Ambroise Paré. Le premier chirurgien du royaume
Berger Elena
E. Berger. Ambroise Paré. Le premier chirurgien du royaume, Saint-Pétersbourg, Nauka 2023, 297 p.
Le livre présente une personnage remarquable dans le cadre professionnel, confessionnel et politique. Il ne s’agit pas d’une pas une étude biographique, mais plutôt une tentative de montrer comment les problèmes les plus significatifs de l’époque se reflètent et se réfractent dans ce destin particulier.
Le nom d’Ambroise Paré (1510-1590) est bien connu dans l’histoire de la médecine comme le "père de la chirurgie moderne". En effet, il a ouvert les nouveaux domaines de la chirurgie (le traitement des blessures par balle, les infections post-plaies et les interventions obstétricales). Mais les écrits de Paré n’explorent pas seulement le traitement des plaies, mais aussi une multitude d’autres problèmes médicaux, de l’empoisonnement aux causes des pathologies congénitales. Cet élargissement des frontiers professionnelles a apporté une nouvelle attitude à l’égard de la chirurgie et des chirurgiens. Ainsi, Paré insiste sur le fait que sa profession est une branche égale de la médecine malgré le fait que la chirurgie était divisée entre les guildes et les écoles, parfois intégrée aux barbiers, et non aux thérapeutes, n’étant pas enseignée dans les universités.
Cette revendication a coïncidé avec le déclin du latin comme lingua franca européenne pour les échanges scientifiques, et l’émergence progressive des langues vernaculaires comme moyen de communication différent et moins contrôlé. Pare a publié ses traités en français, ce qui a contribué à élever le statut de sa profession en France. D’une part, cette vernacularisation a facilité la diffusion du savoir, désormais accessibles à des praticiens sans formation universitaire; d’autre part, elle a limité l’audience de tel ou tel texte à un seul pays.
Ambroise Paré peut servir un exemple qui éclaire la médecine du XVIe siècle et son potentiel en tant que science. L’auteur examine les circonstances des découvertes, l’ampleur réelle de leur application pratique et leur destinée, ce qui ouvre de nouvelles voies de recherche sur le phénomène de l’innovation technologique à la Renaissance.