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Base de données "Le monde médical à la cour de France"

Riolan, Jean (1580-1657)
Naissance1580
- LieuParis
Décès19/02/1657
- LieuParis
Famille
PèreRiolan, Jean (1539 ?-1606).
MèrePiètre, Anne ( ?-1596), fille de Simon Piètre l’aîné et d’Anne Séguin, de religion réformée.
Mariage(s)Simon, Élisabeth (1579 ?-1657 ?).
Enfants1. Riolan, Henry (1608- ?);
2. Riolan, Philippe (1615- ?), abbé de St. Pierre de Flavigny en Bourgogne;
3. Riolan, Henry (1617- ?), avocat à la cour;
4. Riolan, Marguerite (1600- ?), mariée le 07/ 02/ 1627;
5. Riolan, Élisabeth (1610- ?);
6. Riolan, Catherine (1611- ?);
7. Riolan, Marie (1613- ?);
8. Riolan, Anne (1614- ?);
9. Riolan, Madeleine, reçue au couvent de la Conception rue Neuve St Honoré, au tiers-ordre de Saint-François, le 18/03/1641.
ObservationsFrères et sœurs :
1. Riolan, François, baptisé le 19/02/1586, étudiant en théologie en 1609, curé de Saint Germain le Vieil;
2. Riolan, Simon, baptisé le 28/12/1589;
3. Riolan, Claude;
4. Riolan, Anne (?-1612), baptisée le 11/09/1584, épouse Charles Bouvard, docteur régent, demeurant au collège de Fortet. Contrat de mariage le 11/10/1606;
5. Riolan, Marie, baptisée le 29/09/1591, épouse Henri Peigné, Procureur au Parlement. Contrat de mariage le 18/11/1614;
6. Riolan, Jeanne, baptisée le 12/06/1594, épouse Michel Francier, docteur à la Faculté de Médecine de Paris, demeurant au Collège de Navarre. Contrat de mariage le 21/01/1615.
Le 01/12/1606, à la mort de Jean Riolan père, Philippe Piètre, frère d’Anne Piètre, est nommé tuteur des six enfants encore mineurs.
La correspondance de Patin abonde en détails sur la vie privée de Jean Riolan fils : une femme acariâtre, des fils débauchés et dépensiers, une fille morte laissant plusieurs enfants, une autre mariée « aux champs ».
Vie et oeuvre
SpécialisationMédecin
FormationÉtudes à la Faculté de Médecine de Paris. Bachelier en 1602, licencié le 31 mai 1604, il obtint le doctorat le 1er juillet 1604.
Biographie abrégéeJean Riolan fils était le neveu de Simon Piètre, docteur-régent de la Faculté de médecine de Paris, et le fils de Jean Riolan, docteur-régent de la même faculté, qui avait été doyen en 1586-1587. Ce dernier, fils d’un bourgeois d’Amiens, avait étudié les langues anciennes et la philosophie, et enseigné au Collège de Boncourt à Paris, avant de s’inscrire à la Faculté de Médecine. Il y avait enseigné l’anatomie et la chirurgie, et se montrait un ardent défenseur des doctrines galéniques ainsi que des droits et des privilèges des docteurs-régents de cette faculté. Il combattit les chirurgiens de Saint-Cosme et mena une lutte implacable contre les alchimistes et paracelsistes. Très érudit, Jean Riolan laissa de nombreux ouvrages.
Jean Riolan fils suivit la voie tracée par son père et son oncle. Il soutint ses deux thèses pour la licence Estne scientia rerum naturalium Medico necessaria? (La connaissances des choses naturelles est-elle nécessaire pour un médecin ?) et Estne luis uenerea et pestis idem contagium ? (La syphilis et la peste sont-elles la même contagion ?), fut licencié le 31 mai 1604, et reçu docteur le 1er juillet 1604, après avoir débattu sous la présidence de Pierre Séguin, son oncle, du sujet proposé par ce dernier, An coma defluens lethalis ? (La chute des cheveux est-elle une cause de mort?).
Comme son père et son oncle, il entra en conflit avec les théories et les thérapies nouvelles. En 1603, Du Chesne (Quercetanus), sieur de la Violette, médecin calviniste et alchimiste au service du roi Henri IV, publia le De priscorum Philosophorum veræ medicinæ materia, où il définissait les principes de la médecine alchimique et pratique, illustrés par un traité sur la composition des médicaments et par quatre Consilia, dédiés à des médecins célèbres de Paris et de Montpellier. En fait, plusieurs docteurs de la Faculté de Paris se montraient ouverts aux idées nouvelles, et essayaient de trouver un compromis entre elles et la tradition galénique. Ils devaient se heurter à la rigidité de la Faculté et s’exposaient à être jugés par la cour du Parlement. En décembre 1597, la Faculté s’était ainsi opposée à un de ses docteurs-régents, Pierre Le Paulmier, neveu d’un des médecins les plus réputés de Paris. Lors d’une assemblée tenue le 13 août 1603, le même Pierre le Paulmier reconnut publiquement avoir consulté avec Du Chesne et Mayerne (médecins spagyriques, mais jouissant aussi de la faveur du roi), il fut admonesté et on lui pardonna son imprudence. Néanmoins, la Faculté de Médecine de Paris confia alors l’examen du livre de Du Chesne à une commission d’experts, Jean Duret et Jean Riolan l’aîné. Ce dernier rendit son rapport le 9 septembre sous le titre Apologia pro Hippocratis et Galeni medicina adversus Quercetani librum ; l’assemblée des docteurs régents condamna le livre en particulier et la médecine spagyrique en général ; à la demande du censeur de l’Université, Nicolas Ellain, la faculté offrit à Jean Riolan père une salière d’argent, dispensa son fils, Jean Riolan, des frais d’inscription à la licence, et fit imprimer l’Apologia à ses frais. Elle fit également signer le 25 septembre une déclaration écrite par laquelle les docteurs-régents s’engageaient à ne pas consulter avec des spagyriques ou empiriques. Mayerne répliqua par une Apologia, dans laquelle il défendait la formation médicale acquise à Montpellier et sa pratique héritée des préceptes d’Hippocrate, et en appelait à l’arbitrage du roi et de son premier médecin André du Laurens. La réplique s’envenima. Jean Riolan le Jeune prit à son tour la plume en 1604 contre Du Chesne, Mayerne et deux Orléanais qui avaient pris leur défense, le médecin Israël Harvet et le chirurgien Guillaume Baucinet, une plume qui témoigne suffisamment de la vitalité et de l’acribie de ces disputes dans le Brevis excursus in battologiam Quercetani. Le 10 juin 1604, la Faculté interdit à Mayerne, en dépit de son titre de médecin du roi, d’exercer la médecine à Paris. Le 18 octobre 1607, Jean Riolan réussissait encore avec Simon Piètre à convaincre le Conseil de la Faculté de s’opposer à la réintégration des médecins Du Chesne et Mayerne, malgré l’intervention du roi. L’affaire ne sera réglée qu’en janvier 1609.
Le nom de Jean Riolan fils reste lié à de nombreuses polémiques. De 1613 à 1618, une querelle l’opposa aux chirurgiens Habicot et Masuyer à propos d’ossements découverts peu de temps auparavant et attribués à un géant, au chef teuton Theutobochus, défait par Marius en 105 av. J.C. ; sous le titre Discours véritable de la vie et de la mort du géant Theutobocus, un livre fut publié en 1613, sous le nom de Jacques Tissot ; Jean Riolan riposta avec une Gigantomachie, puis en 1618, avec une Gigantologie, où il conclut raisonnablement à une imposture. Il s’opposa ensuite au médecin Jacques Duval de Rouen sur la question de l’hermaphrodisme. En 1612, Jacques Duval avait publié l’histoire du procès d’un hermaphrodite de Rouen à qui il avait sauvé la vie, Des hermaphrodits, accouchemens des femmes, et traitement qui est requis pour les relever en santé, et bien élever leurs enfans ; deux ans plus tard, Jean Riolan publia un pamphlet, un Discours sur les hermaphrodites où il est demonstré contre l’opinion commune qu’il n’y a pas de vrais hermaphrodites.
Mais Jean Riolan consacra l’essentiel de sa vie à l’anatomie. Pendant ses études, il avait rempli les fonctions d’archidiacre, grâce à l’appui de son oncle, puis avait présidé à plusieurs dissections après son doctorat. En 1604 il fut nommé professeur à la chaire d’Anatomie, de Botanique et de Pharmacie du Collège Royal. Cette chaire avait été créée par Henri IV en 1595, à la demande de son premier médecin André du Laurens; elle fut d’abord occupée par Pierre Ponçon, médecin originaire d’Antibes qui était venu étudier la médecine à la Faculté de Paris, mais qui mourut jeune, en juillet 1603, épuisé par ses cours et ses consultations, selon Goujet. L’année suivante, André du Laurens fit nommer Jean Riolan sur cette même chaire.
Plusieurs universités en Europe avaient commencé à construire des amphithéâtres anatomiques en dur dès la deuxième moitié du XVIe siècle ; en 16O8, des lettres patentes de Henri IV autorisèrent Nicolas Jabot, médecin du roi et doyen de la faculté de médecine, à acheter une maison faisant l’angle de la rue de la Bûcherie et de la rue du Fouarre, pour y construire un amphithéâtre. Des travaux furent décidés mais ne commencèrent qu’en 1614 et ne furent pas achevés avant 1617. Ce fut cet amphithéâtre que Jean Riolan inaugura en 1622, non sans quelques troubles causés par les élèves chirurgiens de Saint-Côme qui avaient depuis 1615 un amphithéâtre destiné aux « maistres du Collège pour y faire les lectures et anatomies démonstratives et autres actes de chirurgie », et qui supportaient mal le mépris du docteur-régent. En 1618, Riolan présenta au roi Louis XIII une requête en vue de l’établissement d’un Jardin des Plantes dans l’Université de Paris, mais le projet ne fut réalisé que bien des années plus tard. Nommé premier médecin de Marie de Médicis en 1632, il suivit la reine-mère en exil jusqu’à sa mort en 1642 à Cologne ; lui-même écrira que cette charge fut « laborieuse », parce que l’état de santé de la reine requérait sa présence continuelle et qu’il ne put s’exercer à l’anatomie pratique tant qu’il fut au service de Marie de Médicis. Il revint deux fois à Paris pour se faire « tailler » (opérer d’une lithiase).
Plusieurs traités, en latin et en vernaculaire, témoignent de son souci d’expliquer l’anatomie, en particulier celle des os, et de la rendre accessible aux étudiants, tout en privilégiant la pratique de la dissection, qui lui permettait de nouvelles observations sur des structures (l’arcade de Riolan par exemple le long du côlon, canaux hépatique et cystique) : Comment peut-on jamais devenir bon anatomiste sans s’y exercer de l’œil et de la main ?, écrit-il en 1628 dans son Anthropographie. Mais cet éloge de la pratique anatomique va de pair avec un respect absolu des Anciens. Les traités qu’il rédigea montrent peu d’ouverture, mais beaucoup de critiques adressées nommément à Pecquet, à Bartholin, à Harvey, confondus avec les empiriques, les paracelsistes et autres agents perturbateurs de la doctrine galénique. Il est facile aujourd’hui de relever les erreurs et les entêtements doctrinaux de celui que Guy Patin excusait en vertu de son tempérament « tétrique », mais qui ne sont en fin de compte que le reflet d’opinions soutenues par la majorité des enseignants de la Faculté de Médecine de Paris et du Collège Royal à la même époque, dont Riolan est le produit le plus achevé.
Devenu doyen des Professeurs du Collège Royal, il se démit en 1654 de sa charge en faveur de Guy Patin, à condition, pour ce dernier, de ne jouir des émoluments qu’après le décès de Riolan et à raison d’une somme de 4000 livres t. à verser à Marie de Procé, petite-fille de Riolan, dans les deux mois après l’entrée en jouissance de la chaire. Jean Riolan mourut en mars 1657, comme Guy Patin en informe Falconnet : « Nous avons ici perdu le bonhomme M. Riolan, âgé de soixante-dix-sept ans moins cinq heures. Il ne fut que trois jours malade de la suppression d’urine qui l’emporta. Il étoit trop déréglé en son boire ; il ne pouvoit tremper son vin comme il falloit. Tout est scellé en sa maison ; ses enfants plaident les uns contre les autres, à cause de son second fils qu’il a déshérité pour ses débauches ».
Offices et dignitésProfesseur d’anatomie, de botanique et de pharmacie au Collège Royal, Doyen des professeurs royaux, médecin du Roi, premier médecin de la reine.
Maisons intégréesHenri IV, Marie de Médicis.
Œuvres- Comparatio veteris medicinæ cum nova, Hippocraticæ cum Hermetica, Dogmaticæ cum Spagyrica, Paris, 1605;

- Adiunctum est examen animadversionum Baucyneti et Harveti, Paris, 1605 ;

- De monstro nato Lutetiæ anno Domini 1605. Disputatio philosophica per I. Riolanum filium, doctorem medicum, Anatomiæ et Pharmaciæ professorem regium, Paris, 1605;

- Censura demonstrationis Harveti pro veritate Alchymiæ, Paris, 1606;

- Schola Anatomica novis et raris observationibus illustrata, Paris, 1608;
- Gigantomachie, Paris, 1613;

- Osteologia ex veterum et recentiorum præceptis descripta, 1614 [commentaires du livre des os de Galien];

- In librum Claudii Galeni de ossibus ad Tyrones explanationes apologeticæ pro Galeno adversus novitios et novatores Anatomicos, Paris, 1613;

- Discours sur les hermaphrodites où il est demonstré contre l’opinion commune qu’il n’y a pas de vrais hermaphrodites, Paris, 1614;

- Gigantologie. Discours sur la grandeur des géants, Paris, 1618;

- Anthropographia ex propriis et novis observationibus collecta, Paris, 1618;

- Requête au roi pour l’établissement d’un Jardin Royal à Paris,Paris, 1618;

- Anthropographia et osteologia, omnia recognita, triple auctiora et emendatiora, Paris, 1626, 1628;

- Les œuvres anatomiques de M. Jean Riolan : le tout rangé, corrigé, divisé, noté et mis en français par M. Pierre Constant, Paris, 1628-1629;

- Encheiridium Anatomicum et Pathologicum, Paris, 1648 [traduction française en 1652 par Sauvin] ;

- Curieuses recherches sur les escholes en medecine de Paris et de Montpellier par un ancien docteur en medecine de la faculté de Paris, Paris, 1651;

- Opuscula Anatomica varia et nova, imprimis de motu sanguinis eiusque circulatione vera ex doctrina Hippocratis, Paris, 1652 ;

- Responsiones duæ, prima ad experimenta nova Joannis Pecqueti, altera ad pecquetianos duos doctores parisiensis, adversus sanguificationem in corde. Accessit eiusdem Riolani iudicium novum de venis lacteis, Paris, 1655.
Observations
Bibliographie et sources
Sélection bibliographique- René Tabuteau, Deux anatomistes français : les Riolan, Paris (thèse de la faculté de médecine de Paris), 1929;

- Françoise Lehoux, Le cadre de vie des médecins parisiens, Paris : Picard, p. 6, 99, 106, 112 ;

- Commentarii Facultatis Medicinæ, t. IX, f° 36v-37v, 318r-322r, 422v-423v, 458r [dispenses des frais d’inscription], t. X, f° 66r- 68r, 117v ;

- Léon Le Fort, « Riolan », Conférences historiques de la Faculté de Médecine de Paris, Paris : Baillière, 1866, p. 109- 140;

- Madeleine Jurgens, Marie Antoinette Fleury, Documents du Minutier central concernant l'histoire littéraire (1650- 1700), Paris : PUF, 1960, p. 300;

- Didier Kahn, Alchimie et paracelsisme en France, Genève : Droz, 2007, p. 258-273, 357-409 ;

- Claude-Pierre Goujet, Mémoire historique et littéraire sur le Collège Royal de France, 3 tomes, Paris : chez Augustin-Martin Lottin l’aîné, 1758 ; éd. consultée Slatkine Reprints, Genève, 1971, p. 310-311 ;

- Guy Patin, Lettres à Charles Spon, janvier 1649-février 1655, Étude et édition critique par Laure Jestaz, 2 tomes, Paris : Champion, 2006, passim ; et Lettres de Guy Patin, édition Reveillé-Parise, Paris : Baillière, 1846, t. III,449, p. 71.
Ressources électroniques- M. A. Dechambre (dir.), Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, III, t. 5, RHU-RYT, Paris, 1864-1889, p. 55-56 [article d’A. Chéreau]; http://www.bium.univ-paris5.fr/livanc/index.las ?p=&dico&chapitre=riolan
Notice
Auteur de la noticeJacqueline Vons
Date mise en ligne2010-02-09 21:29:22
Comment citer cette noticeJacqueline Vons, « Riolan, Jean (1580-1657) » dans : Le Monde médical à la cour de France. Base de données biographique publiée en ligne sur Cour de France.fr (http://cour-de-france.fr/rubrique437.html).
N° dictionnaire58