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Base de données "Le monde médical à la cour de France"

Grévin, Jacques (1538-1570).
Naissance1538
- LieuClermont en Beauvais
Décès05/11/1570
- LieuTurin
Famille
Père
Mère
Mariage(s)
EnfantsGrévin, Marguerite-Emmanuelle (filleule de Marguerite de Savoie).
ObservationsParmi les protecteurs de Grévin figure la famille des Warty, gouverneurs de Clermont ; Madeleine de Suze, belle-fille du gouverneur, avait recommandé Grévin à Marguerite de Savoie, qui se chargea des funérailles du médecin et s'occupa de sa veuve et de sa fille à Turin.
Vie et oeuvre
SpécialisationMédecin. Poète. Auteur dramatique.
FormationÉtudes à la faculté de médecine de Paris. En 1560, il subit les épreuves du baccalauréat après 4 ans d’études ( probavit quatuor annos sui studii). En 1561, il est licencié après avoir disputé une thèse le 14 juin. Le 9 mars 1563, il présente la thèse de vespéries et le 16 mars il reçoit le bonnet doctoral sous la présidence de Millet.
Biographie abrégéeLe père de Jacques Grévin, marchand drapier, mourut jeune. L’enfant est élevé par ses oncles, Jacques Grévin et Pierre de Prong, qui l’envoient à Paris vers 1551-1552 au collège de Boncourt (ou de Beauvais), où il a pour maître Marc-Antoine Muret et pour condisciple Étienne Jodelle. Après sa maîtrise ès arts obtenue en 1556, il s’inscrit à la faculté de médecine de Paris, tout en se faisant connaître comme poète, auteur dramatique et satirique. Il obtient le baccalauréat en 1560, sous le décanat d’Antoine Tacquet, et publie un recueil de sonnets, la Gélodacrye. En janvier 1561, il quitte précipitamment Paris (apparemment après la saisie chez Martin Lhomme et la condamnation d’un libelle dirigé contre le cardinal de Lorraine, L’epistre envoiée au Tigre de la France) et trouve refuge auprès de la reine Élisabeth d’Angleterre, à qui il dédie un long poème Le chant du cigne. Il revient en France pour subir les épreuves de licence de médecine, avec une amende pour son absence. Il est reçu docteur le 16 mars 1563. Sa signature figure de 1563 à 1567 sur les registres de la faculté pour approbation de la reddition des comptes par le doyen sortant ; toutefois ses prises de position en matière de doctrine religieuse et médicale lui valent l’hostilité de collègues de la Faculté de Médecine de Paris. En 1564, une querelle l’oppose à Jacques Charpentier, médecin et professeur de mathématique et de philosophie au Collège Royal, qu’il accuse de calomnies.
En 1566, sous le décanat de Simon Piètre, il entre en conflit avec le médecin Louis de Launay, de la Faculté de Médecine de Montpellier. Celui-ci, exerçant à La Rochelle, avait dédié aux magistrats de cette ville en 1564 un petit livre sur La Faculté et Vertu admirable de l’antimoine avec reponce à certaines calomnies, auquel Grévin répond vivement avec le Discours contre l’antimoine contre ce qu’en a escrit Loys de Launay, dédié à M. de Carnavalet, gouverneur du duc d’Anjou, futur Henri III. Il y expose la nocivité du produit et demande aux magistrats d’en interdire la vente. La même année, le 3 août 1566, la Faculté condamne officiellement l’usage de l’antimoine. En 1567, Grévin fait paraître le Second Discours contre l’antimoine. Pour servir d’apologie contre ce qu’a escrit M. Lois de Launay (Apologia aduersus Launetum Empyricum Rupellanum). Il doit s’exiler une fois encore à Londres, puis rejoint Christophe Plantin à Anvers en octobre 1567.Il y publie plusieurs ouvrages, essentiellement des traductions en français : les Emblèmes de Sambucus, les Emblèmes d’Adrien le Jeune, le Traité des venins de Nicandre.
On ignore la durée de son séjour à Anvers et la date de son départ pour Turin. Une chose est certaine : il est absent à l’Assemblée annuelle de la Faculté de Médecine le 6 novembre 1568, jour où Jacques Charpentier inaugure ses fonctions de Doyen. Les Commentaires signalent que l’assemblée rejeta une requête présentée par le docteur-régent Rousselet en faveur de Grévin, absent, demandant que les droits qui lui étaient dus soient payés à sa femme. La requête est rejetée sous prétexte que Grévin n’a pas prononcé le serment d’obédience à la religion catholique et romaine exigé à la fois par un édit royal et par les décrets de l’Université. Un an plus tard, le nom de Grévin est rayé du tableau des docteurs-régents de l’université. Grévin ne sera plus que « médecin à Paris ».
Mais Jacques Grévin est probablement déjà à Turin où il a suivi sa protectrice Marguerite de France, dont il est le médecin ordinaire et le conseiller. On ignore tout de ses fonctions de conseiller, sinon qu'il fait un voyage à Rome et qu'il est précepteur du duc Charles-Emmanuel (né en 1562), fils unique de Philibert-Emmanuel. Il meurt à Turin le 5 novembre 1570.
Si Jacques Grévin se fit des ennemis, aussi bien médecins (Jean Le Bon, médecin du cardinal de Guise Louis de Lorraine, Charpentier) que poètes (il se fâcha avec Ronsard), il eut aussi de très nombreux amis dans le monde médical comme en témoignent les sonnets et épithalames qu’il leur adressa : parmi les médecins parisiens (Millet, Rousselet, Jean de Gorris), une place privilégiée est accordée à Florent Chrestien (son « amy singulier », précepteur d’Henri de Navarre), mais on trouve aussi les noms de François Rasse Des Neux, chirurgien huguenot, et de poètes et d'artistes (Jodelle,Baïf, Daurat).
Offices et dignitésMédecin et conseiller de Marguerite de France, duchesse de Savoie.
Maisons intégréesMarguerite de France.
Œuvres-L’Olimpe [recueil poétique composé en l’honneur de Nicole Estienne, fille du médecin Charles Estienne, qui épousera Jean Liébault, également médecin de la Faculté de Médecine de Paris], Paris, 1560 [réédité en 1570] ;
-Le théâtre de Jacques Grévin de Clermont en Beauvaisis. Ensemble les autres œuvres Poëtiques dudict Auteur, Paris, 1561 [comprenant une tragédie, César et deux comédies, Les Esbahis et La Trésorière. L’ouvrage est dédié à Madame Claude de France, duchesse de Lorraine. Henri II lui aurait commandé cette pièce pour le mariage de Claude de France avec Charles II, duc de Lorraine le 22 janvier 1558. La représentation en fut différée. L’ouvrage fut réimprimé en 1562 et corrigé en 1567] ;
- La Gélodacrye, Paris, 1561 [éd. par M. Clément, “Collections textes et contretextes”, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2001] ;
-Responce aux calomnies n’agueres malicieusement inventees contre J. G, Paris, 1564 ;
-Deux livres des venins, ausquels il est amplement discouru des bestes venimeuses, thériaques, poisons et contre poisons, par Jacques Grévin de Clermont en Beauvaisis. Ensemble les œuvres de Nicandre, medecin et poete grec, traduictes en vers françois, Anvers : Christofle Plantin, 1567-1568 [traduction des Thériaques (description d’animaux venimeux et des antidotes à leur venin) et des Alexipharmaques (petit traité de poisons et d’antidotes) que Jean de Gorris avait annotés et publiés en latin en 1557] ;
-De l'imposture et tromperie des diables : des enchantements et sorcelleries, Paris : Jacques du Puys, 1567 [traduction du traité de Wier] ;
- Discours contre l’antimoine contre ce qu’en a escrit Loys de Launay, Paris, 1566 ;
- Second Discours contre l’antimoine. Pour servir d’apologie contre ce qu’a escrit M. Lois de Launay (Apologia aduersus Launetum Empyricum Rupellanum, Paris, 1567 ;
-Anatomes totius ære insculpta delineatio, cui addita est Epitome, innumeris mendis repurgata, quam de corporis humani fabrica conscripsit clariss. And[reas] Vesalius), Paris : André Wechel, 1564 [reprise et correction de l’édition donnée par Gemini] ;
- Les portraicts anatomiques de toutes les parties du corps humain, gravez en taille douce, par le commandement de feu Henry huictiesme Roy d'Angleterre. Ensemble l'abbregé d'André Vesal, et l'explication d'iceux accompagnée d'une déclaration anatomique, Paris : André Wechel, 1569 [traduction du texte latin de 1564].
Observations
Bibliographie et sources
Sélection bibliographiqueColombe, Jacques, « Portraits d’ancêtres. Jacques Grévin », dans Hippocrate, Revue d’humanisme médical, 16, 1949, p. 1-48 ;
-Pinvert, Lucien, Jacques Grévin, Paris : A. Fontemoing, 1899 ;
-Commentarii VII, f° 47r et 48v,62v, 66r, 82, 93 à 114 passim, 172, 187 ;
- Guichenon, Samuel, Histoire généalogique de la royale maison de Savoye, Lyon, 1660 ;
- Aulotte, Robert, « Une version retrouvée de Jacques Grévin: les Conjugalia praecepta de Plutarque de Chéronée », dans Hommage à Marie Delcourt, Latomus 114, 1970, p. 352-360 ;
-Vons, Jacqueline et Velut, Stéphane, André Vésale, Résumé de ses livres sur la fabrique du corps humain, Paris : Les Belles Lettres, 2008, p. XCV-XCVI et XCIX-C.
Ressources électroniques-Éloy, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, Mons : H. Hoyois, 1778, p. 385-386, http://www.bium.univ-paris(.fr/histmed/medica/page?146144x02&p=390 ;
-Encyclopédie méthodique de médecine par une société de médecins, Paris : Panckoucke, 1787-1830, http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/page?07410xM06&p=721 ;
- Vons, Jacqueline, Jacques Grévin (1538-1570) traducteur de Vésale. Questions de nomenclature anatomique, http://www.msha.fr/livrescientifique/pdf/grevin_%20traducteur_de_vesale.
Notice
Auteur de la noticeJacqueline Vons
Date mise en ligne2010-12-27 22:13:59
Comment citer cette noticeJacqueline Vons, « Grévin, Jacques (1538-1570)», dans : Le Monde médical à la cour de France. Base de données biographique publiée en ligne sur Cour de France.fr (http://cour-de-france.fr/rubrique437.html).
N° dictionnaire67