2 oct. 2021 - 13 fév. 2022, Versailles : Les animaux du roi
L’exposition s’attache à décrire le lien qu’entretenait la Cour de Versailles avec les animaux, qu’ils soient dit "de compagnie" (chiens, chats, oiseaux notamment), exotiques ou "sauvages". Le château de Versailles, sous le règne de Louis XIV, ne peut s’étudier sans la Ménagerie royale, que le Roi Soleil fait aménager à proximité du Grand Canal. S’y côtoient les animaux les plus rares et les plus exotiques - du coati au couagga, du casoar à la grue couronnée (surnommé "l’oiseau royal") - formant une extraordinaire collection dont le roi ne cesse de s’enorgueillir. Les animaux de la Ménagerie constituent d’ailleurs une formidable inspiration pour les artistes de l’époque ; ils serviront à Claude Perrault pour son Histoire naturelle, mais aussi aux dissections menées dans le cadre de l’Académie royale des Sciences, puis aux naturalisations menées pour Louis XV et Louis XVI. À l’animal collectionné et étudié se mêle la symbolique animale dans la représentation du pouvoir : l’exposition décrit en effet le lien entre la fabrique du pouvoir à Versailles - et ce dès la construction même du château à l’emplacement d’un ancien relais de chasse de Louis XIII - et la symbolique animale.
Une place est accordée, dans l’exposition, à la pratique quotidienne de la chasse : activité du roi de guerre en temps de paix, la chasse est perçue comme un entraînement et une manifestation de puissance. Cette pratique trouve à ce titre une place de choix dans l’iconographie royale.
L’exposition a pour ambition de faire revivre ce bestiaire de Versailles, et de faire redécouvrir les hauts lieux de la vie animale du domaine. En effet, la nature symbolique et politique de l’animal se lit aussi dans les décors mêmes du château. Sa nature symbolique, notamment inspirée des histoires naturelles antiques et médiévales, revêt à Versailles une dimension nouvelle, employée à grande échelle.
Aux décors intérieurs de la Ménagerie aujourd’hui disparue - notamment ceux peints par Nicasius Bernaerts - s’ajoutent les célèbres sculptures des jardins, comme celles du Bassin de Latone ou du bosquet du Labyrinthe. Ce dernier, aujourd’hui disparu, était à ce titre constitué de pas moins de 300 animaux de plomb, réunis autour d’une mise en scène de la Fable antique d’Esope, traduisant une vision du monde où l’animal est chargé d’exprimer un discours politique, souvent moralisateur, toujours pédagogique. L’exposition présentera à ce titre trente-sept sculptures rescapées de ce bosquet disparu.
Les animaux eux-mêmes reviendront en foule à Versailles, car ils n’ont pas disparu sans laisser de traces : les meilleurs peintres du Roi, de Bernaerts, Boel et Le Brun à Desportes et Oudry, nombreux sont les artistes ayant réalisé des portraits de ces animaux exotiques, sauvages et familiers. Au-delà des peintures, on découvrira des portraits tissés à la Manufacture des Gobelins, mais aussi des animaux disséqués, gravés, puis naturalisés à l’Académie des Sciences et au Jardin du Roi, aujourd’hui Muséum national d’Histoire naturelle. On découvrira ainsi l’éléphante naturalisée de Louis XV, offerte par Napoléon au Muséum de Pavie, mais aussi le squelette du premier éléphant de Versailles, une éléphante offerte à Louis XIV par le roi du Portugal, et qui vécu treize années à Versailles.
L’exposition s’attardera sur la place et le rôle de l’animal de compagnie à la Cour, de la famille royale aux courtisans. Partout présents, les animaux de compagnie emplissaient et animaient les appartements royaux, agrémentant le quotidien des enfants et des adultes, comme le montrent de nombreux portraits. On note que parmi les souverains, nombreux sont ceux qui ont choisi de s’entourer de leurs animaux de prédilection, comme Marie Lesczcynska, épouse de Louis XV.
Cette attention de la cour pour le monde animal a permis l’émergence d’une sensibilité animale, à l’opposé de l’idée des animaux-machines propres à la théorie cartésienne, un engouement notamment porté par Madame Palatine et, plus tard, par Madame de Pompadour.
Exposition organisée avec la collaboration exceptionnelle du musée du Louvre.
Commissariat d’exposition : Alexandre Maral, conservateur général, chef du département des sculptures au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Nicolas Milovanovic, conservateur en chef au département des peintures du musée du Louvre
Scénographie : Guicciardini&Magni Architetti
Eclairage : Lionel Coutou
Lieu : Château de Versailles, Versailles