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9-10 oct. 2014, Grenoble : La civilité épistolaire sous l’Ancien Régime

Colloque organisé par Cécile Lignereux (Université Stendhal-Grenoble 3) dans le cadre de l’EA 3017 RARE « Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution »

Il paraît temps de constituer en objet de recherche les pratiques langagières typiques de la civilité observée dans les lettres. D’une part, alors qu’elle a souvent occasionné des analyses ponctuelles, celle-ci n’a pas encore fait l’objet d’une réflexion d’ensemble. D’autre part, le considérable renouveau des études sur les pratiques épistolaires permet d’aborder les correspondances autrement que par le biais de lectures biographiques.

À trop réduire l’écriture épistolaire à l’expression du for privé, à trop pratiquer un mode de lecture psychologisant, à trop négliger les moyens textuels assurant la mise en discours de l’affectivité, de nombreuses enquêtes ont eu tendance à occulter les habitudes socio-discursives éminemment codifiées que mobilisent les épistoliers d’Ancien Régime – se privant ainsi du moyen d’apprécier la représentativité des formes signifiantes engagées dans l’échange épistolaire, c’est-à-dire d’estimer à leur juste mesure la valeur et l’impact des modèles discursifs sollicités. La confrontation des correspondances aux consignes des traités de savoir-vivre en général et des manuels épistolographiques en particulier permet justement d’éviter de surestimer la singularité de situations et de pratiques discursives aussi courantes que ritualisées. C’est ainsi, par exemple, que la connaissance non seulement des usages de la sociabilité mais encore des modèles axiologiques qui sous-tendent une nomenclature des émotions socio-culturellement déterminée permet de restituer leur juste portée à des séquences épistolaires dont le conditionnement topique a longtemps été minoré – les protestations d’amitié, les promesses d’assiduité, les assurances de reconnaissance, les témoignages de condoléance et de congratulation ou encore les offres de service faisant partie d’une praxis épistolaire dûment polie par la civilisation des mœurs.

Les objectifs de ce colloque sont donc d’identifier les dispositifs qui caractérisent les pratiques réglées de la bienséance épistolaire ; de mesurer l’influence des routines socio-discursives préexistantes sur des liens intersubjectifs en contextes singuliers ; d’éclairer le fonctionnement de configurations discursives par les normes d’expression qu’elles réinvestissent. Dans cette perspective, trois types d’approches sont appelés à se compléter :

 l’anthropologie culturelle, afin d’étudier la régulation normative des pratiques épistolaires, la prégnance du modèle conversationnel, la gestion de formes tributaires de l’art de plaire galant, l’évolution des sensibilités en matière de conventions et de rituels
 la stylistique pragmatique, afin d’analyser les procédures mises en œuvre par les partenaires de l’interaction épistolaire pour préserver l’équilibre et l’harmonie de la relation interpersonnelle, et ainsi d’inventorier, au plus près des phénomènes linguistiques, les stratégies de politesse constitutives du travail de figuration épistolaire ;
 la rhétorique, afin de caractériser les techniques et les dispositifs propres aux logiques discursives qui président aux effets de lecture, ce qui implique d’établir au préalable les descriptifs rhétoriques des sous-genres de discours épistolaires repérés – ces descriptifs fournissant des grilles de lecture aptes à mettre au jour les procédés textuels utilisés.

Comité scientifique : Delphine Denis (Paris-Sorbonne), Francis Goyet (Stendhal-Grenoble 3) Anna Jaubert (Nice-Sophia Antipolis), Claude La Charité (Université du Québec à Rimouski), Cécile Lignereux (Stendhal-Grenoble 3), Christine Noille (Stendhal-Grenoble 3).

Contact : cecilelignereux chez yahoo.fr