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Du théâtre médiéval à la comédie du XVIe siècle : continuité et rupture

Madeleine Lazard

Madeleine Lazard, "Du théâtre médiéval à la comédie du XVIe siècle : continuité et rupture", dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 1997, volume 44, numéro 44, p. 65-78.

Extrait de l’article

Lorsque dans les années 1550-1560, les poètes de la Pléiade entreprennent de créer un théâtre national moderne, leur ambition est de prendre les Anciens pour modèles afin de faire revivre les grands genres antiques, comédie et tragédie dans leur ancienne dignité.

Instaurer en France une comédie régulière, une comédie à l’antique divisée en actes et scènes liées entre elles, et comportant une intrigue amoureuse, c’était répondre au vœu du manifeste de Du Bellay, la Défense et illustration. « Quand aux comédies et tragédies, si les roys et les républiques les vouloient restituer en leur ancienne dignité, qu’ont usurpé les farces et moralitez, je seroy bien d’opinion que tu t’y employasses, et si tu veux le faire pour l’ornement de ta langue tu sçais ou tu en doibs les archétypes ». Imiter les archétypes grecs et latins, rejeter la tradition du théâtre médiéval, tel était le programme des amis de Ronsard et Du Bellay.

Etienne Jodelle, Jacques Grévin, Jean-Antoine de Baïf, Remy Belleau, Jean de la Taille appartiennent à cette première génération de dramaturges — les premiers poètes tragiques sont aussi les premiers poètes comiques - qui introduit en France la comédie régulière (de 1552 date la première représentation, de 1561 la première publication d’une comédie originale en français). Leurs tentatives dramatiques sont étroitement liées à l’aventure intellectuelle de la Renaissance et à leurs efforts de rénovation de la langue, de la littérature et plus précisément de la poésie française (le théâtre étant rangé alors parmi les genres poétiques). Elles reflètent tous les enthousiasmes et tous les partis pris de ces jeunes auteurs (tous écrivent vers 20 ans), animés d’une ardeur militante : admiration inconditionnelle des Anciens, volonté de restaurer la dignité du genre comique, et ce qui nous intéresse particulièrement ici, mépris polémique pour les éléments populaires de la poésie et du théâtre, refus des formes dramatiques et de la langue médiévales.

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