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25 jan. 2023, Paris : Créatrices dans la cité : penser la ville avec les femmes, de la Cité des Dames aux promenades du matrimoine

Appel à communication pour le colloque « Créatrices dans la cité : penser la ville avec les femmes de la Cité des Dames aux promenades du matrimoine » 12-14 juin 2023, Université Gustave Eiffel, campus Cité Descartes

Date limite d’envoi des propositions : 25 janvier 2023

Comité d’organisation : Hélène Alfaro, Olivier Brossard, Nicole Dufournaud, Philippe Gambette, Carmen Husti, Marie Raulier, Caroline Trotot

Comité scientifique en cours de constitution : Nathalie Grande (Université de Nantes), Claire Hancock (UPEC), Darius Krawczyk (Université de Varsovie), Mathilde Larrère (Université Gustave Eiffel), Béatrice Mousli (Université de Californie du Sud à Los Angeles), Jennifer Scappettone (Université de Chicago).

L’Université Gustave Eiffel mène d’ambitieux programmes de recherche pour contribuer à rendre les villes de demain vivables et durables. Le programme « Cité des Dames, créatrices dans la Cité » propose ainsi, dans le cadre de l’ISITE FUTURE, de réfléchir au rôle des femmes dans la construction des villes et des sociétés urbaines depuis le XVe siècle, afin de compléter nos savoirs et d’ouvrir des pistes pour penser l’avenir, dans une perspective pluridisciplinaire, plurilingue et transnationale.

Notre réflexion est née du double constat de l’invisibilisation de l’histoire des femmes dans l’espace urbain et de la minoration de la place des femmes dans l’histoire de la construction des villes et des sociétés urbaines. Or la faible part symbolique laissée aux femmes dans les inscriptions qui font parler la ville dans ses propres espaces est souvent présentée comme la conséquence d’une absence de contribution à la création et à la transformation des villes, de leur organisation et de leurs espaces. De fait, les obstacles opposés à la participation des femmes à part égale à la construction des villes, de leur organisation et des modes de vie ont été et restent bien réels. Les constats de Virginia Woolf concernant l’exclusion des femmes des lieux urbains de savoir, de culture, de fabrique économique ou de pouvoir ne doivent pas être minorés.

Cependant, les femmes n’ont pas pour autant été passives et de nombreuses études montrent leur part dans tous les secteurs d’activité. Bâtisseuses, fondatrices de ville, ouvrières, activistes politiques ou encore artistes, elles ont joué de nombreux rôles autres que celui de la mère bourgeoise enfermée dans son intérieur ou celui de la prostituée arpentant les lieux publics. Les travaux menés dans le programme « Cité des Dames, créatrices dans la cité » ont ainsi pour vocation de mettre en valeur les contributions des femmes aux transformations des villes sur le plan matériel, politique, social ou culturel ainsi qu’à la manière dont leurs créations permettent de comprendre l’évolution des systèmes urbains voire d’imaginer des transformations à venir. On mettra donc l’accent sur ce que les femmes font aux villes plutôt que sur ce que les villes font aux femmes.

Pour cela on s’intéresse à de nombreuses actions menées par les femmes aussi bien dans la conception des villes que dans leur construction, dans l’évolution des systèmes politiques qui les régissent ou encore dans la vie économique, sociale et culturelle des cités. À ce titre sont considérées comme des créatrices aussi bien des autrices ou des artistes que des femmes engagées en politique par exemple et bien d’autres catégories.

Le prisme de l’agentivité féminine invite ainsi à interroger la fabrique des villes, non seulement en faisant de la place aux femmes, mais plus généralement en faisant de la place à différents modes d’agentivité, dont des modes collectifs. En 2004, Jacqueline Coutras en préface au livre issu du colloque « Femmes et villes » proposait en effet de considérer que bien que « les deux sexes [soient] des acteurs placés dans des positions hiérarchiques et qu’ils interviennent inégalement dans la structuration de la ville et de la vie urbaine », il faudrait désormais considérer que « tous les types d’actions individuelles et d’acteurs construisent la ville et, donc, doivent être considérés également par les professionnels de la gestion urbaine et par ceux de la recherche ».

Il nous semble que les représentations et les créations doivent également être envisagées comme productrices d’effets et non seulement de reflets. En effet, elles permettent d’approcher les villes invisibles qui informent les pratiques citadines. Comme l’a montré Michel de Certeau ; chaque personne abrite en elle une « ville transhumante et métaphorique » qui informe la manière dont elle peut habiter et parcourir les villes réelles. Ainsi explicitant la manière dont la ville est « un miroir concret des normes actualisées de genre », les représentations sont également un facteur de transformations immédiates ou à venir. La « Cité des Dames » inventée par Christine de Pizan est ainsi un miroir de la ville médiévale et une projection idéale qui nous guide encore. Au XVe siècle, considérant que les femmes étaient exclues des livres de savoir, Christine de Pizan choisissait de bâtir une cité refuge pour les femmes remarquables. Dans les illustrations du manuscrit médiéval, elle se représentait doublement, dans le cabinet de travail devant les livres ouverts et truelle à la main bâtissant la forteresse protectrice : la ville métaphorique prenait ainsi forme dans l’illustration concrète, suggérant les pouvoirs des représentations.

Aujourd’hui, les promenades du matrimoine réelles ou virtuelles apparaissent également comme une manière privilégiée de réfléchir dans un cadre dynamique interrogeant les liens entre l’espace et le temps, et permettant de croiser différentes approches pour créer une herméneutique féconde.

Ces représentations nous rappellent que les villes sont d’abord des systèmes humains, ce que l’on nomme en quelque sorte des « cités ». Envisager les villes à travers le prisme des représentations produites par les femmes, des actions faites par les femmes est ainsi avant tout une invitation à penser le palimpseste urbain comme une manière singulière de se saisir d’une histoire collective que nous continuons d’écrire. L’examen de ce qu’Olivier Mongin désigne comme la « condition urbaine », au prisme de la condition féminine, permet d’interroger les liens entre ville et urbanisme, urbanité, citadinité ou citoyenneté, à des époques diverses et dans des lieux divers. Le colloque permettra d’analyser des cas concrets d’actions des femmes dans les villes aussi bien que des œuvres de femmes représentant les villes et la vie urbaine.

Dans la continuité des travaux menés dans le programme « Cité des Dames, créatrices dans la cité », les communications pourront notamment porter sur :

  • les villes, lieux d’inspiration, de création artistique ; l’effet transformant des créations sur les villes ; villes créatives
  • les villes, lieux d’action politique des créatrices et des pionnières
  • les villes, lieux de mémoire, de conservation et de transmission du matrimoine
  • les représentations des lieux urbains dans les œuvres de femmes, ce que les femmes montrent des rapports des femmes avec les villes à travers l’espace et le temps

Les propositions de 2000 signes ou 300 mots maximum, accompagnées d’une courte biobibliographie d’une page maximum, sont à adresser pour le 25 janvier 2023 à l’adresse suivante :

colloque.citedesdames chez u-pem.fr