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15 nov. 2025, Nantes : Rebelles en diplomatie. Des expériences politiques singulières sur la scène internationale (XVe-XVIIIe siècle)

Argumentaire
Des guerres d’Italie à l’ère des révolutions de la fin du XVIIIe siècle en passant par l’époque des troubles confessionnels, individus et groupes dissidents n’ont cessé de projeter leur action politique sur la scène internationale, envoyant partout sur le continent des agents pour défendre leur cause et demander le secours de puissances extérieures. Peu de travaux ont toutefois été consacrés aux modalités concrètes de l’expérience internationale des rebelles. Elle est pourtant singulière car ils font irruption sur une sphère diplomatique aux usages de plus en plus codifiés, théoriquement dominée par les monarques, ministres, ambassadeurs et agents de puissances dites souveraines, qui ont tendance à revendiquer l’usage de la diplomatie comme un attribut exclusif. Souffrant pour leur part d’un déficit de légitimité politique et symbolique, les agents rebelles sont pourtant omniprésents, non seulement dans les cours européennes, mais aussi dans tous les lieux où ils peuvent rencontrer les représentants des puissances qu’ils cherchent à solliciter, vice-rois, gouverneurs, responsables militaires ou simple agents subalternes.

Les questionnements qui suivent empruntent à plusieurs champs historiographies en cours de renouvellement. Ils s’inscrivent tout d’abord dans le sillage des recherches qui se sont intéressées aux cadres concrets de la pratique diplomatique et au travail quotidien des agents, en portant l’attention non seulement sur les ambassadeurs, mais aussi sur des agents les plus divers comme les consuls, les secrétaires ou les espions. Par ailleurs, depuis une vingtaine d’années, de nouveaux travaux ont commencé à prendre en compte toute la diversité des acteurs des relations internationales au-delà des seules puissances qualifiées de souveraines : villes, marchands, ordres religieux, nobles, prélats, mercenaires, exilés, intellectuels, corsaires ou encore assemblées représentatives locales, agissent sur la scène internationale avec une certaine autonomie et y jouent leur propre partition, en continuité avec ce qui a été observé pour la période médiévale. Dans le cadre colonial, l’agentivité diplomatique des compagnies commerciales, des chefs militaires et de nombreux acteurs extra-européens a été clairement démontrée. L’intérêt pour l’action internationale des rebelles, qu’ils agissent hors de tout cadre institutionnel ou en tant qu’autorités constituées, s’inscrit donc dans cette ouverture de l’histoire de la diplomatie et des relations internationales.

Ces questionnements bénéficient aussi des importants renouvellements historiographiques autour des révoltes et des révolutions à l’époque moderne, désormais étudiées comme des moments de politisation intense, qui se manifeste notamment par les efforts des rebelles pour s’approprier des outils politiques aptes à les avantager dans leur contestation : violences symboliques, justifications juridiques et historiques, information et propagande, pratiques délibératives ; la diplomatie fait bien sûr partie de ces outils politiques dont s’emparent les rebelles. Par ailleurs, de récents travaux ont pu montrer que les révoltes sont aussi des faits géopolitiques, dont les possibles répercussions locales et internationales sont observées par divers agents diplomatiques gouvernementaux, parfois tentés d’y intervenir d’une manière ou d’une autre.

À la croisée de ces différents champs et à la suite d’un premier ouvrage consacré à cette question durant les guerres de Religion (publié en 2022), notre rencontre scientifique a pour but d’observer les mobilisations diplomatiques rebelles. L’attention portera principalement sur les questions suivantes qui ont toutes pour but de mettre en lumière des zones grises de la diplomatie, entre marginalité, normalité et centralité, dans lesquelles les mobilisations rebelles participent de l’effervescence des relations internationales de l’époque moderne. Elles permettront aussi de reconsidérer la partition entre affaires intérieures et extérieures précisément à une époque où se fixe conceptuellement et administrativement le champ des relations extérieures :

1) Les formes juridiques et symboliques des missions.

Quelles sont les instances mandantes et prennent-elles la peine de mettre en place des procédures de juridisation de leurs démarches extérieures ? Les diplomaties rebelles se soucient-elles d’imiter les formes, les procédures et les vocables des diplomaties gouvernementales ?

2) Les aspects spatiaux et géographiques de ces démarches.

Dans quelle mesure le manque de légitimité contraint-il les agents rebelles à des mobilités clandestines ? et avec quels risques ? Au-delà des cours étrangères, les rebelles s’adressent souvent aux diplomates étrangers en poste dans leur pays, ou bien aux gouverneurs de provinces étrangères frontalières. Quelles sont les spécificités des mobilisations de ce type ? Dans quelle mesure les exilés constituent-ils une sorte de diplomatie rebelle permanente auprès de puissances étrangères ?

3) La réception des agents rebelles dans les lieux où ils se rendent.

Leur arrivée suscite-telle l’embarras des pouvoirs locaux ? Ces derniers acceptent-ils de les recevoir et assument-ils ouvertement les négociations ou cherchent-ils au contraire le secret dont ils peuvent aussi chercher à jouer ? Ces négociations, quand elles sont connues, font-elles scandale, notamment aux yeux des autres diplomates ? ou au contraire sont-elles considérées comme quelque chose de banal ? Comment les représentants du gouvernement contre lequel les rebelles se sont soulevés cherchent-ils à délégitimer et à entraver les missions rebelles ? ou au contraire, éventuellement, à les instrumentaliser ?

4) Le travail concret des émissaires rebelles dans les lieux où ils sont envoyés.

Comment s’informent-ils, comment représentent-ils leurs mandants et comment négocient-ils ? Quelles sont leurs ressources et leurs fragilités, notamment sur le plan financier ? Quels sont les réseaux et les relations interpersonnelles sur lesquels ils peuvent s’appuyer ? Peuvent-ils parfois compter sur la protection de diplomates dont la légitimité est plus assurée, ou bien sur la solidarité d’agents qui accusent les mêmes fragilités qu’eux ?

5) Les aspects culturels et interculturels de l’expérience diplomatique des rebelles.

Ces derniers partagent-ils avec leurs interlocuteurs une culture diplomatique commune qui leur permet d’éviter les impairs, notamment sur le plan formel ? Ou au contraire, leur manque de maîtrise des usages constitue-t-elle un handicap dans leur mission ? Comment la dimension interculturelle de l’échange influe-t-elle sur les démarches, notamment en contexte extraeuropéen ?

L’hébergement (jusqu’à trois nuits en hôtel) et le transport seront pris en charge par les organisateurs ;

Les langues du colloque seront le français et l’anglais ;

Une publication des actes du colloque est prévue.

Modalités de contribution
Les propositions de communications (titre provisoire + résumé de 300 mots maximum + court CV d’une page, dans un seul PDF) sont à adresser, par voie électronique,

avant le 15 novembre 2025

aux adresses suivantes :

fabrice.micallef chez univ-nantes.fr
matthieu.gellard chez sorbonne-universite.fr
Équipe d’organisation
Matthieu GELLARD (INSPE Paris/Sorbonne Université)
Fabrice MICALLEF (Nantes Université/Institut universitaire de France)
Comité scientifique
Lucien BELY (Sorbonne Université/Institut de France)
Indravati FELICITE (Friedrich-Alexander-Universität, Erlangen-Nürnberg)
Géraud POUMAREDE (Sorbonne Université)
Penny ROBERTS (University of Warwick)
Marie-Karine SCHAUB (Université Paris-Est Créteil)
Éric SCHNAKENBOURG (Nantes Université)
Rebels in diplomacy Singular political experiences on the international stage (15th-18th centuries)


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