Home / News / Events / Calls for papers / 31 mars 2024, Poitiers : Samouraïs et chevaliers à

31 mars 2024, Poitiers : Samouraïs et chevaliers à l’écrit et l’écran, cultures des mondes médiévaux et de la première modernité : regards croisés sur les enjeux historiques, mythologiques et artistiques

Le premier volet, consacré aux définitions et aux repérages chronologiques, s’attachera à cerner l’étude des grandes valeurs sociales, politiques et culturelles prévalant à ces périodes. Si les termes « médiéval » et « de la première modernité » s’appliquent tout autant au monde oriental qu’à l’occident, ils peuvent néanmoins être à géométrie variable selon les approches adoptées par les historiens et les pays ou les parties du monde concernées.

Comment définir le « Japon médiéval » ? On peut parler d’une période globalement inscrite entre l’ère Heian ou ère impériale (710-1185) et celle de l’unification du Japon opérée par la dynastie des Tokugawa à l’ère Edo (1603-1868), du Japon des samouraïs (1336-1573) ou encore de Japon féodal, et envisager l’organisation sociale hiérarchisée selon laquelle les chefs de clan, les daimyos et leurs guerriers samouraï imposent leur loi sur le territoire avant celle imposée par les shoguns.

On pourra donc s’interroger sur la notion même de « médiéval » (ou de « médiévalité »), se demander comment elle est liée à une série d’événements historiques et culturels marquant les grandes étapes de l’évolution humaine des collectivités concernées. Il s’agira de voir comment cette notion peut s’envisager comme une question d’état d’esprit, de valeurs ou d’éthique(s) plus que de simple chronologie. Si les samouraïs sont de grands guerriers, ils représentent également l’élite sociale, prônent des valeurs élevées (honneur, bravoure, loyauté, sens du sacrifice de soi) et sont adeptes d’arts dramatiques nobles (le théâtre Nô). La période plus largement qualifiée de période de la première modernité (1600-1800), puis le bakufu (fin de la période Edo, à la limite extrême de notre période d’analyse) voit le déclin progressif de la caste jusqu’à sa disparition à l’ère Meiji également marquée par l’émergence de nouvelles organisations sociales et culturelles.

Les productions artistiques locales, écrits, peintures ou films (films historiques, films de chambara, de samouraï ou jidaigeki), offrent de très nombreux échos de ces périodes, notamment le sengoku jidai ou Âge du pays en guerre (1467-1573) et la période pré-Edo (1573-1600), ainsi au cinéma les chefs d’œuvre d’Akira Kurosawa (Les Sept Samouraïs, Kumonosu jo / Le Château de l’Araignée, La Forteresse cachée, Kagemusha, Ran) ou de Kenji Mizoguchi (Les Amants crucifiés, Ugetsu / Contes de la lune vague après la pluie), ou encore son Chûshingura / Les Quarante-sept ronins pour la période Edo plus tardive, également souvent représentée dans les estampes du 18e siècle.

On pourra également s’intéresser à l’occident médiéval et de la première modernité selon une perspective historique, à aborder les questions relatives à la chevalerie, ce que l’on en connaît, les mythes et les légendes qui lui sont attachées, leurs représentations dans les textes, peintures ou films (Excalibur,

John Boorman), ou les valeurs éthiques qu’elle glorifie et qui définissent l’esprit de la chevalerie, en fait proche de l’esprit samouraï malgré les différences immédiates.

Le deuxième volet sera consacré à l’artiste et à son sens de l’histoire via une approche biographique et esthétique. Il s’agira de voir comment l’artiste-auteur d’hier et d’aujourd’hui — qu’il soit poète (haiku), romancier ou conteur de légendes, homme de théâtre, peintre, graveur d’estampes ou cinéaste — rend manifeste sa propre conscience de l’histoire, ce qu’il sait ou pressent de son époque ou du passé historique et légendaire, et comment il parvient à représenter son expérience et sa vision du monde par le biais d’un mode de représentation artistique propre. La représentation artistique permet également toutes variantes éthiques. On distinguera les perspectives résolument topiques et locales (Seppuku / Harakiri, Masaki Kobayashi) de celles qui se veulent plus générales et « universalisantes » (Kurosawa, Shakespeare et les adaptations occidentales).

Le troisième volet portera sur le rôle des mythologies en tant que marqueurs culturels fort(s des deux mondes, marqueurs locaux, ou plus larges, tendant vers l’universel : les bestiaires et les grandes figures mythologiques transversales (araignée, renard, loup), les sorciers et les sorcières, les grandes notions spirituelles,comme le bouddhisme et le sens de l’éphémère ou de la transcendance pour l’humain et la nature (mujô), ou les approches artistiques variées liées à la représentation de la nature. On pourra envisager ce qui pourrait relier les grands mythes humains, le Fatum grec, l’animisme shinto et le transcendantalisme occidental, la Roue de la Fortune de la Renaissance et la Roue de la Vie ou Roue de l’Être bouddhiste. Peut-on dès lors parler de choc des cultures ? Au-delà des différences immédiates, peut- on tisser la trame de schémas éthiques et philosophiques communs, d’une « trans-éthique », et de formes d’humanisme universelles ?

On pourra donc s’interroger sur :

Les aspects matériels des cultures médiévale et de la première modernité, est et ouest : artefacts, armes et armures, objets de culte réels et/ou représentés.
Les rites et pratiques quotidiennes, religieuses et culturelles des classes sociales et groupes concernés.
Les valeurs spirituelles ou ambiguïtés éthiques, notamment concernant le samouraï ou le ronin, le samouraï sans maître ; les différences et les équivalences avec les croyances et les valeurs des
Le film historique et légendaire dans les contextes médiévaux et post-médiévaux asiatiques (Inde et Chine).
Les apports esthétiques et éthiques spécifiques à la représentation picturale et cinématographique pour la construction du légendaire ou la reconstitution réaliste, ou les deux simultanément.
Les communications de vingt-cinq minutes maximum, en anglais ou en français, seront suivies d’une discussion d’une dizaine de minutes avec le public.

Une sélection de ces communications pourra donner lieu à une publication.

Conditions de soumission
Une présentation bio-bibliographique (250 mots maximum) et un abstract (de 500 mots maximum), en anglais et en français, sont à envoyer à :

Anne-Marie Costantini-Cornède : amccde at gmail.com
Pascale Drouet : pascale.drouet at univ-poitiers.fr
avant fin mars 2024

Le colloque aura lieu à Poitiers les 16-17 octobre 2025.

Responsables scientifiques
Anne-Marie Costantini-Cornède
Pascale Drouet
Bibliographie sélective
Addiss Stephen, Groemer Gerald and Rimer J. Thomas, Traditional Japanese Arts and Culture, Honolulu, University of Hawai‘i Press, 2006.

Ashkenazi Michael, Handbook of Japanese Mythology [2003], New York, OUP, 2008.

Aurell Martin et Pastoureau Michel, Chevaliers de la Table ronde, Romans arthuriens, Paris, Gallimard, 2022.

Bloch Marc, La Société féodale, 2 vol., 1e éd. 1939-1949 (1 chapitre en vol. 2), rééd. en 1 vol., Paris, Albin Michel, 1994.

Buchanan Judith, Shakespeare on Film, Harlow, Pearson Longman, 2005.

Campbell Joseph, The Masks of God: Oriental Mythology, and The Masks of God : Occidental Mythology, New York, Penguin Arkan Series, 1962 & 1964.

Caron François, Le puissant royaume du Japon, 1636 : la description de François Caron, Introd., trad. et notes de Jacques et Marianne Proust, Paris, Chandeigne, 2018.

De Castro Xavier (éd.), La Découverte du Japon 1543-1552, Paris, Chandeigne, 2017.

Costantini-Cornede Anne-Marie, Kurosawa, Shakespeare and Others: Art and the Human Experience, Paris, Michel Houdiard, 2023.

Davies Roger J., Japanese Culture: The Religious and Philosophical Foundations, Tokyo, Rutland, Singapore, 2016.

Davies & Ikeno (eds.), The Japanese Mind: Understanding Contemporary Japanese Culture, Tuttle, 2002.

Galbraith Stuart IV, The Emperor and the Wolf: The Lives and Films of Akira Kurosawa and Toshiro Mifune, London & New York, Faber & Faber, 2002.

Galbraith Stuart IV, Le Cinéma japonais, Paris, Taschen, 2009.

Ehrlich Linda & Desser David (eds.), Cinematic Landscapes: Observations on the Visual Arts and Cinema of China and Japan, Austin, University of Texas Press, 1994.

Ellisseff, Danièle & Vadime, La Civilisation japonaise, Paris, Arthaud, 1974.

Fujiki Hideaki & Phillips Alastair (eds.), The Japanese Cinema Book, London, Bloomsbury/British Film Institute Publishing, 2020.

Jackson Russell (ed.), The Cambridge Companion to Shakespeare on Film, 3rd edition, Cambridge, CUP, 2020.

Keene Donald (ed.), Twenty Plays of the Nô Theatre, New York, Columbia University Press, 1970.

Keene Donald (ed.), The Pleasures of Japanese Literature, New York, Columbia University Press, 1988. Kerr KAlex, Lost Japan: Last Glimpse of Beautiful Japan, London, Penguin Books, 2015.

Le Fanu Mark, Mizoguchi and Japan, London, British Film Institute Publishing, 2005.

McDonald Keiko, Cinema East: A Critical Study of Major Japanese Films, East Brunswick, New Jersey, Associated University Presses, 1983.

Mellen Joan, The Waves at Genji’s Door: Japan Through Its Cinema, New York, Pantheon Books, 1976.

Mellen Joan, Les Sept samouraïs [trad. de Seven Samurai, London, BFI Publishing, 2002], Paris, Akileos, 2016.

Pastoureau Michel, La Vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la Table ronde, Paris, Hachette Littératures, 1976.

Prince Stephen, The Cinema of Akira Kurosawa: The Warrior’s Camera, 2nd ed., Princeton, Princeton UP, 1999.

Reischauer Edwin O., Histoire du Japon et des japonais : 1. Des origines à 1945 [trad. de Japan: the Story of a Nation, New York, Alfred Knopf, 1970], Paris, Seuil, 1997.

Richie Donald, The Films of Akira Kurosawa, 3rd expanded ed. with new preface, Berkeley & Los Angeles, California University Press, 1998.

Richie Donald, A Tractate on Japanese Aesthetics, Berkeley (CA), Stone Bridge Press, 2007. Sato Tadao, Currents in Japanese Cinema, New York, Harper & Row, 1982.

Sato Tadao, Le Cinéma japonais (2 vols.), Paris, Centre George Pompidou, 1997.

Silver Alain, The Samurai Film, 2nd ed., New York, Woodstock, The Overlook Press, 2005.

Souyri Pierre-François, Les guerriers dans la rizière. La grande épopée des samouraïs, Paris, Flammarion, coll. « Au fil de l’histoire », 2017.

Souyri Pierre-François, Samouraï. 1000 ans d’histoire du Japon, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, 2e éd. 2017.

Souyri Pierre-François, Histoire du Japon médiéval. Le monde à l’envers, Paris, Perrin, 2013. Souyri Pierre-François et Saeki Shin’ichi, Samouraïs. Du dit des heiké à l’invention du bushidô,

Paris, Arkhê, 2017.

Souyri Pierre-François, et Rosa Caroli, History at Stake in East Asia, Venise, Cafoscarina, 2012. Suzuki Daisetz, Zen and Japanese Culture, Princeton, Princeton UP, 1959.

Suzuki Daisetz, An Introduction to Zen Buddhism, New York, Evergreen Black-Cat Grove, 1964. Tessier Max, Le Cinéma japonais, 3è éd., Paris, Armand Colin, 2018.

Tesson Charles, Akira Kurosawa, Paris, Cahiers du Cinéma/Le Monde, 2008.

Tschudin Jean-Jacques, Histoire du théâtre classique japonais, Toulouse, Anacharsis Editions, 2011. Vincent Pascal-Alex, Dictionnaire du cinéma japonais en 101 cinéastes : l’âge d’or 1935-1975, Carlotta, GM Editions, 2018.

Walker Brett, A Concise History of Japan, Cambridge, CUP, 2015. Watts Alan, The Way of Zen, London, Penguin Books, 1957.

Watts Alan, Taoism: Way Beyond Seeing, Tokyo, Tuttle, 1997.

Yomota Inuhiko, What is Japanese Cinema? A History, New York, Columbia University Press, 2019. Yoshimoto Mitsuhiro, Kurosawa: Films Studies and Japanese Cinema, Durham, Duke University Press, 2000.

Zeami Motokiyo, “On the Art of Noh Drama: The Major Treatises of Zeami”, in J. Thomas Rimer and Masakazu Yamasaki (eds.), Princeton, Princeton UP, 1984.