Le remeublement du château de Versailles au XXe siècle, entre action scientifique et manœuvres politiques
Fabien Oppermann
Oppermann, Fabien. Le remeublement du château de Versailles au XXe siècle, entre action scientifique et manoeuvres politiques. Bibliothèque de l’école des chartes. 2012, tome 170, livraison 1. Versailles. De la résidence au musée Espaces, usages, institutions XVIIe-XXe siècle Études et documents réunis par Fabien Oppermann, sous la direction de Fabien Oppermann, p. 209-232.
Extrait de l’article
Lorsque Pierre de Nolhac est nommé, en 1892, à la tête du musée de Versailles, l’ancienne demeure royale est marquée par l’idéologie de la monarchie de Juillet, qui a consacré le château à toutes les gloires du royaume en y installant le musée de l’Histoire de France. Le bâtiment n’offre au visiteur qu’une évocation lointaine de son aspect d’avant la Révolution, les appartements étant généralement vides ; seules les toiles du musée, commandées par Louis-Philippe, offrent au public une attraction programmée. Conscients à la fois des limites de la qualité des œuvres présentées et du potentiel historique et artistique représenté par le château, Pierre de Nolhac et, à sa suite, ses successeurs André Pératé et Gaston Brière entreprennent, dès la première moitié du XXe siècle, de restreindre la présence du musée au profit du monument. Durant plusieurs décennies, l’action des conservateurs se tourne vers la restitution d’états anciens, en vue de laquelle Nolhac et ses disciples engagent les premières études scientifiques détaillées sur l’histoire du château et de ses habitants. D’importants travaux d’inventaire sont aussi menés pour connaître les collections du musée. Le remeublement du château de Versailles est au cœur de la restitution voulue par les conservateurs. Œuvre de longue haleine, riche en polémiques, c’est l’une des entreprises les plus ambitieuses et les plus médiatisées qui aient été menées à Versailles.