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26 jan. 2024, Manchester : Histoire intime, des intimités et du sentiment de soi

What does it mean to write “intimate” histories ? Intimacy is a practice of both historical actors and historians, at once a field of experience and a methodological disposition. The rise of global history has birthed a renewed interest in the intimate as a vector of the situated and the individual in the midst of narratives often concerned with depersonalized processes and networks. The intimate does not displace the global or transnational but views these histories from a different vantage point, exploring their significance in the realm of the everyday and the sphere of meaning-making. The body and the material are its central agents, and intimacy has remained entwined with gender, offering scholars a way of asserting the significance of gendered relations and analyses to narratives and scales that may otherwise skirt their importance.

Que signifie écrire une histoire de l’intime ? L’intimité désigne à la fois un espace inscrit dans les relations sociales et traversée par les événements historiques (Vidal-Naquet, 2019), un champ d’expériences et aussi une approche méthodologique. L’essor de l’histoire globale a suscité un regain d’intérêt pour l’intime comme objet d’etude permettant d’enrichir des analyses historiques trop souvent dominées par des processus et à des réseaux dépersonnalisés et désincarnés. L’histoire de l’intime ne supplante pas l’histoire globale ou transnationale, mais les envisage d’un point de vue différent, en croisant les approches et en étant attentive aux sphères du sensible et du quotidien. Les intimités sont des espaces privilégiés pour interroger les relations de genre, de classe et de race offrant aux chercheurs un moyen d’affirmer l’importance de ces liens dans des analyses fines et à différentes échelles. Le terme "intime" suggère quelque chose de caché et souvent de secret, mais l’intime ne relève pas simplement de la sphère privée. Les règles d’exposition de soi/de respectabilité intime mobilisent un ensemble de normes traversées par des relations de pouvoir en terme de genre, de classe sociale, de race, d’âge, etc.. Penser l’intimité invite donc à mieux comprendre les déplacements de frontières entre le privé et le public, la fabrication des normes, leurs intériorisations et leurs transgressions. Penser l’intimité invite aussi à considérer les évolutions du rapport à soi, des résistances au collectif et des contre-hégémonies.

En tant que catégorie d’analyse et champ historiographique, l’intimité est riche de promesses et d’écueils. Comme l’a fait remarquer Lauren Berlant, l’intimité attire dans la mesure où elle semble réelle (parce qu’individuelle, immédiate et émotionnelle) par contraste avec les institutions construites de la vie collective. Fondé sur la valorisation (implicite) de l’individu et de l’expérience, cet objet d’étude peut mener à un excès d’empirisme et à des approches téléologiques à éviter. En tant que telles, les enquêtes sur les dimensions de l’intime exigent une réflexion sur l’objectif et le sujet de la recherche, sur les frontières entre le visible et l’invisible, sur la politique et le potentiel de l’histoire critique, sur la nature de nos hypothèses (encore ancrées) sur l’autonomie de la subjectivité individuelle, et sur la portée disciplinaire de la rénovation épistémologique.

Nous invitons des communications dans tous les domaines de l’histoire française et de l’histoire du monde francophone, mais nous accueillerons plus particulièrement les communications qui traitent des intimités et du sentiment de soi en tant qu’expérience historique, objet d’étude et categorie d’analyse.

Les sujets potentiels pourront inclure

  • La biographie et l’écriture autobiographique dans la recherche historique
  • Histoires de la vie privée dans des contextes globaux et transnationaux
  • Sources de l’écriture du moi et "archives" de l’intime
  • Histoires des sens
  • Le local, le micro et l’étude de cas comme méthode historique
  • L’intimité dans ses dimensions juridiques
  • Histoires familiales
  • Histoires de l’enfance et de la jeunesse
  • Histoires du corps (y compris l’histoire de la race, du genre et du handicap)
  • Histoires de la sexualité (relations intimes entre personnes de même sexe, adultère, travail du sexe...)
  • Histoires des émotions (amour, désir, deuil...)
  • Histoire des sensibilités
  • Histoires des espaces intimes (la chambre à coucher, le confessionnal...) et échelles de l’expérience historique
  • Intimité et vie économique

Modalités de contribution
Nous invitons les chercheurs à tous les stades de leur carrière, mais plus particulièrement les chercheurs en début de carrière, à soumettre leurs contributions. Les communications en anglais ou en français devraient durer 20 minutes. Veuillez envoyer un résumé de 300 mots et une brève biographie de 50 à 100 mots à ssfhmanchester chez gmail.com en français ou en anglais avant la date limite du 26 janvier 2024.

Comité scientifique
Jean-Marc Dreyfus, University of Manchester
Laure Humbert, University of Manchester
Stuart Jones, University of Manchester
Chris Millington, Manchester Metropolitan University
Bertrand Taithe, University of Manchester
Alexia Yates, University of Manchester