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15 juil. 2022, Namur : Pensée politique et gouvernement en occident médiéval (XIe-début XIIIe siècles). Regards croisés

Le centre de recherche des Pratiques médiévales de l’écrit (PraME) de l’université de Namur (UNamur) a le plaisir d’annoncer l’appel à contribution pour un colloque intitulé « Gouvernement et pensée politique en occident médiéval (XIe-début XIIIe siècles) : regards croisés » qui se tiendra au sein de la même université les 10-12 mai 2023.

Le « long XIIe siècle », souvent qualifié de renaissant depuis l’ouvrage célèbre de Charles H. Haskins, est une période d’importantes mutations sur le plan culturel et intellectuel, mais aussi politique et institutionnel. Les mutations gouvernementales se succèdent et posent les premières pierres d’un édifice qu’une frange de l’historiographie qualifie sous le syntagme de « genèse de l’État moderne ». Les penseurs médiévaux, majoritairement des ecclésiastiques, perçoivent également ces transformations fondamentales et les réflexions autour des questions du pouvoir et du gouvernement laïc (vanité de la cour, tyrannicide, thème du roi lettré, métaphore organiciste, etc.) fleurissent au sein de textes aux caractères extrêmement variés. En effet, en l’absence de traités spécifiques (tels les miroirs aux princes qui se développent à partir du XIIIe siècle – à l’exception notable du Policraticus de Jean de Salisbury, œuvre complexe et polysémique), la pensée politique du XIIe siècle s’exprime au détour des commentaires de la Bible et dans la littérature exégétique en général (Ph. Buc), dans les textes juridiques alors en pleine expansion (K. Pennington), dans des œuvres narratives à vocation historique (B. Weiler, E. Morgan) ou dans la littérature récréative (D. Crouch), voire dans des documents plus personnels comme la correspondance ou encore dans les préambules des chartes des gouvernants.

L’objectif de ce colloque est de mener une analyse croisée de l’action et de la pensée politique entre le XIe siècle et le début du XIIIe siècle – période généralement délaissée au profit des XIIIe-XVe siècles, caractérisés par la redécouverte du corpus politique aristotélicien –, et surtout de parvenir à faire résonner ces deux aspects du pouvoir sur une fréquence commune. Une réflexion d’ensemble, évitant l’écueil de l’opposition entre théorie et pratique politique, est nécessaire pour apporter une perspective novatrice à l’appréhension de la pensée et de l’action politique au cours de ce long XIIe siècle. Cette rencontre convie les participants à réfléchir sur une mise en relation entre des modèles ou des actes gouvernementaux concrets et des considérations plus théoriques et sur l’influence que ces deux éléments structurants pourraient avoir l’un sur l’autre. Une seconde question primordiale sous-tend ce raisonnement : celle de la finalité et de la réception des œuvres qui les contiennent. En effet, il convient de déterminer par quel(s) moyen(s) et quel(s) intermédiaire(s) les gouvernants pouvaient y avoir accès et quel impact ces textes pouvaient avoir sur leurs pratiques gouvernementales et sur les mutations évoquées ci-dessus.

Le cadre géographique des contributions est élargi à l’ensemble de l’Occident médiéval dans le but de favoriser une approche délibérément comparative et multi-spatiale. Dans la même optique, le terme de gouvernant doit s’entendre dans son sens le plus large, soit toute personne, laïque ou ecclésiastique, détentrice d’une potestas exercée sur autrui, du Pape au seigneur local, en passant par l’abbé et le prince régional. Dans le cadre de ce colloque, la discussion s’articulera autour de deux axes principaux :

Les sources de la pensée politique entre le XIe et le début du XIIIe siècle et les réflexions méthodologiques qui en découlent.
Des cas d’études précis où un système de pensée sous-tend la pratique gouvernementale, que celle-ci se réfère ou non à une pensée « savante », et inversement.
Thématiques

Le premier axe questionne les sources qui renferment la pensée politique de ce temps. La multiplicité de ses vecteurs entraîne une grande complexité d’interprétation, étant donné que les caractéristiques propres à chaque « genre littéraire » conditionnent, du moins en partie, son contenu et, partant, son interprétation. Sans littérature propre, la pensée politique, qui inclut en son sens large toute personne émettant une réflexion sur un gouvernement dans un support quelconque, s’exprime notamment au travers de la littérature exégétique, les textes juridiques, des œuvres narratives à vocation historique et de la littérature courtoise, mais aussi dans les documents très particuliers que sont les correspondances. Les compilations épistolaires ont d’ailleurs vocation à circuler et sont un puissant vecteur des idées et opinions de leur auteur. Les sources diplomatiques, essentiellement au niveau du préambule (arenga), mais aussi sigillographiques, sont le lieu d’élaboration d’une véritable théorie du pouvoir. La question centrale qui relie toutes ces sources est celle de l’étude de leur réception réelle par le gouvernant : comment celui-ci et par quel prisme avait-il accès à ces discours ? Il convient d’étudier en profondeur la destination à laquelle l’œuvre était vouée par son auteur et surtout sa réception réelle. Quel est le public de l’œuvre en question ? Parvient-elle réellement jusqu’au gouvernant ? Si oui, par quel moyen et quelle(s) interface(s) ? Quel est l’éventuel rôle des entourages dits « lettrés », qui commencent à émerger dans les curiae gouvernementales à cette époque, dans cette transmission ? Il s’agit en résumé de voir si la pensée politique théorique a pu parvenir jusqu’aux oreilles du gouvernant et éventuellement d’influencer ses pratiques gouvernementales.

Le second axe, qui découle assez logiquement du premier, entend déterminer si une éventuelle influence de certains penseurs peut être décelée dans des faits politiques concrets et ce qu’elle peut susciter comme acte tangible chez le gouvernant. En bref, comment les préceptes théoriques peuvent être intégrés et acquis par celui-ci puis retranscrits dans son action gouvernementale ? Cette locution doit se comprendre dans son sens le plus extensif et les questionnements peuvent concerner, outre les pratiques gouvernementales, les modèles de gouvernement en tant que tels (le gouvernement par conseil, la question du prince tyrannique…), regroupant des topoï comme les bons ou mauvais conseillers, le contrôle des officiers (accountability), mais aussi les questions de la justice princière, abondamment débattues par les penseurs médiévaux.

Les communicants interviendront sur une durée de 30 minutes qui sera suivie d’un temps de discussion.

Les propositions de communication devront correspondre aux thèmes de réflexion développés ci-dessus. Elles prendront la forme d’un résumé (300-500 mots), accompagné d’un titre provisoire. Elles devront être soumises par email en format Word ou OpenOffice (.doc, .docx, .odt) aux organisateurs avant le 15 juillet 2022. Avec l’idée de garder une cohérence générale à la rencontre et de favoriser les débats, les organisateurs se réservent le droit de sélectionner les propositions.

Organisateurs

Nicolas Michel (F.R.S-FNRS/UNamur) : nicolas.michel chez unamur.be

Romain Waroquier (F.R.S-FNRS/UNamur) : romain.waroquier chez unamur.be

Comité scientifique

Jean-François Nieus (UNamur), Frédérique Lachaud (Université Paris Sorbonne), Nicholas Vincent (University of East Anglia), Nicolas Ruffini-Ronzani (UNamur)