Charles d’Orléans
C. Galderisi
Galderisi, C. : Charles d’Orléans , Brepols, 176 p., 170 x 240 mm, 2012, ISBN : 978-88-86609-53-1, Languages : French, Paperback Retail price : EUR 51,89
La fortune critique du Prince-poète semble connaître depuis une soixantaine d’années un succès inversement proportionnel au nombre de ses lecteurs. Au total, ce sont environ six cents travaux, dont une centaine d’ouvrages et de thèses, qui ont été consacrés par la recherche universitaire à Charles d’Orléans. Peu, très peu, dira-t-on, lorsqu’on pense à la dizaine de milliers d’articles et de livres qu’en un siècle la critique a accumulés sur Maupassant ; assez, lorsqu’on les compare aux travaux portant sur un La Bruyère ; beaucoup, lorsqu’on les mets en regard de ceux réservés à la plupart des auteurs et des oeuvres du Moyen Âge français. Mais cet intérêt est en partie aussi le résultat d’une erreur de perspective. Charles d’Orléans est certes juste après quelques grands classiques des lettres médiévales un des auteurs médiévaux les plus étudiés, mais les vicissitudes du Prince, ses vingt-cinq années de captivité, sa figure mélancolique et à certains égards si moderne, malgré son statut princier, y sont pour beaucoup. Or, s’il est évident que la vie et l’oeuvre de Charles d’Orléans ne font qu’un seul espace-temps, celui de la Forêt de Longue Attente, son langage poétique, sa communion lyrique avec le lecteur, son goût des mots semblent aller bien au-delà des circonstances historiques qui ont surdéterminé ses vers et parfois égaré les critique. On ne peut pas imaginer une autre poésie aurélienne que celle que sa vie lui a pour ainsi dire offerte ; mais on peut reconnaître les talents du poète par-delà la vraie histoire du Prince, fût-elle « de larmes toute enluminée ». S’il faut s’attendre après la récente effervescence critique à un retour à cette "paix" que le Prince aimait par-dessus tout, il est certain que les deux éditions publiées en 2010 offrent au Livre de Pensée une nouvelle vie, et qu’elles permettent déjà de relire différemment l’album poétique de celui qui se nommait l’Écolier de Mélancolie.