1er août 2024, Versailles : Quatre mariages et un enterrement : fêtes et célébrations franco-polonaises (1645-1725)
Colloque organisé par Marie-Claude Canova-Green (St Hilda’s College, Université d’Oxford) et Marine Roussillon (Université d’Artois), au câteau de Versailles, 25-27 septembre 2025)
Dans les Cinq siècles de relations franco-polonaises, étudiées par Christopher Laforest et Andrezej Nieuważny en 2004, les XVIIe et XVIIIe siècles consacrent de manière éclatante le renouvellement d’une amitié quelque peu malmenée par le départ précipité pour la France en juin 1574 du futur Henri III, tout juste couronné roi de Pologne[1]. De 1645 à 1766 une série de mariages unissant les deux couronnes, l’asile offert à deux souverains polonais détrônés, dont l’un meurt à Paris et l’autre en Lorraine, marquent les étapes d’un rapprochement, qui va être l’occasion de découvertes réciproques et d’échanges culturels, diplomates, courtisans, artistes prenant alors la route de Varsovie, comme plus tard de Paris et de Lorraine.
Le colloque fera le point sur cette série d’événements cruciaux pour les relations franco-polonaises de la première modernité en s’attachant surtout à l’union de Louis XV et de Marie Leszczyńska en septembre 1725, dont le colloque marquera le tricentenaire, ainsi qu’aux trois autres mariages dynastiques qui l’ont précédée, à savoir ceux de Louise-Marie de Gonzague avec Ladislas IV Vasa (1645), puis avec Jean II Casimir (1648), et de Marie-Casimire d’Arquien avec Jean Sobieski (1665). Le colloque sera aussi l’occasion d’étudier l’accueil réservé par Louis XIV au roi Jean II Casimir réfugié à Paris depuis son abdication en 1668, avant son décès et ses funérailles en 1672 en attendant le transfert solennel de sa dépouille à Cracovie.
Une attention toute particulière sera portée aux cérémonies et aux festivités données tant en France qu’en Pologne à l’occasion de ces mariages, ainsi qu’aux rituels funéraires observés pour un monarque déchu devenu abbé de Saint-Germain-des-Prés. Il s’agira de restituer ces fêtes et cérémonies dans leurs dimensions multiples, à l’articulation entre leurs enjeux régionaux, nationaux et internationaux, en mobilisant les sources les plus diverses : les archives de l’événement, les relations et les comptes rendus qui en ont pu circuler en Europe, les dépêches des ambassadeurs étrangers, en résidence dans les cours de France et de Pologne, les correspondances privées et autres témoignages contemporains, mais aussi les gravures, tableaux, médailles, tapisseries, constitués en monuments visuels de célébration, d’affirmation et de légitimation des deux dynasties, ainsi que la littérature produite pour l’occasion : épithalames, éloges divers, etc. Ces sources seront envisagées à la fois comme des traces des événements, dans une démarche de reconstitution ; comme des manières de le produire (et l’on étudiera alors les différentes interprétations qu’elles en proposent) ; comme des manières de mettre à profit les célébrations pour mener des actions singulières (et l’on s’intéressera alors aux parcours de ceux qui produisent ces écrits et ces images) et comme des formes de médiatisation de l’actualité dont il faudra interroger la diffusion et la réception.
Il s’agit de mettre en lumière à la fois les enjeux spécifiques de ces célébrations, à l’échelle régionale, nationale et internationale, et ceux de leur mise en récits ou en images, aussi bien par des ambassadeurs ou des courtisans que par des professionnels des lettres et des arts. On s’interrogera tout particulièrement sur la manière dont ces fêtes et cérémonies ont ouvert des possibilités nouvelles de circulation entre les deux pays, aussi bien pour les courtisans entourant les principaux acteurs que pour les professionnels des lettres et des arts. Enfin, on prêtera attention aux possibles échos et reprises d’une cérémonie à l’autre, à la construction d’un récit de l’amitié franco-polonaise rapprochant ces différents évènements et à la transmission de ce récit jusqu’à aujourd’hui.
Plusieurs axes seront ainsi privilégiés :
La célébration des mariages
Les rituels et les cérémonies mêmes des mariages (signature des contrats, fiançailles, célébrations religieuses, etc.).
L’entourage des princesses et sa participation aux rituels et cérémonies, voire à leur représentation dans des écrits et des images.
Les festivités tant à la cour que dans les rues de la ville (bals, ballets, mascarades, feux d’artifice, feux de joie, etc.).
le « voyage nuptial » des princesses et les haltes jalonnant le parcours (entrées urbaines, réceptions diverses, etc.).
L’inscription des mariages dans le contexte régional et la réception de l’événement par les municipalités et les populations.
La figure des princesses
le statut et la fonction de Louise-Marie de Gonzague, de Marie-Casimire d’Arquien et de Marie Leszczyńska, toutes trois appelées à devenir reines.
les possibilités d’action spécifiques offertes ou saisies par les princesses ou leur entourage (particulièrement féminin) dans le temps du mariage et de ses célébrations.
les étapes et les processus d’intégration des futures reines à leur nouveau pays.
une étude comparée entre la France et la Pologne de ces figures féminines, de leurs trajectoires et de leur fonction dans les stratégies matrimoniales des deux couronnes.
le rôle et la place de d’Anne d’France et de Louise-Marie de Gonzague dans la conclusion de ces alliances.
le rapprochement dans les fêtes, les récits et les images, des trois princesses, au service d’un récit de l’amitié franco-polonaise.
L’accueil à Jean II Casimir
les funérailles à Paris de Jean Casimir, le transfert de sa dépouille et les cérémonies d’inhumation à la cathédrale de Cracovie.
le devenir de l’entourage polonais de Jean Casimir après son arrivée en France
les monuments funéraires érigés à Saint-Germain-des-Prés comme dans la cathédrale Wawel de Cracovie.
la figure de Louis XIV comme monarque secourable.
L’écho national et international des événements
le récit et la lecture des événements par ceux qui en ont été les témoins.
la (re)construction littéraire et artistique des événements.
la manière dont les représentations de fêtes et de cérémonies médiatisent l’actualité internationale : supports, publics…
les échos internationaux des événements. Ceux-ci seront replacés dans leur contexte européen, afin de juger de leur importance dans la géopolitique continentale. Les réactions des différentes cours européennes seront ainsi abordées à travers les correspondances de leurs représentants en France et en Pologne.
le rôle des fêtes et cérémonies dans la construction d’un récit de l’amitié franco-polonaise : sa chronologie, ses enjeux et sa transmission, y compris au-delà du XVIIIe siècle.
Les propositions de communication, d’une taille maximum de 2000 signes et accompagnées d’une présentation biographique d’une demi-page, sont à envoyer avant le 1er août 2024 à m.canova-green at gold.ac.uk et à mroussillon at organge.fr. Elles seront examinées par le comité scientifique du colloque et une réponse sera apportée avant le 1er octobre 2024.
Comité scientifique :
Marie-Claude Canova-Green, Chantal Grell, Philip Mansel, Marine Roussillon, Mathieu da Vinha
[1] Parmi les autres titres de référence, nous signalons tout particulièrement le collectif dirigé par Jarosław Dumanowski, Michel Figeac et Daniel Tollet, France-Pologne. Contacts, échanges culturels et représentations (fin XVIe-fin XIXe siècles), Paris, Champion, 2016, ainsi que les actes de la journée d’étude du 5 mars 2019, Versailles et la Pologne, Académie Polonaise des Sciences – Centre Scientifique à Paris.