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Base de données "Le monde médical à la cour de France"

Mayerne, Théodore Turquet de (1573-1655)
Naissance28/09/1573
- LieuGenève
Décès16 ?/03/1655
- LieuChelsea
Famille
PèreTurquet de Mayerne, Louis († 1618)
MèreLe Macon, Louise
Mariage(s)1. Elburcs de Boekeler, Marguerite († 1628), fille d’un diplomate hollandais ;
2. Joachimi, Isabella, fille d’un ambassadeur des Provinces Unies à Londres. Mariage en 1630.
EnfantsTrois enfants de son premier mariage, dont deux garçons morts en 1630.
Cinq enfants de son second mariage dont :
1. Elizabeth († 1653), qui perdit son fiancé Henry Lord Hastings, Comte de Huntingdon la veille de leur mariage. Par la suite elle épousa le Marquis de Cuignac, membre d’une grande famille protestante française. À la mort d’Elizabeth, ce dernier lui fit ériger un monument dans l’église de Chelsea ;
2. Adriana, qui épousa le Marquis de Montpelion et vécut de l’héritage de son père.
ObservationsLes parents de Théodore Turquet de Mayerne lui donnèrent ce prénom en hommage à son parrain Théodore de Bèze, successeur de Calvin à Genève. Son père, Louis Turquet de Mayerne, fut l’auteur de nombreux ouvrages d’histoire, dont la fameuse Histoire générale d’Espagne, de géographie, et de plusieurs traductions dont celle du De incertitudine et vanitate scientiarum de Cornelius Agrippa, en 1582. Il fut également l’auteur d’un pamphlet politique, La Monarchie aristodémocratique (1591). Le cousin germain de Louis, Jean Turquet de Mayerne, est actuellement considéré par de nombreux chercheurs, comme l’auteur du Cinquiesme livre attribué à Rabelais. Louise le Macon, mère de Théodore, était la fille d’Antoine le Macon, trésorier de guerre de François Ier puis de Henry II.
Vie et oeuvre
SpécialisationMédecin
FormationScolarité à Genève. Quatre années d’étude des arts à Heidelberg.
Faculté de médecine de Montpellier : bachelier en 1594, licencié en 1596 et docteur le 20 février 1597. Il soutint les thèses An chymica remedia vulgatis sint praestantiora ? et An in melancholico affectu stybium tuto exhiberi possit ? devant les médecins Jean Hucher, Jean Saporta, Jean de Varanda et Jacques de Pradilles.
Biographie abrégéeDe confession protestante Louis Turquet de Mayerne et sa femme se virent dans l’obligation de quitter Paris en 1572, après la nuit de la Saint Barthélémy. C’est ainsi que Théodore Turquet de Mayerne naquit à Genève. Après une brillante scolarité, Théodore étudia les arts à Heidelberg pendant quatre années, à l’issue desquelles il publia sa Sommaire Description de la France, Allemagne, Italie et Espagne avec le guide des chemins pour aller et venir par les provinces, et aux villes plus renommées des quatre régions. Puis, à 19 ans, il s’inscrivit à la Faculté de Médecine de Montpellier, où il devint bachelier en 1594, licencié en 1596 et docteur en 1597. Un mois plus tard, Turquet de Mayerne quitta Montpellier pour Paris, où il donna des cours d’anatomie aux jeunes chirurgiens et des cours de pharmacie aux apothicaires. L’estime dont il jouissait lui permit de rencontrer le premier médecin du roi Henry IV, monsieur Ribbit Sieur de la Rivière. Ce dernier recommanda Mayerne au monarque, qui lui offrit la charge de médecin ordinaire. Le 8 mai 1599, le roi permit à Mayerne d’accompagner le Duc Henri de Rohan dans ses voyages, notamment en Allemagne et en Italie.
En 1603, Turquet de Mayerne qui avait participé à l’élaboration de l’ouvrage de Joseph Du Chesne (Quercetanus, médecin par quartier du roi Henri IV), De Priscorum Philosophicum, fut attaqué par la Faculté de Médecine de Paris, par l’intermédiaire d’un ouvrage de Jean Riolan père, intitulé Apologia pro Hippocratis et Galeni medicina adversus Quercetani librum. Offensé, Mayerne répliqua par une Apologia qui fut de nouveau censurée par la Faculté de médecine. De fait, cette Apologia était malvenue, car à la même période, la Faculté était tourmentée par certaines déclarations de l’un de ses propres médecins : le mercredi 13 août 1603, Pierre Le Paulmier, docteur régent de la Faculté de médecine, avait reconnu tenir des consultations avec Du Chesne pour qui il avait la plus grande estime, et avait persisté en déclarant qu’il croyait en l’utilité de la médecine spagyrique. Convoqué devant l’assemblée des médecins de la Faculté pour cette audace, Le Paulmier se ressaisit en stipulant que Du Chesne était avant tout un ami et que, comme celui-ci était médecin du roi, il ne pensait pas avoir agi contre les principes de la Faculté en exerçant la médecine à ses côtés. Il expliqua également qu’il pensait que les dogmatiques gagneraient à se servir de certaines eaux et préparations spagyriques, mais qu’il ne rejetterait jamais la doctrine d’Hippocrate et de Galien. Si Pierre Le Paulmier fut pour un temps pardonné, ce ne fut pas le cas de Turquet de Mayerne ; le 5 décembre 1603, Jean Riolan fit publier sa Ad Famosam Turqueti Apologiam Responsio et Mayerne fut déclaré indigne de pratiquer la médecine. De surcroît, pour prévenir un nouveau risque de dissidence au sein même de la Faculté, les médecins durent prêter serment de ne plus exercer avec Mayerne et Du Chesne, sous peine de sanctions. Mayerne continua néanmoins d’exercer sa charge de médecin ordinaire et le 18 octobre 1607, le roi fit ordonner que les deux spagyriques aient de nouveau la permission de pratiquer la médecine aux côtés des médecins de la Faculté.
En 1606, Théodore fit un séjour en Angleterre pendant lequel il fut reçu docteur à l’université d’Oxford, puis à la mort d’Henri IV, il fut rappelé à Londres par le roi Jacques Ier d’Angleterre et devint son premier médecin au printemps 1611. Mayerne était également passionné par la chimie et la spagyrie ; il concevait notamment des cosmétiques et des parfums pour les aristocrates et contribua au développement de nouveaux pigments pour la peinture. En outre il fut le créateur de la Lotio nigra, une suspension d’oxyde de mercure utilisée pour diverses affections cutanées, qui fut utilisée jusqu’au XXe siècle. Il s’intéressait également de près à l’alchimie et comptait de nombreux amis alchimistes européens, dont Libavius et Robert Fludd ; en outre certaines de ses lettres contenaient des principes relatifs au mouvement rosicrucien.
En 1616, il fut élu membre du Royal College of Physicians, et fut chargé par le roi de nombreuses missions diplomatiques en France et en Suisse. En 1621, il avait amassé une fortune assez importante pour s’octroyer la seigneurie d’Aubonne, près de Lausanne, et trois années plus tard, il fut anobli par Jacques Ier.
En 1625, Charles Ier succèda à Jacques sur le trône d’Angleterre, et Mayerne conserva sa fonction de premier médecin. Lorsqu’il n’était pas à la cour, le médecin recevait des patients dans son cabinet à St Martin’s Lane. Par la suite il s’établit à Chelsea, et continua de traiter de célèbres patients tels John Donne, le fameux poète et doyen de la cathédrale St Paul et Oliver Cromwell. Malgré quelques rumeurs d’empoisonnement et quelques cas malheureux, Turquet de Mayerne continua d’exercer son art dans l’estime de tous.
La cause de son décès survenu en mars 1655 reste obscure : depuis plusieurs années il souffrait de la goutte, mais il n’est pas certain que celle-ci ait causé sa mort. Selon Bryan Nance, peut-être a-t-il été empoisonné par du mauvais vin, ou peut-être, tout simplement, est-il mort de vieillesse. Il repose dans la crypte de l’église St. Martin-in-the-Field à Londres.
Offices et dignitésMédecin ordinaire du roi Henri IV, premier médecin et ambassadeur du roi Jacques Ier d’Angleterre, premier médecin du roi Charles Ier d’Angleterre, médecin consultant.
Maisons intégréesHenri IV, Jacques Ier d’Angleterre, Charles Ier d’Angleterre.
Œuvres- Sommaire Description de la France, Allemagne, Italie et Espagne avec le guide des chemins pour aller et venir par les provinces, et aux villes plus renommées des quatre régions, Paris, 1591 ;

- Apologia in qua videre est inviolatis Hippocratis et Galeni legibus, remedia Chymice præparata, tuto usurpari posse. Ad cuiusdam anonymi calumnias responsio, La Rochelle, 1603 ;

- Pictoria, sculptoria et quæ subalternarum artium, Lyon, 1620 ;

- Archimagirus Anglo-Gallicus : Or Excellent and Approved Receipts and Experiments in Cookery, Londres, 1658 ;

- Tractatus de arthritide, Genève, 1676 ;

- Treatise of the Gout, Londres, 1676 ;

- The Complete Midwife’s Practice Enlarged, Londres, 1680 ;

- Praxeos mayernianæ in Morbis internis præcipue Gravioribus & Chronicis Syntagma, ex Adversariis, Consiliis, ac Epistolis Ejus, Summa Cura ac Diligentia Concinnatum syntagma alterum, quatuor tractatus continens , Londres, 1690 ;

- La pratique de Medecine, Avec le Regime des Femmes Grosses, et un Traite de la Goutte, Lyon, 1693.
Observations
Bibliographie et sources
Sélection bibliographique- Kahn, Didier, Alchimie et paracelsisme en France, Genève : Droz, 2007, p. 358-363 ; 373-380 ; 389-391 ; 392-402 ;

-Lunel, Alexandre, La maison médicale du roi, Seyssel : Champ Vallon, p. 104-108 ;

- Nance, Brian, Turquet de Mayerne as Baroque Physician: the art of medical portraiture, Amsterdam ; New York : Rodopi, 2001.
Ressources électroniques- Eloy, N., Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, article « Mayerne (Théodore Turquet de) », Mons, Hoyois, 1778, http://web2.bium.univ-paris5.fr/livanc/index.las?dico=dico&chapitre=Mayerne&p=1&do=page.
Notice
Auteur de la noticeAdeline Gasnier
Date mise en ligne2010-02-08 23:48:45
Comment citer cette noticeAdeline Gasnier, «Mayerne, Théodore Turquet de (1573-1655) » dans : Le Monde médical à la cour de France. Base de données biographique publiée en ligne sur Cour de France.fr (http://cour-de-france.fr/rubrique437.html).
N° dictionnaire57