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31 déc. 2025, Lyon : Choisir son camp. Réseaux, pouvoirs et engagement nobiliaire (XVe-XVIIIe siècle)

Choisir son camp, pour un noble du royaume de France entre le XVe et le XVIIIe siècle, relève moins d’un choix individuel que d’un positionnement dans un tissu relationnel dense et structuré. L’engagement politique repose sur la capacité à activer, à mobiliser ou à maintenir des liens familiaux, clientélaires, militaires, judiciaires ou économiques. Ces réseaux conditionnent l’accès à l’information, à la protection et au crédit social, tout en donnant sens à l’action politique dans un monde où honneur, loyauté et réciprocité constituent des valeurs fondamentales. L’approche par la sociologie des réseaux permet ainsi de comprendre les mécanismes de l’engagement nobiliaire dans des contextes de guerres civiles et de crises politiques.

Trois grands axes structurent cette réflexion. Le premier concerne les motivations et les justifications de l’engagement. Servir le roi, s’opposer à lui ou rejoindre une rébellion dépend d’un ensemble de facteurs imbriqués : la fidélité aux patrons et aux clientèles, les sensibilités confessionnelles, les calculs stratégiques et l’adhésion idéologique. L’engagement peut être justifié dans des discours politiques ou militaires, à travers des lettres, des tracts, des pamphlets ou des manifestes, qui reflètent la conception du pouvoir royal et du rôle de la noblesse dans l’ordre social. L’engagement militaire apparait aussi comme un instrument de distinction et d’influence, permettant aux nobles d’accroître leur pouvoir local et de négocier avec les élites urbaines. Parallèlement, la sémiotique des gestes, des rituels ou des postures renforce le sens politique des choix d’alignement.

Le deuxième axe porte sur la mobilisation par les réseaux nobiliaires. En période de troubles, les nobles doivent mobiliser l’ensemble de leurs ressources relationnelles pour obtenir soutien militaire, matériel et idéologique. L’analyse de la structure des réseaux montre que les liens – parenté, amitié, fidélité clientélaire, alliances matrimoniales – peuvent résister aux tensions ou se recomposer. Ces réseaux donnent naissance à des coalitions et peuvent se structurer en partis plus ou moins stables, autour d’un chef ou d’un noyau idéologique fort, mais aussi rester mouvants et opportunistes. Les réseaux définissent les logiques d’inclusion et d’exclusion, les mécanismes de reconnaissance mutuelle et la capacité de mobilisation en ressources. Ils servent enfin à mesurer l’efficacité de l’action politique et militaire de la noblesse, de l’échelle locale au cadre national, tout en participant à la mise en scène et à l’entretien de l’image des grands nobles.

Le troisième axe explore les dimensions économiques et géographiques. Les guerres civiles peuvent offrir des opportunités d’expansion foncière, mais aussi entraîner pertes et fragilisation de l’autorité seigneuriale. La gestion des terres, des revenus et des ressources conditionne l’implication militaire et politique. Les conflits redessinent ainsi les stratégies patrimoniales et d’alliance, obligeant les nobles à arbitrer entre la préservation de leurs domaines et leur participation aux combats. L’étude des ancrages géographiques permet de comprendre comment l’espace façonne les engagements : autour d’un château, d’une seigneurie, d’une ville ou d’une place forte, mais aussi dans des pôles d’influence régionaux. L’analyse peut ici s’appuyer sur l’étude de cas concrets, en partant d’un noble ou d’une lignée pour cartographier ses réseaux d’allégeance, ses possessions foncières, ses déplacements et ses initiatives militaires. L’usage de la cartographie historique permet ainsi de visualiser les périmètres d’action et de mettre en évidence des zones de densité stratégique, telles que les garnisons, les villes fortifiées ou les routes commerciales. Par cette approche, il s’agira de mieux comprendre comment l’espace façonne les engagements, et réciproquement, comment l’engagement transforme les territoires nobiliaires.

Modalités de contribution
La journée d’étude se tiendra le 26 juin 2026 à l’université Jean Moulin Lyon III.

Il est prévu que les communications durent 20 minutes environ, suivies d’une discussion de 10 minutes.

Les propositions d’une page maximum (titre et résumé, notice biographique) sont à adresser à Graziella Gentet (graziellagentet chez gmail.com),

avant le 31 décembre 2025.

Comité de sélection

Pierre-Jean Souriac, maître de conférences à l’université Jean Moulin Lyon III
Graziella Gentet, docteure en histoire moderne, chercheure associée au LARHRA
Bibliographie indicative
Boltanski, Ariane, Hugon, Alain (dir.), Les noblesses normandes (XVIᵉ-XIXᵉ siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011.

Brogini, Anne, Butaud, Germain, « Introduction. Noblesses et ordres militaires. Réseaux, familles, pouvoirs. », Cahiers de la Méditerranée, n°104, 2022, p. 9-15.

Constant, Jean-Marie (dir.), La noblesse en liberté : XVIᵉ-XVIIᵉ siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004.

Duma, Jean (dir.), Histoires de nobles et de bourgeois. Individu, groupes, réseaux en France (XVIe-XVIIIe siècles), Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2011.

Haddad, Élie, D’une noblesse l’autre : France, XVIe-XVIIIe siècle, Seyssel, Champ Vallon, 2024.

Lemercier, Claire, « Analyse de réseaux et histoire. », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n°52-2, 2005, p. 88-112.

Le Roux, Nicolas, Wrede, Martin (dir.), Noblesse oblige. Identités et engagements aristocratiques à l’époque moderne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.

Nassiet, Michel. « Réseaux de parenté et types d’alliance dans la noblesse à l’époque moderne. », Annales de démographie historique, 1995, p. 105-123.


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