10 avr. 2022, Bordeaux : Repenser les lieux de spectacle de la première modernité. Sources et méthodes du virtuel pour l’histoire du théâtre
RÉSUMÉ
Ce colloque international a pour objectif de dégager de nouvelles perspectives sur l’histoire du théâtre de la première modernité en s’intéressant aux recherches qui portent sur l’étude des lieux de spectacles, leurs usages, leur implantation dans les villes et dans l’imaginaire collectif. L’intérêt pour les lieux de théâtre anciens n’est pas nouveau mais à l’ère du numérique, il s’accompagne de nouvelles potentialités. Les problématiques principales de ce colloque s’orienteront ainsi vers la notion de virtuel en ce qu’elle permet d’interroger non seulement les outils technologiques à disposition du chercheur (réalité virtuelle, impression 3D, jeu vidéo, SIG…) mais aussi de repenser les sources parfois peu exploitées (les plans ou descriptions de lieux virtuels jamais construits) ou à réinvestir (imaginaire des espaces de spectacle dans la fiction, archives concernant les aspects matériels).
ARGUMENTAIRE
Le colloque international Repenser les lieux du spectacle de la première modernité a pour objectif de dégager de nouvelles perspectives sur l’histoire du théâtre de la première modernité en s’intéressant aux recherches qui portent sur l’étude des lieux de spectacles, leurs usages, leur implantation dans les villes et dans l’imaginaire collectif. En effet, travailler sur ces espaces permet d’envisager les conditions matérielles et artistiques du spectacle mais aussi d’interroger les usages sociaux à l’œuvre. L’intérêt pour les lieux de théâtre anciens n’est pas nouveau mais à l’ère du numérique, il s’accompagne de nouvelles potentialités. Aux méthodes d’analyse et de restitutions traditionnelles s’ajoutent les outils offerts par la modélisation numérique. Ils rendent possible non seulement de visualiser, d’analyser les théâtres et l’activité qu’ils accueillent mais aussi de faire l’expérience sensible des lieux du passé.
Les problématiques principales de ce colloque s’orienteront ainsi vers la notion de virtuel en ce qu’elle permet d’interroger non seulement les outils technologiques à disposition du chercheur (réalité virtuelle, impression 3D, jeu vidéo, SIG…) mais aussi de repenser les sources parfois peu exploitées (les plans ou descriptions de lieux virtuels jamais construits) ou à réinvestir (imaginaire des espaces de spectacle dans la fiction, archives concernant les aspects matériels). In fine, ces outils et ces sources soulèvent des enjeux qui dépassent l’écriture de l’histoire du théâtre et interrogent aussi la médiation des savoirs (pédagogie, patrimonialisation, création artistique). Conséquemment, sur le plan institutionnel, l’exploitation de ces technologies implique également un décloisonnement des champs de recherche avec l’obligation de collaboration au sein des équipes qui rassemblent des compétences très diverses, mais dont les besoins spécifiques de chaque membre ne seront pas toujours alignés. Questionner et renouveler les modalités de la recherche en histoire du théâtre sera ainsi un des buts de ce colloque, qui cherche aussi à dégager des modèles possibles pour concevoir le travail de l’historien dans un paysage universitaire international en pleine mutation.
Ce colloque vient clore le projet transatlantique Virtual Theaters in the French Atlantic World : Spectacle and Urbanism (18th-19th centuries), financé par le Thomas Jefferson Fund de la French-American Cultural Exchange (FACE) Council du Ministère des Affaires Étrangères. L’hypothèse de recherche proposée soutient que la recréation des espaces théâtraux (entre autres, par le biais du numérique) peut nous aider à mieux comprendre la façon dont les villes ont historiquement envisagé les lieux de spectacle comme un indice de valeur culturelle. Cette virtualité se retrouve tout autant dans notre intérêt pour les lieux qui n’ont pas vu le jour et sont restés à l’état de projets papier que dans l’usage de la réalité virtuelle pour reconstituer de façon sensible ces espaces. Ce projet met en évidence de nombreux types de virtualité – théâtrale, historique et technologique – qui sont inhérents à notre compréhension du passé, tout comme ils sont essentiels au développement de la recherche en sciences humaines.
Le projet Virtual Theatres in the French Atlantic World et le colloque présent qui en est issu, s’inscrivent dans le sillage de plusieurs projets internationaux qui ont recensé des salles oubliées (par exemple l’ANR Therepsicore), qui ont proposé de restituer les théâtres aujourd’hui disparus (Lost Theater Project ; Visualising Lost Theaters Project), de retrouver les sons du passé (ANR Echo), d’œuvrer à une redécouverte des lieux utopiques dans l’histoire du théâtre (exposition Théâtres en utopie), de recréer une soirée théâtrale dans un théâtre forain du XVIIIe siècle pour explorer les sociabilités à l’œuvre (VESPACE) ou encore d’interroger la manière dont l’outil virtuel permet de mettre au jour des lieux qui n’ont jamais abouti, en marge des théâtres institutionnels (The LAB 18-2, RECREATIS). Ces projets et travaux récents en histoire du théâtre, dont les exemples cités ne sauraient être exhaustifs, proposent des solutions inédites aux questions difficiles posées par l’étude des lieux de spectacle de la première modernité : quelle place donner au virtuel dans le discours historique ? Quels sont les meilleurs moyens de donner une forme perceptible aux objets virtuels ? Quelles sont les implications épistémologiques de l’informatisation des structures ou pratiques réelles ? Comment intégrer la dimension sonore inhérente à toute réflexion sur l’espace ? Cette rencontre permettra ainsi de saisir les tendances actuelles et les nouvelles orientations prometteuses qui traversent l’historiographie des spectacles et engagent aussi le renouvellement et la transmission des savoirs (comme le projet ARCHAS à l’Université de Lausanne).
Ce colloque international sollicite des propositions de communication venant de chercheurs et chercheuses appartenant à des disciplines variées (histoire, littérature, architecture, archéologie, sciences du numérique, arts de la scène, géographie). Nous encourageons des formats variés, allant de l’intervention classique (communication de 25 minutes sur des études de cas, des projets passés ou à venir, ou des théorisations disciplinaires), à la communication collective ou à l’expérience participative (ateliers, dispositifs interactifs).
Les pistes évoquées ci-dessous ne sont pas exhaustives :
La question des sources
Comment exploiter les sources (plans, documents archives…) qui restent des projets papiers, des lieux inaboutis, irréalisables voire utopiques ?
Imaginaire des lieux et perception des espaces par les contemporains. Comment la littérature (pièces de théâtre, fictions, témoignages…) peut-elle servir de source à l’étude, la restitution et la compréhension des lieux de spectacle dans leur dimension sociale, sonore et spatiale ?
Quelles sont les sources à prendre en compte dans le cas d’une restitution en réalité virtuelle ? Quelle est la part d’imaginaire ? Quelles sont les précautions méthodologiques requises pour développer les modèles virtuels et quels sont les bénéfices possibles d’une telle technologie pour la recherche ?
Outils, méthodes, théorie
Quelles méthodes et techniques numériques pour restituer les lieux du passé (« rétroarchitecture », modélisation et impression 3D, restitution sonore, jeu vidéo…) ?
Enjeux de la restitution des lieux du passé en réalité virtuelle : question de la présence ? de l’embodiment (incarnation d’un avatar) ? Quels publics ?
Quelle place pour la dimension contrefactuelle dans l’écriture de l’histoire des spectacles ?
Méthodes et enjeux de la virtualité comme outil d’investigation rétrospective et prospective.
Place des outils de cartographie dans l’appréhension des lieux de spectacle et de leurs mutations dans le temps (Système d’Information Géographique).
Enjeux et pratiques de la collaboration interdisciplinaire (SHS-sciences numériques).
Modalités de soumission :
Les langues du colloque sont le français et l’anglais. Nous n’exclurons pas forcément les propositions qui sortent du cadre de la première modernité (ca 1500-1800) si elles permettent d’engager un dialogue fécond. Les propositions de communication de 600 mots maximum, assorties d’un titre et d’une brève biobibliographie sont à envoyer pour le 10 avril 2022 au plus tard à : pauline.beauce chez u-bordeaux-montaigne.fr et jleichman chez lsu.edu
Informations diverses :
Lieu : Université Bordeaux Montaigne,
Dates du colloque : jeudi 8 et vendredi 9 décembre 2022
Colloque international organisé dans le cadre du projet Virtual Theaters in the French Atlantic World : Spectacle and Urbanism (18th-19th centuries), financé par le Thomas Jefferson Fund de la French-American Cultural Exchange (FACE) Council du Ministère des Affaires Étrangères.
Organisateurs :
Pauline Beaucé (Maîtresse de conférences en études théâtrales, Université Bordeaux Montaigne)
Jeffrey Leichman (Associate professor, French Literature, Louisiana State University)
avec l’aide de Louise de Sédouy (doctorante, allocataire-monitrice, Université Bordeaux Montaigne)
Comité scientifique :
Pannill Camp (Associate professor, Performing Arts, Washington University of St Louis)
Jan Clarke (Professor of French, Durham University)
Sandrine Dubouilh (Professeure d’études théâtrales, Université Bordeaux Montaigne, Professeure à l’Ecole Nationale d’Architecture Paris Val de Seine)
Paul François (Architecte, Ingénieur de recherche, CNRS A3M)
Jeffrey Ravel (Professor of History, Massachusetts Institute of Technology)
Françoise Rubellin (Professeure de littérature française XVIIIe siècle, Université de Nantes)
Cyril Triolaire (Maître de conférences en études théâtrales, Université Clermont Auvergne)
Bibliographie indicative :
Pauline Beaucé, Sandrine Dubouilh, Cyril Triolaire (dir.), Les Espaces du spectacle vivant dans la ville : permanence, mutation, hybridité (XVIIIe-XXIe siècles), PUBP, 2021.
Pannill Camp, The First Frame : Theatre Space in Enlightenment France, Cambridge University Press, 2014.
Marvin Carlson, Places of Performance : The Semiotics of Theatre Architecture, Cornell UP, 1993.
Jan Clarke, « Un théâtre qui n’a jamais existé : le tripot dans la rue du Temple », Les Lieux du spectacle dans l’Europe du XVIIIe siècle, Charles Mazouer (dir.), Tübingen, Gunter Narr Verlag, 2006, p. 103-117.
Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou, Pour une histoire des possibles. Analyses contrefactuelles et futurs non advenus, Paris, Points Essais, 2019.
Paul François, Florent Laroche, Françoise Rubellin, Jeffrey Leichman, « A methodology for reverse architecture : modelling space and use », Procedia CIRP, ELSEVIER, 2019.
Paul François, Jeffrey Leichman, Florent Laroche, Françoise Rubellin, « Virtual reality as a versatile tool for research, dissemination and mediation in the humanities », Virtual Archaeology Review, Spanish Society of Virtual Archaeology, In press.
Jeffrey M. Leichman, « Video Games as Cultural History : Procedural Narrative and the Eighteenth-Century Fair Theatre », Modes of Play in Eighteenth-Century France, eds. F. Falaky and R. McGinniss. Lewisburg, PA : Bucknell University Press, 2021.
Pierre Levy, Qu’est-ce que le virtuel ?, Paris, La Découverte, 1995.
Gay McAuley, Space in Performance : Making Meaning in the Theatre, U of Michigan Press, 2000.
Yann Rocher, Théâtres en utopie, Arles, Actes Sud, 2014.
Joanne Tompkins, Theatre’s Heterotopias : Space and the Analysis of Performance. Basingstoke, UK : Palgrave Macmillan, 2014.
Joanne Tompkins, and Matthew Delbridge. « Using Virtual Reality Modelling In Cultural Management, Archiving And Research. » EVA London 2009 : Electronic Visualisation and the Arts. [refereed] Conference Proceedings. Ed. Alan Seal, Suzanne Keene, Jonathan Bowen. London : British Computing Society. July 2009. 260-269.
Revue d’histoire urbaine, 2013/3, n° 38, Aller au théâtre.