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1er fév. 2015, Guyancourt : « L’image contestataire. Les pouvoirs à l’épreuve de la culture visuelle, XIXe-XXIe siècles / The Protest Image. Contesting Powers in Visual Culture »

Argumentaire

De la mise au point de la lithographie en Allemagne en 1796, en passant par l’invention du cinéma en 1895 et l’avènement de la télévision couleur dans les années 1960, jusqu’à la révolution numérique des années 2000, l’époque contemporaine aura été, celle de l’image fixe et animée. Apparue à l’ère de la construction des États-nations, développée à celle des totalitarismes et des affrontements idéologiques cette « civilisation de l’image » intrigue cependant par sa diversité, ses implications et ses enjeux. Si le lien entre image et propagande au service du pouvoir a depuis longtemps été établi, faisant l’objet d’une riche bibliographie, la nature, les formes et les enjeux des images contestataires « aussi omniprésentes soient-elles […] restent peu étudiés par les spécialistes de l’action collective », comme le rappelait récemment Alexandre Dézé [1]. L’omniprésence des images dans nos sociétés interroge sur leur capacité à véhiculer des messages explicitement ou implicitement subversifs, critiquant une certaine forme de pouvoir, ou remettant en cause tel ou tel aspect d’une société. La notion de contestation elle-même fait question par sa flexibilité, selon les époques et les pays, et mérite qu’on prenne en compte plus précisément ses ambiguïtés sémantiques.

Cette journée d’étude entend s’intéresser à l’image comme lieu de contestation du « pouvoir », au sens le plus large. Ainsi nous définirons le pouvoir comme toute personne ou groupe de personnes exerçant une autorité directe ou indirecte sur quelque chose ou quelqu’un, ne limitant pas notre champ d’études au seul pouvoir politique. Nous souhaitons également mettre en regard les formes et les usages des images contestataires produites à travers le monde : loin de confiner notre espace d’étude au monde occidental nous l’élargirons au contraire à d’autres cultures.

On distinguera, en amont de cette journée d’étude, plusieurs types d’images à caractère contestataire : celles capturant ou reproduisant un événement ou une action relevant de la contestation, comme les photographies truquées de la Commune de Paris en 1871, les photographies La jeune fille à la fleur (1967) de Marc Riboud, ou Tiananmen Square (1989) de Jeff Widener ; celles dénonçant un abus de pouvoir comme Le Massacre de la rue Transnonain (1834) de Daumier ; celles montrant une personne ou un groupe de personnes perçues comme des icônes contestataires, c’est le cas par exemple de Gavrilo Princip, Che Guevara, Martin Luther King ou plus récemment des Pussy Riot ; et à l’inverse celles caricaturant les tenants du pouvoir comme dans les dessins humoristiques de Plantu ; celles enfin qu’on pourrait qualifier d’images originales, intrinsèquement contestataires telles que les peintures provocatrices de l’artiste belge Félicien Rops, les graffitis de l’artiste anglais Banksy, les photographies du chinois Liu Boilin, les mouvements cinématographiques comme les Angry Young Men en Grande-Bretagne ou la Vague noire yougoslave, et plus récemment les films du cinéaste iranien Jafar Panahi et de l’Américain Michael Moore, ou encore les posters relayant les actions de mouvements comme ceux de Mai 68 ou d’Occupy Wall Street.

L’étude du processus de patrimonialisation de ces images mérite également d’être abordée :

comment une image contestataire devient-elle oeuvre d’art, objet muséal, au risque de perdre sa force contestataire ? Se pose dès lors la question de la conservation de ces images, dont beaucoup semblent éphémères, de par leur support ou leur mode de diffusion (comme c’est le cas pour les graffitis par exemple). Enfin une image contestataire perd-elle tout son sens lorsqu’elle est récupérée par la culture de masse (via la publicité par exemple) ?

Afin de nous concentrer sur l’étude de l’image en tant que représentation visuelle, nous souhaitons écarter les études inhérentes à l’image comme représentation mentale. À titre non exhaustif, les propositions de communication émanant de doctorants ou jeunes chercheurs portant sur le cinéma (de fiction et documentaire), la photographie, le dessin de presse, la caricature, la gravure, la peinture, les affiches (publicitaires et autres) et la bande dessinée, mais également les graffitis, ou encore les jeux vidéo sont particulièrement bienvenues.

[1] 1 Alexandre DÉZÉ, « Pour une iconographie de la contestation », Cultures et conflits [En ligne], n° 91/92, automne/hiver 2013, mis en ligne le 31 décembre 2013, consulté le 24 novembre 2014. URL : http://conflits.revues.org/18773.

Cette journée d’étude est organisée en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France.
Nous acceptons les communications en français ou en anglais.

Grands axes de la journée

• Formes et usages de l’image contestataire.
• Producteurs et lieux de création.
• Modalités et lieux de diffusion, réception et conservation.

Comité scientifique

Sophie Croisy, Anne-Julie Etter, Sandrine Ferré-Rode, Jean-Charles Geslot, Caroline Moine, Dominique Versavel, Jean-Claude Yon.

Comité d’organisation

Anne-Claire Bondon, Dunja Jelenkovic, Philipp Leu, Flora Ngando.

Stagiaires

Johanna Amar, Maxime Ambrosino.

Calendrier

• Retour des propositions : 1er février 2015.
• Retour aux participants : entre le 1er et le 15 mars 2015.
• Date de la journée d’étude : 13 mai 2015 (UVSQ, site de Guyancourt).

Prière d’envoyer les propositions de communication le 1er février 2015 au plus tard, sous forme d’un résumé de 250 mots environ et d’un curriculum vitae succinct (une page pour l’ensemble), à l’adresse suivante : doctorants.chcsc chez gmail.com.