalogie, Revue de généalogie et d’héraldique, toutes périodes, toutes régions, n°145, 39e année, octobre-décembre 1997, p. 332-333 ;

- Saint-Venant, R. de, Dictionnaire topographique, biographique, généalogique et héraldique du Vendômois et de l’arrondissement de Vendôme, tome 3, « O-U », « RANAY, château, commune de Saint-Martin-des-Bois », Mayenne, Éditions de Joseph Floch, p. 156-157 ;

- Seth, C. Les rois aussi en mouraient. Les Lumières en lutte contre la petite vérole , Paris, Desjonquères, 2008.
Ressources électroniques- Dictionnaire des Sciences médicales. Biographies médicales, tome 7 , article « Vernage (Michel Louis), Paris, Panckoucke, 1825, http://web2.bium.univ-paris5.fr/livanc/index.las?dico=dico&chapitre=vernage&p=7&do=page ;

- Dash, Comtesse, La Chanoinesse. Le Dernier chapitre, Paris, A. Cadot, 1854, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5554078s.image.r=vernage+.f284.pagination.langFR ;

- Eloy, N., Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne , article « Vernage (Michel Louis) », Mons, Hoyois, 1778, http://web2.bium.univ-paris5.fr/livanc/index.las?dico=dico&chapitre=vernage&p=1&do=page ;

- Poinsinet, A.-A.-H., L’inoculation, poème à Mgr le duc d’Orélans, Paris, 1756, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5544379z.r=vernage+.f35.langFR#
Notice
Auteur de la noticeIsabelle Coquillard
Date mise en ligne2009-11-17 11:51:07
Comment citer cette noticeIsabelle Coquillard, « Vernage, Michel Louis (1697-1773) », dans : Le Monde médical à la cour de France. Base de données biographique publiée en ligne sur Cour de France.fr (http://cour-de-france.fr/rubrique437.html).
N° dictionnaire55