20 oct. 2024, Paris : Transfert, goût et consommation. La France et l’Empire Habsbourg à l’époque moderne
Argumentaire
La cour des ducs de Bourgogne a contribué, à partir de son apogée au XVe siècle, à développer une culture de cour européenne. Elle a assuré son rayonnement culturel grâce à son influence, notamment en France et dans les cours des Habsbourg, en particulier dans le domaine des objets d’art et de luxe, et leurs transferts successifs, ainsi que dans le domaine de l’évolution du goût et de la consommation. Une observation comparée de ces développements et processus de transferts, qui dépassent largement la culture de cour au sens strict, sont au cœur de ce colloque organisé à l’Institut historique allemand à Paris.
Ce colloque, qui constitue l’étape finale d’un projet de coopération franco-autrichien consacré aux processus de transferts et d’échange dans une perspective interne aux territoires Habsbourg, entend élargir sa focale pour inclure la France, dans ses relations avec les États Habsbourg. Partant de l’opposition politique franco-habsbourgeoise à l’époque moderne, un regard comparatif permet, d’une part, d’interroger deux sociétés (de cour) concurrentes, dans leurs diverses inscriptions globales, à partir de la culture matérielle et de la consommation. On s’interrogera d’autre part sur les conditions et les possibilités de transfert entre ces deux grandes puissances (et leurs territoires voisins).
Du fait des nombreuses interdépendances entre l’Europe centrale, la péninsule ibérique et les centres de la monarchie des Habsbourg, celle était liée de manière politique, dynastique, économique, religieuse et culturelle, d’une façon unique avec diverses régions européennes et extra-européennes. Elle entretenait des relations très proches avec l’Italie, les Provinces-Unies, et toute une série d’États du Saint Empire, mais aussi avec les Amériques et d’autres colonies, du fait des liens familiaux entretenus avec l’Espagne jusqu’en 1700. Au même moment, ses relations diverses avec la France et l’Empire ottoman, malgré les nombreuses guerres et des rivalités fondamentales, rendaient possible les échanges de biens et la circulation de modes pour le goût.
Ce colloque se penche sur les processus de transfert à l’époque moderne, qui se sont développés entre le XVe et le XVIIIe siècle. La qualité et l’importance des influences réciproques en matière de formes d’expression culturelle, ainsi que les processus de transfert et d’échange qui les sous-tendent, seront analysés à partir de l’exemple du goût et de la consommation.
Les processus de médiation par sélection, appropriation et adaptation peuvent être très bien reconstruits, par exemple à partir du cas du passage de l’objet de luxe au produit de masse, comme le café et les tomates. Cela s’explique, d’une part, par les interdépendances de la monarchie des Habsbourg avec différents territoires et espaces, mais aussi par les comportements de consommation dans un espace structuré de manière centralisée en France. Ce colloque fournira des réponses comparatives à la question du lien entre les transferts, la consommation et le goût entre la monarchie des Habsbourg et la France.
Nous invitons les spécialistes de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales à proposer des communications sur les transferts d’artefacts (au sens large) et les transformations du « goût » et de la « consommation » dans la France moderne ou dans les possessions européennes et extra-européennes des Habsbourg. Les approches directement comparatives sont particulièrement bienvenues. L’attention se portera aussi sur les processus de traduction culturelle dans des contextes suprarégionaux et globaux, afin de reconstruire de manière comparée les processus de décontextualisation puis de recontextualisation.
On se demandera ainsi :
Quand et comment s’est produit le déplacement de la consommation de luxe vers une consommation plus large ?
Quels étaient les points communs et les différences dans les comportements de consommation entre les différentes grandes puissances étudiées, prises dans leurs diverses imbrications globales, et quelles étaient les spécificités de chacune ? Quel a été le rôle de l’héritage bourguignon dans ce contexte ?
La concurrence entre la France et la monarchie des Habsbourg a-t-elle davantage freiné ou, à l’inverse, favorisé les processus de transfert ? Quel fut le rôle de l’axe franco-espagnol des Bourbons au XVIIIe siècle dans ce processus ?
Modalités de contribution
Nous invitons les chercheuses et chercheurs, qui travaillent sur un ou plusieurs des thèmes de recherches esquissés ici, à nous envoyer une proposition de communication (max. 500 signes), à l’adresse suivante : nmay chez dhi-paris.fr.
avant le 20 octobre 2024
Les langues du colloque sont le français, l’allemand et l’anglais.
Modalités de sélection
Les contributions seront sélectionnées sur la base de leur qualité et de leur cohérence avec le thème proposé.
Comité de sélection
Ludolf Pelizaeus (Amiens)
Arno Strohmeyer (Salzbourg)
Eva Seemann (IHA)
Niels F. May (IHA)
Responsables
Ludolf Pelizaeus (Amiens)
Arno Strohmeyer (Salzbourg)
Eva Seemann (IHA)
Niels F. May (IHA)