La fin du règne de François Ier et l’avènement d’Henri II d’après les dépêches de Jean de Saint-Mauris (1547)
David L. Potter
David L. Potter, La fin du règne de François Ier et l’avènement d’Henri II d’après les dépêches de Jean de Saint-Mauris (1547), Paris, Cour de France.fr, 2013. Article et documents inédits mis en ligne le 1er avril 2013 (https://cour-de-france.fr/article2749.html).
Introduction
L’avènement d’Henri II à la fin de mars 1547 signale une rupture du style politique et du personnel des hauts dirigeants de l’État. Ces événements ont été décrits par les historiens de la politique comme Charles Paillard, Francis Decrue et Lucien Romier, peut-être d’une manière anachronique, comme la « révolution de palais » la plus fondamentale de l’époque moderne. Selon Paillard, « il n’y eut peut-être jamais de révolution de cour aussi complète que celle qui se produisit à l’avènement d’Henri II ». C’est un point de vue réitéré par Robert Knecht dans son étude fondamentale sur François Ier [1].
Il faut d’abord constater que de tels événements n’ont pas été anormaux au début d’un règne. Louis XI congédia beaucoup des serviteurs de son père en 1461 ; les avènements de Charles VIII en 1483, de Louis XII en 1498 et surtout de François Ier en 1515 témoignent du fait que chaque roi voulait plus ou moins renouveler le personnel de la haute direction politique au début de son règne [2]. On doit par conséquent se demander pourquoi les événements de 1547 sont devenus si notables dans l’historiographie du XVIe siècle. L’explication se trouve peut-être dans les modèles explicatifs qu’ont offerts les historiens des guerres de religion. Lucien Romier suggère que la conséquence de la « révolution du palais » de 1547 fut un conflit des factions qui mena directement à l’effondrement de l’État en 1559-1562, une fois que la main dirigeante du roi fut absente [3]. Plus récemment, la monographie de Nicolas le Roux, sur le rôle des favoris de cour au XVIe siècle, commence autour de 1547 [4].
Parmi les récits contemporains des événements de 1547, les dépêches de Jean de Saint-Mauris, ambassadeur impérial, sont parmi les plus riches et vivantes. Quelques-uns de ces documents ont été étudiés au XIXe siècle par Charles-Hippolyte Paillard, historien né à Valenciennes, connaisseur des Archives générales du Royaume de Belgique à Bruxelles. En 1877 [5], il publia deux textes : une dépêche du 20 avril 1547 à la reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, et un compte-rendu des événements autour de la mort de François Ier, rédigé à la fin d’avril 1547, tirés des copies envoyées à la reine de Hongrie à Bruxelles [6]. Presque en même temps, l’historien franc-comtois Auguste Castan publia huit dépêches de Saint-Mauris, qu’il trouva parmi les papiers de Granvelle à la Bibliothèque de Besançon, où se trouvent des extraits des dépêches du 11 février et fin de février destinées à l’empereur, des 12 et 25 mars destinées à Granvelle et un long mémoire envoyé à Granvelle, auquel il donne la date d’« avril 1547 » mais qui est sans doute du 6 avril selon une copie à Vienne (doc. 15). [7] Les historiens de François Ier et d’Henri II se sont beaucoup servis de ces textes pour éclaircir les événements de 1547 sans toujours tenir compte du fait qu’ils ne constituent qu’une partie très restreinte d’une série très volumineuse de dépêches de l’ambassadeur et que le compte-rendu du 20 avril, quoique très réfléchi, est rédigé rétrospectivement ; il s’agit d’un sommaire qui manque en effet l’immédiateté des événements. La série complète des dépêches à l’empereur et à Marie de Hongrie, préservée aux archives de Vienne (Haus-, Hof- und Staatsarchiv), nous
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donne un point de vue plus immédiat et place les événements dans le cadre des relations politiques entre François Ier et Charles V.
Le Franc-Comtois Jean de Saint-Mauris, très étroitement lié au groupe dirigeant du régime Habsbourg, et en particulier aux Granvelle, [8] avait été nommé ambassadeur de l’empereur après le traité de Crépy en 1544 et avait établi un réseau important d’informateurs à la cour et à Paris. En visite à Caen avec le roi en juin 1545, on le décrit comme « un homme excellent d’honneur » [9]. Il n’y a pas de doute qu’il avait un point de vue en général hostile à la direction de la politique française. Résidant à Paris, ou souvent absent de la cour lorsque le roi se déplaçait de villages en gentilhommières, Saint-Mauris devait se fier à des informateurs. Le plus important était pour lui bien évidemment la reine Éléonore, mais il y avait aussi le médecin qui servait le roi et la reine, et plusieurs personnages de la cour dont l’identité reste masquée par des pseudonymes, même en chiffres, d’Olsatius et Trebatius. On peut facilement identifier Diane de Poitiers comme Sylvius ; avec plus de difficulté Sidus comme Bayard, Iris comme Tournon et le dauphin comme Dux, mais Olsatius et Trebatius restent difficiles à connaître, sauf que le dernier avait à toute évidence l’entrée au conseil (doc. 5) mais ne connaissait pas tout sur les négociations secrètes avec l’Angleterre (doc. 14). Ils étaient par contre tous les deux très au courant des affaires de l’Allemagne.
L’on observait pendant quelques mois le déclin de la santé du roi. En juillet 1544 et encore une fois en janvier-février 1545, il avait souffert de crises sérieuses, mais réussit toujours à les surmonter [10]. Finalement, au début de mars 1547, les ambassadeurs étrangers informèrent leurs maîtres de nouvelles complications et il faut remarquer que contrairement à la maladie mortelle de Henry VIII, restée très secrète à cause des luttes entre ceux qui voulaient saisir le pouvoir après sa mort, le déclin final de François Ier fut rapporté en détail. Selon Saint-Mauris, François Ier avait reçu les nouvelles de la mort du roi d’Angleterre avec des sentiments très ambigus. Le 11 février, il informe l’empereur qu’au moment de l’arrivée des nouvelles de sa mort, « Madame d’Estampes couru de plain sault en la chambre de la royne, estant encores assez bien matin, et trouvant la porte fermée, elle hurta très fort contre icelle, criant à haulte voix : « Nouvelles ! Nouvelles ! tellement que Sa Majesté, se doubtant que ce ne fût chose contre la Vostre, demeura si esperdue qu’elle se fût retrouvée en très grand dangier si l’on ne l’eust promptement secouru. A laquelle ladite dame d’Estampes dit : Nous avons perdu nostre principal ennemy, et m’a commandé le roy le vous venir dire ». La reine avait cru d’abord qu’il s’agissait de son frère l’empereur. L’amiral d’Annebault exprime peu après formellement ses condoléances à l’ambassadeur d’Angleterre, mais, quant au roi, le serviteur de Saint-Mauris à la cour « le vit au mesme instant fort rire et se jouer avec ses dames. » [11]. Mais un peu plus tard l’on observe la consternation du roi. Le 25 mars, Saint-Mauris écrit que
« Et luy est une mirable craincte de morir en laquelle il entre dez que ung gentilhomme anglois luy vint naguerres declarer le trespas du feu Roy d’Angleterre et dire de sa part selon qu’il l’avoit ainsi enjoinct à l’article de la mort qu’il deust penser qu’il estoit mortel comme luy, laquelle admonition l’estonna [12] ».
Le 21 mars eurent lieu les cérémonies de commémoration pour le roi d’Angleterre à Notre-Dame de Paris que Saint-Mauris commenta en grand détail. De l’ambassadeur de Ferrare Alvarotti, l’on apprend que le roi avait ordonné des robes de deuil en velours noir pour tous les ambassadeurs [13].
Pendant ce temps, l’état de santé de François Ier s’aggravait. Le 6 mars, on apprit qu’une fièvre suscitait des soucis ; le 9 que ceux-ci empiraient et que le roi avait changé son intention d’aller de Limours à Nantes, pour ensuite se rendre à Château-Thierry par la Muette et la maison de Mme d’Étampes à Meudon. L’amiral et Mme d’Étampes en étaient sérieusement effrayé. Le 11 mars, la reine apprit que le roi se portait mieux, mais le nonce du pape faisait part le 15 que l’état du roi s’empirait et qu’on avait congédié la
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« petite bande » des dames du roi, laissant seulement Catherine de Médicis, la princesse Marguerite et Mme d’Étampes auprès de lui. On écarte les habitants des villages d’une lieue autour de Rambouillet « pour eviter le bruyt » (doc. 7). Il semble que le roi avait eu un entretien avec le Dauphin et qu’il y avait de l’espoir de guérison ; on avança le 17 mars qu’il se portait mieux et que la cour se transporterait à Saint-Germain-en-Laye. Le roi avait parlé favorablement du connétable, mais lors de son rétablissement temporaire « Mme d’Étampes procura que led. seigneur Roy dit aud. dolphin que quant il luy avoit parlé dud. seigneur connestable qu’il se trouvoit aliené de son sens par sa maladie et qu’il vouloit qu’il le delaisse » (doc. 12). Saint-Mauris rapporte les détails du déclin rapide du roi après le 25 mars, dû à l’impossibilité de soigner son abcès. L’on sait assez bien du document publié par Paillard la volonté du roi de recommander Mme d’Étampes au Dauphin, ses regrets d’avoir trop travaillé son peuple par ses guerres, etc. Après son décès, Saint-Mauris, nous renseigne dans ses comptes-rendus d’avril de l’état du corps du roi ; Giulio Alvarotti ajoute des détails [14].
Les dépêches de Saint-Mauris nous renseignent minutieusement sur les changements du personnel au niveau du conseil et parmi les gouvernements des provinces. Surtout, c’est contre Mme d’Étampes et « ceulx de sa farine » que le nouveau roi dirige la vengeance. Aucune rupture n’est perceptible dans le domaine des relations internationales, et en particulier concernant la question de quelle façon il faut faire face au pouvoir grandissant de l’empereur – négocier ou résister ?
Par une sorte de paradoxe et en dépit de tous les changements politiques rapportés par Saint-Mauris, le personnel de la maison et de la chambre du roi subit moins de mutations que celles qui sont survenues au début du règne de François Ier en 1515.
Dans la dépêche de Saint-Mauris du 15 juin, on lit que « tous les officiers du feu Roy ont esté retenuz en leurs estatz, mesmes Sourdi saulf qu’il ne couche en la chambre du Roy comme il souloit en celle du pere » (doc. 26). Les mutations dans le personnel de la chambre du roi n’étaient pas aussi importantes que laissaient craindre les luttes de pouvoir pendant les dernières années du règne de François Ier, bien que François Nawrocki dans sa thèse remarquable sur l’amiral d’Annebault a signalé une certaine pacification après le triomphe de la faction de Mme d’Étampes en 1541. [15] La maîtresse du roi avait introduit beaucoup de ses amis et parents dans l’entourage du roi. Sept gentilshommes de la chambre, y inclus Anne de Montmorency, avaient disparus de l’état de la chambre de 1544 ; et vingt autres (dont le frère du connétable, La Rochepot) de celui de 1546. Dix-huit nouveaux gentilshommes apparaissent entre 1544 et 1546, parmi lesquels on trouve un parent très en faveur de Mme. d’Étampes, Nicolas de Bossut de Longueval ainsi que ses neveux, Jean de Pisseleu et François de Barbançon.
Par contraste, vingt et un des soixante et un gentilshommes de la chambre de la première année du règne d’Henri II furent hérités de la maison de son père. Trois des nouveaux gentilshommes avaient été exclus en 1544 (Estissac, Bouchage, Clervaux) [16]. Des gentilshommes qui cessent leur service dans la chambre en 1547, Claude Gouffier de Boisy devient grand écuyer dans la nouvelle cour [17], Louis de Bueil, comte de Sancerre, devient grand échanson et Charles de Cossé, grand fauconnier [18]. Beaucoup des officiers de la maison subsistaient sous le nouveau règne et même le personnel de la chambre comporte beaucoup des officiers présents sous le règne de François Ier [19]. Quatre de ceux nommés entre 1544 et 1546 se maintiennent dans leur charge sous le nouveau règne (Charles Chabot, Urfé, Oradey, Jean de Bueil).
La continuité est encore plus évidente parmi les maîtres d’hôtel : vingt-deux de ceux payés en 1546 se maintiennent sous Henri II, sept seulement sont nouvellement nommés. Par contraste, des seize maîtres d’hôtel présents la première année du règne de François Ier, seuls deux avaient servi Louis XII [20].
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C’est quelques années plus tard qu’interviendront des bouleversements importants. Des nouveaux gentilshommes placés en 1547, trente et un furent démis de leur fonction en 1551 ; quinze nouvelles nominations interviennent à la même époque. Pour le personnel de la cour au-dessous du niveau des grands favoris et conseillers, l’an 1547 n’a pas connu de bouleversements que pour les grands et pour les membres du Conseil étroit (cf. appendices).
Les documents
J’ai étudié les dépêches de Saint-Mauris en partie au cours de mes travaux sur les papiers de Jacques Mesnage, le dernier ambassadeur de François Ier auprès de l’empereur. Pour la France, on trouve assez rarement pour cette époque des séries de dépêches originales dans les archives (à part des papiers privés, ou les registres qui ont trouvé leur place dans les collections publiques). Les dépêches des ambassadeurs de Charles-Quint, par contre, ont été gardées soigneusement dans les archives de la dynastie. Elles sont destinées à de nombreux personnages : l’empereur lui-même, M. de Granvelle, la reine de Hongrie et les dirigeants du gouvernement en Espagne. Pour ceux-ci, des traductions en espagnol sont transmises à Covos et se trouvent maintenant à Simancas. Enlevée par Napoléon, une copie microfilmée de ces archives existe aux Archives Nationales, faite avant la restitution de ces documents à l’Espagne en 1940. D’autres copies d’originaux, destinées à Marie de Hongrie, se trouvent en partie aux Archives générales du Royaume de Bruxelles. Les originaux des dépêches envoyés à l’empereur se trouvent à Vienne au Haus-, Hof- und Staatsarchiv, et sont classés pour chaque année en cartons, Konv. 14-16 de la série Frankreich, diplomatische Korrespondenz, classés pour la plupart par dossier pour chaque mois, sous les étiquettes de Weisungen (instructions) ou Berichte (rapports), et aussi par dossiers à part réunissant les minutes des réponses de l’empereur. Il y a aussi des dossiers pour les lettres envoyées à la reine de Hongrie, mais, généralement, les dépêches destinées à Granvelle sont classées dans les dossiers de l’empereur (et bien sûr on trouve quelques dépêches destinées à Granvelle à Besançon). Il n’y a pas une foliation consécutive.
Toutes ces dépêches sont presque entièrement écrites en chiffres. Chaque dépêche a été normalement déchiffrée dans la marge et, souvent, il existe aussi un déchiffrement à part. Les déchiffrements marginaux sont parfois difficiles à lire et, par conséquent, il m’a fallu parfois déchiffrer les originaux moi-même, avec une clé – relativement complexe pour l’époque - que j’ai pu établir et que je donne en appendice pour ceux qui voudraient poursuivre plus avant. Le texte présenté est en principe celui du déchiffrement marginal, complété si nécessaire par le texte principal déchiffré par mes soins. De temps à autre le déchiffrement est présenté à part. Le commencement et la fin des passages chiffrés sont indiqués par une étoile : *.
Les dépêches sont très longues (certainement plus longues que les équivalents français envoyés de la cour impériale) et il semblait utile de présenter certains textes dans leur intégralité, afin de démontrer l’étendue des problèmes des relations entre la France et l’empire. Mais en général, ce ne sont que les passages qui se rapportent à la situation politique en France qui sont reproduits.
J’espère présenter postérieurement une édition des dépêches des ambassadeurs de la république de Venise et du duc Hercule II de Ferrare qui donnent une perspective différente sur ces événements. Des dépêches de l’ambassadeur d’Angleterre des mois de mars à juillet 1547, il n’en reste que trois (des 1er et 6 avril et du 16 mai) qui ont déjà fait l’objet d’une édition [21].
Lire la suite :
Dépêches de Jean de Saint-Mauris, ambassadeur impérial en France, 1547
Notes
[1] Charles-Hippolyte Paillard, « La mort de François Ier », dans Revue historique, tome 5, 1877, p. 84-120 ; p. 94. Roger Doucet, « La mort de François Ier », dans Revue historique, tome 113 ,1913, p. 309-316 (sur le récit de Pierre du Chastel des derniers moments du roi). Lucien Romier, Les origines politiques des guerres de religion, Paris, 1913, 2 vol., vol. 1, p. 20-23. Francis Decrue, Anne de Montmorency, connétable et pair de France sous les rois Henri II, François II et Charles IX, Paris, 1889, p. 7. Robert J. Knecht, Francis I, Cambridge, 1984, p. 416-25, et du même auteur Renaissance Warrior and Patron : the Reign of Francis I, Cambridge, 1996, p. 541-554.
[2] Sur 1498, voir Alain Boureau, Le simple corps du roi. L’impossible sacralité des souverains français, XVe-XVIIIe siècles, Paris, 1988, p. 93-114.
[3] Lucien Romier, Les origines politiques des Guerres de Religion, 2 vols, Paris, 1913-14, passim.
[4] Nicolas le Roux, La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547-vers 1589) Seyssel, 2000. Il faut aussi toujours se souvenir de l’Histoire particulière de la court du Roy Henry II attribué à Jean de Fraisse (Archives curieuses de l’histoire de France, 1834-49, 30 vol. ; sér. 1, vol.3, p. 273-306).
[5] Charles H. Paillard, La mort de François Ier….
[6] Il a écrit beaucoup sur l’histoire de Valenciennes. Parmi ses autres publications, on pourrait citer entre 1877 et 1880, « Documents relatifs aux projets d’évasion de François Ier, prisonnier à Madrid », dans Revue historique, tome 9, 1878, p. 297-367 ; « Le voyage de Charles-Quint en France en 1539-1540 » dans Revue des questions historiques, XXV, 1879, p. 506-550 ; « Voyage dans les Pays-Bas et maladie d’Éléonore d’Autriche, femme de François Ier - 1544 », dans Mémoires de l’Académie des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts du Royaume de Belgique, XXX, 1888 ; « Additions critiques à l’histoire de la Conjuration d’Amboise », dans Revue historique, tome 14, septembre 1880.
[7] A. Castan, « La mort de François Ier et l’avènement de Henri II d’après les dépêches secrètes de l’ambassadeur impérial Jean de Saint-Mauris », dans Mémoires de la Société d’Émulation du Doubs, 1878, p. 422-454.
[8] Jean de Saint-Mauris, né d’une famille patricienne de Dole et seigneur de Montbarrey, épousa Étiennette Bonvalot, sœur de François, abbé de Saint-Vincent, ambassadeur en France jusqu’en 1540 et de Nicole, femme de Nicolas Perrenot de Granvelle. Il était docteur en droit, conseiller au Parlement de Dole, conseiller et maître des requêtes ordinaire dans le conseil privé des Pays-Bas en 1541, ambassadeur en France en 1544-49 puis président du conseil d’État ; père de Jacques, prieur de Bellefontaine, homme de confiance du cardinal de Granvelle. Il meurt à Dole en 1555 (M. van Durme, « Les Granvelle au service des Habsbourg », dans K. de Jonge, G. Janssens, Les Granvelle et les anciens Pays-Bas, Louvain, 2000. Sur les rameaux nombreux de la famille Saint-Mauris, voir C. E. P. de Saint-Mauris-Chatenois, Généalogie historique de la maison de Saint-Mauris du comté de Bourgogne, depuis le XIe siècle,Vesoul, 1830.
[9] Loys Richeart à Jacques Mesnage, 28 juin 1545, BnF ms. fr. 17890, folio 155.
[10] Au mois de juillet 1544, au milieu de la crise de l’invasion par Charles V, François Ier restait au lit à Saint-Maur « fort malade, et a desjà plus de dix jours quy ne bouge du lit d’une fièvre » (C. Paillard, L’invasion allemande en 1544, Paris, 1884, p. 305-307). Voir aussi l’ intelligence envoyée par Saint-Mauris, février 1545 dans G.A. Bergenroth, P. de Gayangos, M.A.S. Hume, R. Tyler (éd.), Calendar of Letters, Despatches and State Papers Relating to the Negotiations Between England and Spain, Preserved in the Archives at Simancas and Elsewhere (1485–1558), Londres, 1862–1954, 13 vols. ; vol. 8, n° 115, p. 217-230 [CSP Spain] ; J. Brewer, J. Gairdner and R.S. Brodie (éd.), Letters and Papers, Foreign and Domestic, of the reign of Henry VIII, Londres, 1862–1932, 33 vol. ; vol. 20, i, 619 [L&P] , qu’on a datée par erreur au mois d’aout 1545. Le CSP Spain (Simancas Estado 641) ajoute des détails omis en L&P mais donne aussi la date fautive. L’on perça l’abcès le 7 janvier 1545 (A. Desjardins, Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, Paris, 1859-86, 6 vol. ; vol. 3, p. 142). Voir aussi Knecht, Renaissance Warrior and Patron…, p. 495.
[11] Saint-Mauris à l’empereur, 11 février 1547, cité par A. Castan, La mort de François Ier…, p. 441-442. Ce témoignage important sur la réception de la mort du roi d’Angleterre se trouve à la Bibliothèque de Besançon, MS Granvelle 40, folios 139-148, et dans le contexte d’un long récit des relations entre la France et l’empereur. Le document n’ayant pas été imprimé dans Charles Weiss, Papiers d’état du cardinal de Granvelle, Paris, 1841-52, 9 vol. ; vol. 3, et vu que Castan ne donne qu’un extrait très court, on le publié ci-dessous (doc. 2).
[12] Saint-Mauris à Granvelle, le 25 mars (doc. 12).
[13] Alvarotti au duc de Ferrare, 31 mars 1547, Archivio de Stato, Modena, Estero, Carteggio Ambasciatori, Francia, Busta 24 : « Nel mezzo del coro era un gran catafalco tutto di velluto nero, con molte croce et carico di lumi di cera gialla, sotto il quale era il mortorio, dove fingevano dentro il corpo, coperto di braccato d’oro riccio, sopra [ ? ncio] con una gran croce bianca nel mezzo con altre cose. (...) ».
[14] Alvarotti au duc de Ferrare, 11 avril 1547, Modena AS, Francia, Busta 24 : « El Re, vivendo, comandò a Mons. di Buiansi, uno de’ sua medici, che quando fusse morto lo facesse aprire, che troverria che non havea mai conosciuto il suo male. Così doppo morto lo fecero aprire da un capo all’altro, et trovorno il cervello, il cuore et il fegato sanissimi et bellissimi. Trovorno quel polmone tutto guasto, i rognoni il medesimo. Trovorno giù a basso, vicino alle coglie, piaghe et posteme, come dire incancherite. Trovorno da un lato all’altro del corpo verso e fianchi due ulcere molto grande, le canne della gola come dire tutte abbruciate, delli quali mali si dà la colpa parte a vini gagliardi et ardenti che Sua Maestà beveva, et parte a molto più il mal franzese che hebbe già, il quale parte per non essere stato ben curato, et parte per qualche disordine di Sua Maestà haveva fatto in su detti mali nella sua persona, la quale senza dubio se fusse stata meglio curata et più ordinata sarebbe campata almeno ancora 20 anni, per esser benissimo complessionato et di fortissima natura ».
[15] François Nawrocki, L’amiral Claude d’Annebault : faveur du roi et gouvernement du royaume sous les règnes de François Ier et Henri II, thèse de doctorat, université Paris IV, 2009, 2 vol. ; vol. 1, p. 226-227 et suiv.
[16] BnF, ms. fr. 21450, folio 51-52 (annexe 1, Les gentilshommes de la chambre du roi, 1540-1550).
[17] BnF, ms. fr. 26131, folio 18v (doc. 15) : « Boisy s’est jà rendu en court, mais il est en chemin d’estre esbranlé pour le parentaige qu’il a fait avec monsr d’Estampes, estant deschassé peu avant la mort du feu Roy ».
[18] BnF, ms. fr. 26133, folio 537.
[19] Par exemple un des plus intimes gentilshommes de la chambre de François Ier, Jean d’Escoubleau, sieur de Sourdis, qui avait couché dans la chambre du roi, ayant charge des pages depuis 1540, se maintenait comme simple gentilhomme de la chambre sous Henri II jusqu’en1550. Il trouvait difficile d’obtenir son logement à la cour et ne pouvait pas obtenir la charge de maître de la garde-robe, qu’il poursuivait, blâmant Montmorency et les maréchaux de logis de la cour « ausquelz led. Sordi avoit fait ung monde de plaisirs durant son règne » ( C. Paillard, La mort de François Ier…, p. 102, 114.
[20] BnF, ms. fr. 21449, folio1-10 et fr. 7853, folio1592-1605.
[21] Patrick Frazer Tytler, England under the Reigns of Edward VI and Mary, Londres, 1839, 2 vol. ; vol. 1, p. 33-34, 35-42, 58-60 (orthographe modernisée).