20 mars - 17 juin 2024, Paris : Revoir Van Eyck. La Vierge du chancelier Rolin
Pour partager avec le public l’événement que représente cette restauration historique (l’œuvre n’avait jamais été restaurée depuis son entrée au Louvre en 1800), le musée a décidé de consacrer la première des expositions – dossiers à se tenir dans la salle de la Chapelle depuis 2014 au chef-d’œuvre de Jan Van Eyck : Le Chancelier Rolin en prière devant la Vierge et l’Enfant, dit aussi La Vierge du chancelier Rolin. La restauration, qui a notamment permis d’alléger les couches de vernis oxydé qui assombrissaient la peinture, offre une redécouverte spectaculaire du tableau.
Cette opération s’inscrit dans l’élan actuel d’études des œuvres de Van Eyck, d’abord lancé par la restauration du retable de l’Agneau mystique à Gand. Depuis près de dix ans, en effet, ces dialogues internationaux et interdisciplinaires renouvellent fortement les questions des spécialistes. À son tour, le Louvre entend faire découvrir au public combien les études menées au Centre de recherche et de restauration des musées de France et la restauration elle-même interrogent ce que l’on pensait savoir de cette œuvre, longtemps appelée La Vierge d’Autun.
Cette peinture majeure de l’art occidental, aujourd’hui étonnamment méconnue, peut sembler difficile à comprendre. C’est pourquoi l’exposition sera guidée par des questions, qui sont autant d’étapes du regard sur le tableau : pour quel(s) usage(s) Van Eyck a-t-il conçu cette œuvre si spéciale, à l’intention du chancelier Nicolas Rolin ? Pourquoi a-t-il peint à l’arrière-plan un paysage tellement miniaturisé qu’il en est presque invisible ? Comment comprendre les deux petits personnages du jardin ? Quels dialogues l’œuvre entretient-elle à la fois avec l’art de l’enluminure et les bas-reliefs funéraires sculptés ? Peut-on savoir comment les artistes du 15e siècle ont compris cette œuvre ? La Vierge Rolin cristallise en un sens les tensions qui traversent l’art flamand dans le premier tiers du 15e siècle, entre tradition médiévale et expérimentations révolutionnaires.
L’exploration de La Vierge du chancelier Rolin sera enrichie par son rapprochement avec d’autres œuvres de Van Eyck, mais aussi de Roger Van der Weyden, Robert Campin et des grands enlumineurs de l’époque. Une soixantaine de panneaux peints, manuscrits, dessins, bas-reliefs sculptés et objets orfévrés seront exceptionnellement réunis, grâce au soutien de nombreux musées et institutions en France et à l’étranger comme le Städel Museum de Francfort (qui prête pour la première fois la Vierge de Lucques), la Gemäldegalerie de Berlin, la Bibliothèque royale de Bruxelles, la Morgan Library and Museum de New York ou encore le Museum of Fine Arts de Philadelphie.
Commissaires : Sophie Caron, conservatrice au département des Peintures, musée du Louvre