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20 avril 2025, Évry : La transmission patrimoniale en France et en Italie à travers les testaments entre la fin du Moyen Âge et l’époque moderne

Ces journées d’étude sont centrées autour d’une source – le testament – qui a connu un regain d’intérêt récent, après les travaux pionniers de J. Chiffoleau, M.-T. Lorcin, M. Vovelle et P. Chaunu dans les années 1970-1980. Cet engouement s’explique certainement, en premier lieu, par l’émotion que suscite le testament : on y découvre l’individu derrière l’expression de ses dernières volontés, qu’il s’agisse de princes ou de ceux qui habituellement ne prennent pas la parole, comme les femmes ou les plus humbles, qui n’ont laissé d’autres traces que cet acte notarié.

La renaissance de la pratique testamentaire à partir du XIIe siècle, favorisée par l’Église, s’explique par la possibilité de prendre des dispositions concernant son âme (comme son corps) et ses possessions. Le testament est indispensable afin d’utiliser ses biens terrestres pour s’assurer le salut éternel, mais également pour choisir légataires et héritiers indépendamment des lois sur la succession. Mourir intestat empêcherait d’exprimer des choix (‘Nolens intestatus decedere’ 1983 ; ‘Volens in testamento vivere’ 2016).

En Italie, l’abondance documentaire est telle que les chercheurs sont contraints de délimiter le sujet par le choix d’une catégorie professionnelle ou sociale, d’un genre ou d’une période précise, notamment la Grande Peste. En France, la rareté rend la source précieuse. Les choix sont conditionnés par des archives dont l’abondance varie nettement selon les aires géographiques : le Midi, terre romanisée où la tradition de l’écrit est ancienne comme en Italie, contraste par exemple avec Paris, où les testaments sont plus rares en raison des contraintes que le droit coutumier fait peser sur la succession.

Lors de ces journées, le testament sera appréhendé comme une source en histoire économique et sociale. Est-ce un document privilégié pour étudier la transmission du patrimoine ? Attrayant par son extraordinaire richesse, avec force détails matériels et affectifs, il est pourtant lacunaire par définition : l’intégralité du patrimoine n’apparaît jamais. Combien donnerait-on afin de connaître le « residuum », c’est-à-dire, après les legs, le « reste » dévolu aux héritiers, qui est souvent la part la plus importante du patrimoine et comprend notamment les propriétés immobilières ? Le patrimoine est ici entendu dans le sens le plus large du terme : biens immobiliers et mobiliers. Certes, étymologiquement, le patrimoine est l’« héritage du père », cependant, les testaments permettent d’infléchir cette vision patriarcale grâce à l’importance des testaments féminins (Bezzina, Chabot), choisis pour leur rareté en France (Chaigne 2006) ou leur abondance en Italie (Masè 2018). S’expriment des personnages politiques d’envergure, princesses et reines en France (Gaude-Ferragu 2022) ou membres de l’élite aristocratique et patricienne en Italie (Casella, Galasso), les citoyennes et les artisanes (Bellavitis 2008), jusqu’aux plus humbles servantes ou esclaves affranchies. Cet intérêt historiographique s’explique certainement par le fait que les testaments constituent l’une des rares sources permettant de saisir l’agentivité féminine (Rollo-Koster & Reyerson 2012).

Ces journées seraient à terme l’occasion de faire un double bilan historiographique : d’une part, une comparaison des pratiques testamentaires et du cadre juridique dans lequel elles s’insèrent, entre France et Italie et dans un temps long de la fin du Moyen Âge à l’époque moderne ; d’autre part, une comparaison des approches et méthodes historiennes de part et d’autre des Alpes.

Études de cas et synthèses sur l’un ou l’autre terrain seront donc bienvenues pour dégager des tendances historiques comme historiographiques.

Modalités de soumission
Les propositions de communication prendront la forme d’un résumé (300 mots maximum) et d’un bref CV (1 page maximum), à envoyer aux organisatrices, Federica Masè (MCF Histoire médiévale, Université d’Évry Paris-Saclay/IDHE.S) et Solène Baron (ATER), aux adresses suivantes : federica.mase chez univ-evry.fr et solene.baron chez univ-evry.fr

avant le 20 avril 2025.

Comité d’organisation
Federica Masè, MCF Histoire médiévale (IDHE.S, Université d’Evry Paris-Saclay)
Solène Baron, ATER Histoire médiévale (IDHE.S, Université d’Evry Paris-Saclay)
Bibliographie indicative
 Attilio Bartoli Langeli (dir.), ‘Nolens intestatus decedere’. Il testamento come fonte della storia religiosa e sociale ; atti dell’incontro di studio (Perugia, 3 maggio 1983), Pérouse, Ed. Umbra Coop., 1985.

 Anna Bellavitis, Famille, genre, transmission à Venise au XVIe siècle, Rome, École française de Rome, 2008.

 Denise Bezzina, « Beyond their dowries : women and wealth in medieval and early modern north-central Italy », MEFRM, vol. 130, n°1, 2018.

 Isabelle Chabot, La dette des familles : femmes, lignage et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe siècles, Rome, École française de Rome, 2011.

 Marion Chaigne, « Pour le remède et salut de mon âme… ». Édition et commentaire de trente et un testaments de femmes enregistrés au Parlement de Paris (1394-1420), thèse de l’École des chartes, 2006.

 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au-delà : les hommes, la mort et la religion dans la région d’Avignon à la fin du Moyen Âge (vers 1320-vers 1480), 2e éd., Paris, Albin Michel, 2011.
 Murielle Gaude-Ferragu, Le Trésor des Rois. Sacré et royauté, des rois maudits aux princes de la Renaissance, Paris, Perrin, 2022.

 Martha A. Howell, « Fixing movables : Gifts by Testament in Late Medieval Douai », Past & Present, n° 1, vol. 150, 1996, p. 3-45.

 Francesco Salvestrini, Gian Maria Varanini, Anna Zangarini (dir.), La morte e i suoi riti in Italia tra Medioevo e prima età moderna, Florence, Firenze University Press 2007.

 Christine Barralis, Corinne Marchal et Anne Wagner (dir.), Le testament spirituel du Moyen Âge à l’époque moderne : legs, saluts de l’âme, miroir des vertus chrétiennes, Metz, Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire, 2015.

 Marie-Thérèse Lorcin, Vivre et mourir en Lyonnais à la fin du Moyen Âge, Lyon, Éditions du CNRS, 1981.

 Federica Masè, « Men and Women Preparing for Death in Renaissance Venice (13th-16th Centuries) », dans Mia Korpiola et Anu Lahtinen (dir.), Planning for Death : Wills and Death-related Property Arrangements in Europe, 1200-1600, Brill, 2018.

 Eadem, « Between law and individual choices : practices and strategies for the transmission of earthly goods in the wills of men and women in Renaissance Venice », dans Siglinde Clementi, Margareth Lanzinger, Florian Andretsch et Claudia Rapberger (dir.), Pass on. Generational transfers of wealth from the 16th to the 20th century, Free University of Bozen-Bolzano, octobre 2023, à paraître.

 Eleonora Rava, ‘Volens in testamento vivere’. Testamenti a Pisa, 1240-1320, Rome, ISIME, 2016 (Italia Sacra n. s. 2).

 Joëlle Rollo-Koster et Kathryn Reyerson (dir.), « For the Salvation of My Soul » : Women and Wills in Medieval and Early Modern France, St. Andrews, Centre for French History and Culture of the University of St. Andrews, 2012.


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