Suite à la réévaluation du modèle habermassien de la séparation des sphères publiques et privées, les critiques littéraires et les historiens ont élargi notre évaluation de la signification
de la sphère publique. Loin d’être marginalisées, les femmes sont désormais considérées comme faisant partie intégrante de la politique et de la pensée politique du XVIIIe siècle en
Europe. Cela implique une révision de la définition de la sphère publique afin d’y inclure les publications sous diverses formes (pamphlets, magazines, romans, traités historiques, etc.) et
les assemblées politiques, ainsi que les espaces semi-publics tels que les cercles épistolaires et intellectuels, et une reconnaissance des différents agents au sein de ces espaces, y compris les
femmes. Les femmes étaient présentes dans les plus hautes sphères du pouvoir en Europe, en tant que reines, reines consortes, impératrices, gardiennes des robes et autres fonctions à la
cour. En outre, il y a un essor dans la recherche sur les cadres européens et mondiaux des Lumières.

Notre prochaine conférence portera sur la relation entre les Lumières féministes et les formes que l’action politique a prises dans un contexte européen. Elle considérera si et
comment les identités politiques des femmes ont été formulées et même mises en œuvre par les hommes, ou par les femmes elles-mêmes. Nous nous concentrerons également sur la
circulation de ces idées dans l’ensemble du XVIIIe siècle et sur la manière dont le discours des Lumières sur le genre et la politique a contribué ou s’est opposé au projet colonial et aux
théories raciales. Les femmes ont, par exemple, joué un rôle déterminant dans les mouvements d’abolition de l’esclavage. Les sessions porteront, entre autres, sur la place des réflexions sur
la notion de classe, l’âge, la race et la religion dans les discussions sur le genre et la politique.

Nous invitons les chercheurs des domaines de la littérature, de l’histoire, des études juridiques, des études féminines, de la théorie politique et de la philosophie du XVIIIe siècle.

Les communications pourront porter sur les questions suivantes (liste non exhaustive) :
• Quelles sont les formes de politique qui ont favorisé et celles qui se sont opposées à l’égalité entre les femmes et les hommes ?
• Quels médias ont contribué à faire circuler la pensée politique et la participation des femmes ?
• Quelles stratégies et formes politiques antiféministes ont été omniprésentes tout au long de la période ?
• Quelles tactiques ont été développées après l’attaque de type rousseauiste contre le postulat d’égalité conçu au début du siècle des Lumières ?
• Quelle est la place des questions de classe, de religion et de race dans les débats sur l’égalité ?
Les thèmes abordés seront, entre autres, les suivants : les femmes et la théorie politique ; les femmes et la pratique politique ; les sociétés de débat, les femmes à la cour, les épouses dans
le monde diplomatique, le rôle de la littérature, les réseaux de correspondance, la sociabilité ; les femmes, la politique et la culture matérielle. La conférence se déroulera dans le magnifique
centre Monte Verità à Ascona, en Suisse. Les frais d’hébergement et de repas sont pris en charge grâce au fonds Congressi Stefano Franscini et à l’Université de Zurich.

Veuillez contacter Dr Anne-Claire Michoux (anne-claire.michoux chez es.uzh.ch)